Société
Entretien

Michaëlle Jean : « La Francophonie comme pont entre l'Asie et l'Afrique »

Michaëlle Jean, Secrétaire générale de la Francophonie.
Michaëlle Jean, Secrétaire générale de la Francophonie. (Crédits: Cyril Bailleul, OIF)
Et si le salut de la langue française en Asie passait par l’économie ? Michaëlle Jean en est persuadée, elle qui voit dans la francophonie une plateforme d’échanges entre les pays et les continents au sein de l’espace francophone. Au lendemain de sa tournée dans trois pays d’Asie du Sud-Est – Cambodge, Vietnam et Laos -, la Secrétaire générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) a accordé un long entretien à Asialyst. Une occasion de faire le point sur la Francophonie en Asie, et d’aborder les enjeux du XVIème sommet de l’OIF les 26 et 27 novembre prochains à Madagascar.

Contexte

C’est un continent qu’elle a mis en avant lors de sa candidature au poste de Secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie. Elle revient d’une tournée au Cambodge, au Laos et au Vietnam. Elle y retournera l’an prochain pour y tenir une journée de la « Francophonie économique ». Michaëlle Jean est décidément très attachée aux francophones d’Asie, dont le nombre a fondu ces dernières années presque aussi vite que les neiges des monts Hoang Lien au printemps. Selon l’OIF, on comptait en 2014 : 423 000 francophones au Cambodge, 190 000 au Laos, 556 000 en Thaïlande et 654 000 au Vietnam ; autant dire une goutte d’eau parmi les 274 millions de locuteurs du français que compte l’espace francophone.

Sauf que ces chiffres ne disent rien du dynamisme de la région et de son potentiel ; ils ne disent pas non plus son désir d’échanges et d’investissements notamment avec l’Afrique francophone. En Chine par exemple, le nombre de cours de français est en perpétuelle augmentation pour répondre à l’immense besoin de traducteurs de la part des entreprises chinoises en Afrique, mais aussi – et c’est plus nouveau – de la part des voyagistes. Le boom du tourisme et l’explosion du nombre de visiteurs chinois en France, en Belgique ou au Canada requiert en effet la formation de quelques guides se débrouillant en français. Cette reconquête de la Francophonie en Asie voulue par Michaëlle Jean passe par cette « Francophonie économique » qui ne peut pas faire sans la jeunesse de ces pays. Impossible en effet de parler de l’avenir du français dans la région, sans parvenir à intéresser ceux qui l’incarneront demain.

Cette tournée asiatique était une promesse de campagne. Quel bilan faîtes-vous de votre séjour en Asie ?
Michaëlle Jean : Pour moi, c’était effectivement très important d’y revenir. En 2014, j’y avais effectué une première tournée. J’étais alors la seule parmi tous les candidats au poste de Secrétaire général de la Francophonie à évoquer l’importance du portail asiatique et les pays du Mékong qui font partie de l’espace francophone. Je suis donc retourné au Cambodge, au Laos et au Vietnam. Ces Etats étaient très heureux de reparler de cette ambition commune pour la Francophonie économique. De mon côté, j’ai de nouveau été marqué par la jeunesse de ces pays et par un dynamisme entrepreneurial qui vient aussi des femmes. A la veille du XVIème sommet de la Francophonie, c’était important que ces trois capitales assoient leurs engagements.
Comment motiver l’engagement de ces pays asiatiques pour la Francophonie justement ?
Il a d’abord fallu rassembler les acteurs économiques de ces trois pays pour regarder avec eux quelles étaient les filières qu’ils souhaitent renforcer, quelles étaient les compétences et les capacités qu’ils voulaient fortifier et comment on pouvait les accompagner en ce sens. L’idée était de voir aussi sous quel angle ils abordent l’espace francophone. Et sur ce point, on se rend très vite compte que l’économie est l’un des premiers moteurs de la motivation de ces pays pour l’apprentissage du français.
Regardez ce que fait Viettel ! Le géant vietnamien de la téléphonie mobile est très présent en Haïti et au Cameroun.
On avait déjà la « diplomatie économique », qu’est-ce qu’il y a de concret dans ce concept de « francophonie économique » ?
