Politique
L'Asie du Sud-Est dans la presse

Thaïlande : début du procès des deux suspects ouïghours de l'attentat d'Erawan

Bilal Mohammad (devant) et Mieraili Yusufu (derrière) vont enfin pouvoir être jugés pour l'attentat de Bangkok du 17 août 2015, dont ils sont les principaux suspects (Source : AP). Copie d'écran du Bangkok Post, le 15 novembre 2016.
Bilal Mohammad (devant) et Mieraili Yusufu (derrière) vont enfin pouvoir être jugés pour l'attentat de Bangkok du 17 août 2015, dont ils sont les principaux suspects (Source : AP). Copie d'écran du Bangkok Post, le 15 novembre 2016.
Après plusieurs mois d’atermoiements, deux traducteurs ont enfin été sélectionnés pour les suspects ouïghours de l’attentat de Bangkok, perpétré le 17 août 2015. Ce jour-là, l’explosion d’une bombe artisanale avait causé la mort de 20 individus et blessé plus de 120 personnes, près du sanctuaire d’Erawan.
Le procès de Yusufu Mieraili, 27 ans, et Bilal Mohammed (également connu sous le nom d’Adem Karadag), 31 ans, peut commencer. En leur attribuant deux traducteurs recommandés par l’ambassade de Chine, la Cour militaire de Bangkok met fin à de longs mois d’attente. Ayant refusé l’octroi d’un traducteur du Congrès mondial ouïgour, le choix de l’instance judiciaire s’était d’abord porté sur un Ouzbek, qui s’est enfui au mois d’août sur fond d’accusation de trafic de drogue. Le mois suivant, les deux suspects s’étaient plaint de mal comprendre leur nouvelle interprète, Ouzbèke également, rappelle le Bangkok Post.
Désormais, Yusufu Mieraili et Bilal Mohammed se désolent d’avoir été flanqués de traducteurs choisis par Pékin. Le premier a ainsi protesté devant la Cour, en anglais : « Je n’ai pas besoin d’un interprète chinois car la Chine ne respecte pas les Ouïghours », rapporte le Staits Times. Pour autant, les juges sont inflexibles : « Nous pensons que les interprètes sont appropriés car ils parlent ouïgour. […] Les suspects sont libres de protester, mais il n’y a pas de raison de repousser le début du procès. »
Les deux hommes, poursuivis pour 10 chefs d’accusation dont « infractions liées aux armes », « intention de tuer » et « immigration illégale », auraient d’ores et déjà avoué leur responsabilité, d’après la police thaïlandaise. Cette dernière y voit une « revanche » face à la répression des réseaux de trafic d’êtres humains, opérée par la junte. De leur côté, les analystes penchent plutôt pour des représailles, suite au renvoi de 109 Ouïghours par la Thaïlande vers la Chine quelques semaines avant l’attentat (voir notre revue de presse du 7 juillet 2015).
L’explosion de la bombe artisanale près du sanctuaire d’Erawan avait tué 20 personnes dont 5 Chinois et 2 Hongkongais. C’est l’attentat le plus meurtrier jamais commis sur le sol thaïlandais. Le procès doit désormais se dérouler jusqu’à fin 2017 voire début 2018, estime le Bureau du procureur général.
Par Alexandre Gandil

Les autres faits du jour en Asie du Sud-Est

Birmanie : les affrontements au Rakhine ont fait 70 morts en un mois, rapporte Channel News Asia.

Indonésie : la police se chargera d’étudier les accusations de « blasphème » portées par des groupes musulmans à l’encontre du gouverneur de Jakarta, Ahok – chrétien et Chinois ethnique – rapporte Tempo. Les tensions inter-religieuses ne s’apaisent pas dans l’archipel, en atteste l’attaque d’une église au cocktail Molotov à l’Est de Bornéo, relève le Jakarta Post.

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