Rupture américano-philippine, ambitions de Shinzo Abe et opposition pakistanaise
Asie du Sud-Est
Le département d’Etat américain a aussitôt réagi demandant des explications à Rodrigo Duterte, indique The Philippine Star dans un autre article. Ses déclarations sont « de manière inexplicable, contraires à la relation très étroite que nous avons avec le peuple philippin », a déclaré le porte-parole John Kirby, à Washington.
La visite de Duterte à Pékin consacre le réchauffement des relations avec la Chine, détériorées ces dernières année par un contentieux autour de la souveraineté sur des îles, dont le récif de Scarborough, en mer de Chine du Sud. Duterte a par ailleurs refusé d’aborder ce débat lors de cette première rencontre avec Xi Jinping, voulant accorder la priorité à la signature d’alliances commerciales et militaires. Xi Jinping a ainsi déclaré son pays disposé à « participer activement à la construction d’infrastructures aux Philippines, dans les secteurs des chemins de fer, du transport urbain sur rail, des autoroutes et des ports », selon le ministère chinois de l’Economie. Depuis le début de son mandat, Rodrigo Duterte ne cessait de vouloir confirmer son éloignement des Etats-Unis au profit de Pékin et de Moscou. Après avoir traité Obama de « fils de pute », il annonçait ainsi vouloir mettre fin à l’accord militaire entre les deux pays. Il n’accepte pas que Washington condamne sa lutte contre le trafic de drogue qui a déjà fait 3 700 morts depuis le 30 juin dernier. En revanche, ce mercredi 19 octobre, Xi Jinping affirmait soutenir cette politique philippine et être disposé à une coopération sur ce sujet.
Dans un éditorial, le quotidien d’Etat chinois Global Times regrette la mauvaise réaction du camp américain au rapprochement sino-philippin. « Cette décision devrait être saluée par l’ensemble de la communauté internationale. Le risque d’explosion de la plus grosse poudrière de la région s’amenuise. Pourtant, à Washington, Tokyo et Singapour, les dirigeants restent silencieux et les médias ne font qu’évoquer le moment où Pékin et Manille seront de nouveau en confrontation, écrit l’éditorialiste. Ces forces veulent maintenir le statu quo et d’autres veulent les en empêcher ! »
Pour le ministre philippin du Commerce, cette nouvelle déclaration de Duterte ne signifie pas la fin des relations commerciales avec les Etats-Unis, relate The Strait Times : « Les Philippines mettent juste fin à un rapport de dépendance trop fort. Mais nous n’arrêterons pas le commerce et les investissements avec les Etats-Unis »,, a-t-il assuré.
Depuis le 9 octobre dernier, le nord de la région est effectivement aux mains des militaires et les observateurs et journalistes locaux sont interdits d’entrée dans la zone. Au total, 15 000 Rohingyas, minorité musulmane particulièrement présente dans la région, auraient fui leur domicile pour se rendre à Sittwe, la capitale régionale. Certains affirment que des musulmans ont été victimes d’assassinats extra-judiciaires par les forces de l’ordre et que d’autres ont vu leur village brûler. Pourtant, ces informations restent totalement absentes des déclarations du gouvernement et des journaux locaux. Ces derniers se concentrent avant tout sur l’aide humanitaire apportée dans la région. Des propos nuancés par l’ONU qui accuse le gouvernement de les empêcher d’atteindre la région afin de fournir une aide alimentaire à plus de 70 000 personnes. La question de l’identité des coupables reste par ailleurs encore en suspens bien que le gouvernement ait pointé du doigt un groupe islamiste bangladais qui serait affilié au RSO, une organisation rohingya.
Asie du Nord-Est
Chine : 61 millions d’enfants « laissés en arrière » vivent sans leurs parents travailleurs migrants
Mais pourquoi les enfants n’accompagnent-ils pas leurs parents lors de ces migrations ? Car bien que les grandes villes aient besoin des mingong, elles font peut de cas des « services essentiels » à leurs enfants comme l’école et les soins. Les procédures administratives sont bien souvent décourageantes car très exigeantes – ce à quoi s’ajoutent un maigre salaire et des conditions de vie spartiates.
Les autorités de Pékin ont décidé de prendre en main la question après que plusieurs drames ont ému la population. En juin 2015, quatre enfants de travailleurs migrants, issus d’une même fratrie et âgés de 5 à 13 ans, se sont suicidés en ingérant des pesticides. Deux ans et demi plus tôt, en novembre 2012, cinq garçons sont morts intoxiqués au dioxyde de carbone après avoir allumé un feu de charbon dans une benne à ordures, pour « rester au chaud ».
Car au-delà du mandat de président du PLD, c’est celui de Premier ministre qui est visé. Par coutume, il est attribué par l’Empereur au président du parti majoritaire à la Diète… Ainsi, si le PLD continue de remporter les élections législatives, Shinzo Abe pourrait également se maintenir à la tête du gouvernement nippon – et battre le record de longévité de son précédesseur Taro Katsura, Premier ministre pendant 2 886 jours (éclatés entre 1901 et 1913).
Le Asahi Shimbun avertit pourtant : « Les hommes politiques qui restent trop longtemps au pouvoir deviennent insensibles à la volonté du peuple. C’est une leçon intemporelle enseignée par l’histoire tout autour du monde. » Et de rappeler le cas de Jose de la Cruz Porfirio Diaz, président mexicain pendant 35 ans, pourtant élu sur la promesse de « mettre fin à la réelection des leaders politiques »…
Asie du Sud
Mais cette piqûre de rappel intervient-elle spontanément ? Rien n’est moins sûr d’après le quotidien Dawn, qui rappelle « l’affrontement » entre Imran Khan et le gouvernement fédéral après l’explosion du scandale des Panama Papers, dans lequel la famille du Premier ministre Nawaz Sharif est impliquée. Une vaste manifestation doit d’ailleurs être organisée par le PTI à Islamabad le 2 novembre, afin de « mettre la pression » sur les autorités quant au Panamagate. Le parti a également déposé une pétition auprès de la Cour suprême, demandant la destitution de Nawaz Sharif.
L’annonce de la cour anti-terroriste n’a pas découragé le PTI, qui s’est fendu d’un avertissement au gouvernement ce vendredi 21 octobre sur un tout autre dossier : celui du corridor économique Chine-Pakistan (CPEC). Le président de l’assemblée provinciale du Khyber-Pakhunkhwa (KP), Asad Qaiser (membre du PTI), a ainsi rappelé que « l’unité nationale pakistanaise » était « menacée » par la concentration des projets du CPEC dans une seule province, car cela ne permettait pas à l’ensemble du pays de profiter du développement économique lié aux travaux d’infrastructure, rapporte The Express Tribune.
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