Le fait déjà que cet espace économique de la francophonie préexiste à notre stratégie. Dans cet espace et sur les cinq continents, les échanges sont déjà bien réels. On n’a rien inventé ! On dit juste qu’on dispose de moyens pour intensifier ces échanges. Pour cela, nous voulons renforcer les partenariats et étoffer les maillages entre nos pays. La Francophonie économique passe d’abord par cette exploration des filières, à la fois sur l’offre et la demande. Je pense ici par exemple à l’innovation et aux nouvelles technologies. Regardez ce que fait Viettel dans les pays africains ou dans les Caraïbes par exemple ! Le géant vietnamien de la téléphonie mobile est très présent en Haïti et au Cameroun. Dans ce cas précis comme dans bien d’autres, cette stratégie souvent très agressive est associée aux objectifs de croissance des pays où ils investissent.
Et tout cela se fait en français ?
Tout cela se fait en français évidemment. Ce qui est intéressant encore une fois, c’est que ces investissements se font dans le respect d’un développement durable, un thème qui sera abordé au prochain sommet de la Francophonie à Madagascar. Croissance partagée, développement responsable en association avec les collectivités, tout cela contribue à la stabilité de l’espace francophone. La discussion avec ces trois pays asiatiques est intéressante en ce sens qu’elle va dans le sens d’un développement durable souhaité par la Francophonie. Une croissance qui s’accompagne d’investissements dans le capital humain. Ces investissements réalisés par des pays de la Francophonie dans d’autres pays de la Francophonie peuvent ainsi contribuer aux renforcements des compétences, ainsi qu’à la diffusion d’une éthique du partage des bonnes pratiques et du transfert des connaissances.
En visite au Vietnam, Michaëlle Jean, secrétaire générale de l'Organisation internationale de la Francophonie s'est rendue dans une usine de Viettel, géant local de la téléphonie mobile.
En visite au Vietnam, Michaëlle Jean, secrétaire générale de l'Organisation internationale de la Francophonie s'est rendue dans une usine de VNPT Technology, fabricant local de smartphones. (Crédits : DR)
La Francophonie en Asie peut-elle aider la Francophonie en Afrique ?
C’est tout à fait exact : la Francophonie est moteur de liens et favorise les contacts. A ce titre, elle peut jouer le rôle de plateforme d’échanges entre l’Asie et l’Afrique. Nous déployons en ce moment des incubateurs, des accélérateurs de petites et moyennes entreprises dans des secteurs très précis tels que l’agriculture, les nouvelles technologies, la diversification des cultures avec les plantes à valeur ajoutée. Il y a une très forte demande pour ces produits dans l’espace francophone, que ce soit pour un usage thérapeutique ou cosmétique. Il s’agit là d’un marché de 80 milliards de dollars. Ces plantes sont produites dans des pays de l’océan indien, des pays africains et sur le continent asiatique. Des géants de la cosmétique tels que l’Oréal s’y intéressent de près. Karité, cacao et autres produits naturels sont présents dans de très nombreux produits vendus en grande surface notamment. Quand vous arrivez à Phnom Penh, à Vientiane, à Hanoï et que vous parlez du « moringa », on vous répond que la plante pousse comme du chiendent quasiment partout. L’idée est d’une part de valoriser ces cultures en permettant aux petits producteurs de diversifier les sources de revenus. C’est aussi un moyen d’introduire des labels, d’introduire de la certification et, au final, d’améliorer la production sur des standards de qualité. Nous avons cette expertise dans la Francophonie et croyez-moi, c’est une expertise qui intéresse bon nombre d’agriculteurs, mais aussi de producteurs et de commerçants. La Francophonie dispose de ces moyens parce qu’elle s’appuie sur des réseaux d’expertise qu’elle peut mettre à disposition des pays. Ces échanges et ces transferts se passent ainsi très régulièrement entre le Vietnam et ses partenaires africains pour la culture du riz notamment. En travaillant par filières et en regardant ce qui se fait sur le terrain, on voit comment ces synergies peuvent s’engager dans l’espace francophone.
L’autre concept développé pendant votre tournée asiatique, c’est celui de la « Francophonie de la jeunesse ». Là encore, quels sont les engagements concrets derrière le slogan ?
