Culture
Le cinéma asiatique vu par East Asia

Japon : entretien avec 5 réalisateurs de "Roman Porno"

Le directeur japonais Sono Sion lors du 70ème festival du film de Venise, le 29 août 2013. (Crédit : TIZIANA FABI / AFP ).
Enseignant universitaire à Tokyo et Paris, spécialiste du cinéma japonais auquel il a consacré plusieurs ouvrages dont Réponses du Cinéma Japonais Contemporain, Stephen Sarrazin a rencontré Sono Sion (AntiPorno), Nakata Hideo (White Lily), Shiota Akihiko (Wet Woman in the Wind), Shiraishi Kazuya (Dawn of the Felines) et Yukisada Isao (Aroused by Gymnopedies) à l’occasion de la conférence de presse organisée par la Nikkatsu pour présenter les cinq Roman Porno de 2016, réalisés afin de célébrer les 45 ans du genre.
Genre méconnu, ne serait-ce que pour le faible pourcentage de titres disponibles en distribution DVD – près d’une centaine – alors que le studio Nikkatsu en a produit plus de 1 100, le Roman Porno célébrait cette année son 45ème anniversaire. Pour l’occasion, le plus ancien des grands studios de cinéma au Japon a fait appel à cinq réalisateurs contemporains pour tourner cinq films d’une durée semblable aux classiques des années 1970, dans les mêmes conditions, soit un tournage d’une semaine avec un budget modeste.
Les cinq cinéastes incarnent des démarches distinctes au sein de la cinématographie japonaise. On retrouve Shiota Akihiko, auteur de Harmful Insect, Canary, mais aussi de grosses productions dont Dororo et récemment récompensé à Locarno pour son Wet Woman in the Wind, hommage au Lovers are Wet de Kumashiro Tatsumi. Shiraishi Kazuya est le plus jeune des cinq avec trois longs-métrages derrière lui, dont Devil’s Path et Twisted Justice, et qui fut auparavant assistant-réalisateur auprès de Wakamatsu Koji. Son film Dawn of the Felines s’inspire d’un des chefs-d’œuvre du Roman Porno, Night of the Felines de Tanaka Noboru.

Yukisada Isao, qui mène une œuvre majeure et singulière, rohmerienne, méconnue hors de l’Asie, rêvait depuis longtemps de se mesurer au genre, mais son Aroused by Gymnopedies ne cherche pas à s’inscrire dans la filiation. Les deux derniers cinéastes comptent parmi les plus célèbres hors du Japon, Sono Sion et Nakata Hideo, le seul à avoir vécu les grandes années du genre aux côtés de Konuma Masaru (Une femme à sacrifier). Sono Sion a réalisé AntiPorno qui annonce d’emblée son programme, et Nakata, White Lily, un récit d’amour lesbien, tourné vers l’œuvre de Konuma.

Lors de la conférence de presse pour annoncer les sorties prochaines, les cinéastes dans leur ensemble affichaient un désir que le public puisse être composé de spectatrices, que le moment était venu pour qu’elles s’approprient les salles où seraient diffusés ces films, à l’exception de Sono Sion, qui avouait être dans un tel état de colère contre l’Etat qu’il ne pensait à aucun public précis en tournant son film. D’autre part, le président de Nikkatsu, Sato Naoki, ne s’est pas penché sur les raisons pour lesquelles aucune réalisatrice ne figurait parmi les cinq cinéastes sollicités…
Nous avons eu droit par contre à une heure en compagnie des cinq réalisateurs afin de revenir sur leurs liens avec le Roman Porno.
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Texte/propos recueillis par Stephen Sarrazin
Traduits du japonais par Emico Kawai

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