Economie
L'Asie du Sud dans la presse

Inde : les inégalités criantes entre riches et pauvres face à la démonétisation

En Inde, des militants d'extrême-gauche, manifestent contre l'opération de démonétisation des billets de 500 et 1000 roupies contre l'argent noir, menée par le Premier ministre Narendra Modi, ici à Calcutta le 14 novembre 2016.
En Inde, des militants d'extrême-gauche, manifestent contre l'opération de démonétisation des billets de 500 et 1000 roupies contre l'argent noir, menée par le Premier ministre Narendra Modi, ici à Calcutta le 14 novembre 2016. (Crédits : AFP PHOTO / Dibyangshu SARKAR)
Qui fait véritablement les frais de la lutte anti-corruption en Inde ? Alors que la démonétisation des billets de 500 et 1 000 roupies ordonnée du jour au lendemain par Narendra Modi doit permettre de « lutter contre la fraude fiscale et l’argent sale », il semblerait que les petites gens souffrent bien plus de l’opération que les riches Indiens.
47 morts. C’est le bilan déplorable de la démonétisation surprise déclenchée mardi 8 novembre par New Delhi – parmi lesquels accidents, meurtres et suicides. Soit 5 décès par jour liés à l’opération, déplore Firstpost. Le site indien s’indigne d’autant plus que le gouvernement reste muet. Le ministre du Développement urbain, Venkaiah Naidu, se contente d’évoquer « des souffrances temporaires pour des gains à long terme ». Le média en ligne rétorque : « Qu’il aille le dire aux familles des personnes décédées dans les files d’attente pour retirer de l’argent ! »
Dans un autre article, Firstpost met en regard ce nombre de 47 morts avec celui de 5,5 milliards de roupies (plus de 76 millions d’euros). C’est la somme astronomique dépensée par le politicien du Karnataka et « baron de l’extraction minière », G. Janardhana Reddy, pour le mariage de sa fille, auquel ont assisté des membres du parti nationaliste hindou (BJP) au pouvoir ainsi que des membres du Parti du Congrès (opposition). Une cérémonie somptuaire en pleine opération de démonétisation.
Voilà une parfaite illustration du décalage dans la façon dont « les riches et les pauvres vivent la lutte anti-corruption », déplore le site d’information : « Ces chiffres nous montrent bien à quel point les riches et les puissants ne peuvent pas moins se préoccuper du manque de liquidités, et à quel point les gens ordinaires font office d’agneaux sacrificiels. » Firstpost soupçonne ouvertement G. Janardhana Reddy d’avoir bénéficié de passe-droits pour dépenser une telle somme dans le contexte actuel – ce qui nécessiterait une « enquête minutieuse ».
Le gouvernement est tout de même conscient du grand bouleversement introduit par la démonétisation. Le ministre des Finances Arun Jaitley a ainsi annoncé ce jeudi 17 novembre que 22 500 distributeurs automatiques ont été mis à jour afin de pouvoir délivrer les nouveaux billets de 2 000 roupies, rapporte le Hindustan Times. Initialement, leur nouveau format (taille et poids) n’était pas adapté aux machines, incapables de le distribuer. Mais cette mesure ne concerne que 10 % de l’ensemble des DAB dispersés dans tout le pays.
En outre, des possibilités de retrait plus importantes ont également été accordées aux agriculteurs, aux familles célébrant des mariages et à certaines catégories d’employés, souligne de son côté The Indian Express. Mais toutes ces mesures d’assouplissement ne sauraient faire oublier que les anciens billets de 500 et 1 000 roupies, encore utilisables pour certaines catégories de paiement, seront définitivement obsolètes au 24 novembre…
Par Alexandre Gandil

Les autres faits du jour en Asie du Sud

Pakistan : le Président turc Erdogan est en visite à Islamabad, rapporte Dawn. Dans un autre article, le quotidien note que les écoles suspectées d’être liées au réseau de Fethullah Gülen font leurs valises.

Inde : Donald Trump salue le travail du Premier ministre Narendra Modi, rapporte The Economic Times

Soutenez-nous !

Asialyst est conçu par une équipe composée à 100 % de bénévoles et grâce à un réseau de contributeurs en Asie ou ailleurs, journalistes, experts, universitaires, consultants ou anciens diplomates... Notre seul but : partager la connaissance de l'Asie au plus large public.

Faire un don
A propos de l'auteur