C’est d’abord une prise de conscience de la réalité du terrain. Nous sommes ici dans des pays de jeunesse et la Francophonie se doit non seulement de miser sur ces jeunes et sur leurs compétences, mais doit aussi les accompagner. Au Vietnam par exemple, nous avons rendu visite à un fabricant local de smartphones. C’est une entreprise qui cherche des partenaires au sein de la Francophonie. Parce que nous connaissons bien le terrain encore une fois, nous avons trouvé pour cette jeune entreprise un partenaire en Afrique.
En Chine, les salaires augmentent et les Chinois proposent des smartphones qui rivalisent avec les modèles produits par les Sud-Coréens et les Américains. Est-ce une porte d’entrée pour les téléphones portables vietnamiens sur le marché africain ?
C’est exactement la carte qu’entend jouer le Vietnam. Mais pour cela, il faut avoir des réseaux et des contacts en Afrique. Et c’est ce que la Francophonie peut offrir à ces jeunes entreprises.
Quelle est la place du français aujourd’hui en Asie ?
Une place encore importante, même si je dois reconnaître qu’il y a un gros effort à faire. Dans le pacte de coopération que l’on revisite avec eux, ces trois pays d’Asie ont compris, dès lors que nous introduisions une stratégie économique pour la Francophonie, que la langue française était devenue un facteur très important pour atterrir sur les marchés, pour négocier et pour commercer. La demande de ces trois Etats a été sur ce plan très clair. Ils veulent que nous revenions en force pour l’enseignement du français et notamment pour parvenir à une meilleure maîtrise du français par les diplomates, ainsi que par les fonctionnaires de l’administration publique. L’idée est aussi de fournir un soutien en matière pédagogique (nouveaux outils et modernisation de la pédagogie) non seulement pour l’enseignement du français, mais aussi pour l’enseignement en français dans certains domaines. On sent donc une vraie volonté de revenir dans l’espace francophone en se disant que nous avons tout intérêt à le faire puisque c’est déjà dans notre patrimoine, puisque c’est déjà présent. Et cela ne va pas à l’encontre de l’apprentissage de l’anglais. Nous nous ne sommes pas là pour mener un combat contre, mais un combat pour. Nous nous battons pour le développement du français.
La secrétaire générale de l'Organisation internationale de la Francophonie en visite au Cambodge.
La secrétaire générale de l'Organisation internationale de la Francophonie en visite au Laos. (Crédits : DR)
« Le nombre de classes bilingues français-vietnamien a été divisé par deux en cinq ans », nous confiait récemment l’écrivain Odon Vallet. Comment rattraper le terrain perdu au Vietnam ?
Il y a effectivement un recul du français au Vietnam. Il y a c’est vrai un retard à combler. Là où je suis optimiste, c’est que nous ne sommes pas les seuls à vouloir rattraper ce retard : les pays asiatiques aussi le réclament. Cette visite nous a permis de revoir la feuille de route de manière très précise avec eux. Nous ne parlons plus simplement d’un pacte linguistique, mais d’un pacte de coopération qui parle de l’importance de se réinvestir dans l’apprentissage de la langue française dans ces trois pays. J’ai senti dans les discussions que nous avons eues avec le secteur académique, avec la société civile et avec les acteurs économiques, qu’il y avait un vrai désir, une vraie appétence et une vraie volonté d’aller dans ce sens. Et avec cela, nous pouvons faire beaucoup.
La Francophonie est née dans le Sud et cet idéal a été porté par des hommes du Sud. Norodom Sihanouk au Cambodge, Hamani Diori au Niger, Léopold Sédar Senghor au Sénégal et Habib Bourgiba en Tunisie.
Au Cambodge, vous avez été vous recueillir sur la tombe d’un grand francophone, le roi Norodom Sihanouk…
C’était formidable de revenir au Cambodge, le jour-même du 4ème anniversaire de la commémoration du décès du roi Norodom Sihanouk. C’était l’occasion pour nous de saluer l’un des pères de la Francophonie. C’était aussi l’occasion de rappeler que la Francophonie est née dans le Sud, que cet idéal avait été porté par des hommes du Sud. C’était Norodom Sihanouk au Cambodge, Hamani Diori au Niger, Léopold Sédar Senghor au Sénégal et Habib Bourgiba en Tunisie. A la fin de la colonisation, ces chefs de nouveaux Etats indépendants ont eu cette vision très claire et très moderne de la nécessité de réengager le rapport des uns aux autres avec cette langue commune, et en se projetant déjà sur un marché commun. Les pays asiatiques savent que cette vision et que cet idéal sont nés dans le Sud, portés par Norodom Sihanouk. C’était très important pour moi de revoir l’actuel roi du Cambodge que j’avais reçu à Québec en 2008, alors qu’il était prince et de rediscuter avec lui de la projection de son pays dans cet espace francophone. Le Cambodge affiche une courbe de croissance de 7,6 %. Il y a là-bas du nerf et de l’audace, avec une jeunesse qui se dit que les possibilités que représente l’espace francophone pour ces projections sont considérables et ne sont pas à sous-estimer. Et il ne s’agit pas simplement de la volonté de ces pays à se projeter, il y a aussi celle d’autres pays à accueillir ces investissements. Cela va évidemment dans les deux sens. L’Afrique est aujourd’hui très intéressée à l’Asie, comme l’Asie s’intéresse à l’Afrique.
Quelle est la place de l’Association des Nations du Sud-Est Asiatique (ASEAN) dans ces nouvelles relations entre les francophones d’Asie et d’Afrique ?
De la même manière que nous avons renforcé notre accord de partenariat avec l’Union Européenne, avec les Nations unies, avec l’Union Africaine, nous nous sommes rapprochés de l’ASEAN. L’ASEAN est intéressée par des partenariats très ciblés, notamment sur le soutien à entrepreneuriat, la professionnalisation des jeunes, la stratégie économique, mais aussi sur les opérations de maintien de la paix. Le Cambodge avec son expertise en déminage, participe actuellement à trois missions des casques bleus dans des pays de l’espace francophone, au Mali, en République centrafricaine et au Liban. Pour ces pays, s’engager dans l’arène internationale, passe donc par cette plus-value qu’est la Francophonie. L’ASEAN et l’OIF peuvent donc très bien s’associer.
Là encore, comment dépasser les bonnes intentions ?
Nous allons revenir en 2017 dans la région avec des événements à dimension économique. Nous allons notamment tenir une de nos journées de la Francophonie économique. On verra quel pays l’accueillera, peut-être le Vietnam, peut-être le Cambodge, peut-être le Laos, et on organisera cet événement en association avec l’ASEAN. Comme vous le voyez, on s’implique aussi dans l’engagement de ces pays à l’international. Quand je vous parle des opérations de maintien de la paix de ces pays, c’est nous qui fournissons les médiateurs et les juristes, c’est nous qui les formons aussi parce que dans une chaîne de commandement militaire, c’est important de parler la même langue. Nous avons un accord en ce sens avec l’Organisation des Nations unies. Mais l’ASEAN est aussi appelée à élargir son espace, à inclure d’autres pays et à devenir une association de l’Asie orientale qui pourrait inclure et la Chine et l’Inde. Or, on sait combien ces deux pays sont très engagés dans des projets d’investissements et de coopération dans les pays de l’espace francophone.
La Secrétaire générale de la Francophonie à la rencontre des jeunes à l'Université royale de Phnom Penh lors de sa visite officielle au Cambodge en octobre 2016. (Crédit : DR)
La Chine a très bien compris que le français est la troisième langue des affaires et que le français est une langue qui compte dans les négociations commerciales.
Vos origines canadiennes comptent-elles dans cet engagement vis-à-vis de la Francophonie en Asie ?
Cela joue probablement un peu, sachant que le Canada fait partie du forum de Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (APEC). Quand j’étais chancelière de l’Université d’Ottawa, le plus grand campus bilingue français-anglais dans le monde, j’étais frappée par l’arrivée chaque année de cohortes d’étudiants chinois. Ces derniers s’inscrivaient par milliers à l’université pour étudier en français. Ils y voyaient un intérêt dans la percée qu’ils essayaient d’effectuer dans les pays d’Afrique subsaharienne francophones. La Chine a très bien compris que le français est la troisième langue des affaires et que le français est une langue qui compte dans les négociations commerciales. Il est très important pour moi dans mon plaidoyer de faire comprendre aux francophones eux-mêmes combien cet espace est convoité.
On dit que les Français ont pour habitude de snober la Francophonie. C’est aussi votre avis ?
Les choses évoluent positivement à mon sens. Pour la première fois cette année par exemple, un secrétaire général de l’OIF a été invité à l’université d’été du MEDEF. C’était important pour nous de montrer aux chefs d’entreprises français qu’avec le français nous parlons la même langue qu’eux, à savoir la langue du commerce, la langue de l’économie. Les dirigeants de PME voient que nous pouvons jouer un rôle de catalyseur, un rôle dans l’amélioration de l’environnement des affaires, et que nous avons donc intérêt à travailler ensemble. J’ai tenu ce même discours auprès des milieux d’affaires en Asie, et ils le comprennent très bien.
Cette Francophonie basée sur les échanges, en sera-t-il aussi question lors du XVIème sommet de la Francophonie à Madagascar ?
En fait, le sommet est totalement dédié à cela, ne serait-ce qu’au travers des thématiques qui y sont développées : « croissance partagée », « développement responsable »… Je suis très contente que Madagascar ait introduit ces thèmes, car on sent bien qu’il y a urgence. Nous avançons sur cette stratégie économique avec beaucoup de pragmatisme. On ne peut pas penser développement responsable, croissance durable sans penser aux conditions essentielles à la stabilité et sans penser à la sécurité. Nous sommes aujourd’hui devant une jeunesse qui n’a jamais été aussi nombreuse dans l’histoire de l’humanité. La plupart des pays de l’espace francophone sont des pays de jeunesse. Ne pas répondre aux besoins urgents des jeunes en termes d’insertion sur le marché du travail est un danger pour le monde. Il nous faut absolument canaliser cette énergie de la jeunesse. Quand nous parlons de développement responsable, cela veut dire aussi cela. Il faut un développement qui soit inclusif et qui tienne compte de ce que les jeunes et les femmes ont à apporter aux économies de nos pays. Toutes les études le démontrent, que ce soit celles menées par le FMI, l’OCDE ou d’autres institutions, investir dans des projets menés par des femmes et des jeunes c’est permettre une croissance plus durable des PIB de nos pays. C’est aussi investir dans l’innovation. J’ai passé ces dix-huit derniers mois à approcher des partenaires privés, des institutions financières. Nous avons fait un état des lieux des filières, des compétences, des capacités. Nous déployons des incubateurs sur douze pays africains pour soutenir l’entrepreneuriat. L’idée est d’amener ces projets vers les pays d’Asie qui le demandent.
Pourquoi un tel sentiment d’urgence ?
Parce qu’il n’y a pas de développement possible sans stabilité. Quand nous regardons la crise migratoire et que nous voyons tous ces jeunes qui fuient leur pays faute de possibilité de s’épanouir ou même d’avoir une vie normale, c’est gravissime. Nous ne pouvons pas rester dans une inaction qui serait coupable. Créer des possibilités d’emplois, soutenir les entreprises des femmes, des jeunes via des dispositifs dont nous avons pu mesurer pleinement l’impact et la viabilité au sein de la Francophonie, voilà à quoi nous devons nous atteler.
La secrétaire générale de l'Organisation internationale de la Francophonie, Michaëlle Jean avec le président du Vietnam, Trần Đại Quang, qui se rendra au XVIème sommet de la Francophonie à Madagascar.
La secrétaire générale de l'Organisation internationale de la Francophonie, Michaëlle Jean avec le président du Vietnam, Trần Đại Quang, qui se rendra au XVIème sommet de la Francophonie à Madagascar. (Crédit : DR)
Aurez-vous de nouvelles têtes asiatiques à ce XVIème sommet ?
Le président du Vietnam fera lui-même le déplacement. Ce sera une première d’autant qu’il viendra avec une importante délégation. Pour le reste, le roi du Maroc a également confirmé sa présence. Ce sera le premier sommet de la Francophonie pour le Premier ministre canadien. Même chose pour les chefs d’Etats du Bénin et de la République centrafricaine. Pour le président du Burkina Faso, ce sera même un retour à l’espace francophone. Je vois ici un désir de s’engager dans cet espace francophone de manière plus affirmée.
Propos recueillis par Stéphane Lagarde

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A propos de l'auteur
Stéphane Lagarde est l'envoyé spécial permanent de Radio France Internationale à Pékin. Co-fondateur d'Asialyst, ancien correspondant en Corée du Sud, il est tombé dans la potion nord-est asiatique il y a une vingtaine d’années.