« Les opérateurs chinois à Madagascar sont perçus comme des délinquants »

Parlons aussi des choix politiques d’alignement sur le communisme faits par nos dirigeants au temps de la deuxième République. Sans qualifier les conséquences que cela a eues sur le cours de notre histoire, il est sans nul doute que dans nos vies et dans ce qui allait être l’avenir du pays, la chine était présente.
Aussi, l’histoire de Madagascar est directement ou indirectement liée à la Chine. Ce que mon pays représente pour ce mastodonte est une autre question car la réciprocité n’est pas toujours vraie. Que signifie la présence de la Chine pour Madagascar ? Que veut faire la Chine à Madagascar ? Et plus précisément : Qu’est-ce que la Chine veut faire de Madagascar ?
Des questions qui restent pour moi et pour le citoyen lambda sans réponse et sujet de supputations et des « on-dit ».
« Les opérateurs chinois présents dans mon pays sont perçus comme des délinquants, sans foi ni loi. Être embauché chez des Chinois c’est se préparer à de multiples abus et les pires conditions de travail. Différence de mœurs dira-t-on ? Les Chinois sont de grands travailleurs qui n’ont ni limite, ni horaires, ni normes alors que les Malgaches sont un peuple du « mora mora » (doucement, procrastination). »
Contrairement aux vagues de migrants qui ont fusionné avec la population locale, ces nouveaux arrivants agissent comme s’ils étaient en terrain conquis. Hautain voire violent, il n’est pas rare de voir un vendeur chinois brailler contre son employé voire le client.

La corruption à Madagascar touche tous les domaines, notamment le secteur de la construction avec l’octroi de permis de construire à l’aveuglette, ou plutôt suivant l’épaisseur de l’enveloppe que l’on met sous la table.
Comme je l’ai dit concernant ces constructions meurtrières de Behoririka, ils sont là, car les autorités compétentes, toutes compétences confondues, permettent qu’elles soient là. Que ce soit les autorités étatiques, municipales ; que ce soit les corps et ordres, qui devraient pourtant se constituer comme défenseur de leurs métiers et défenseur des citoyens, tous sont responsables.
Certes, certains diront que ce n’est pas eux qui ont permis que ces bâtiments se réalisent, mais ne rien faire pour les arrêter, ne pas dénoncer, c’est aussi pour moi une forme de corruption : c’est la corruption des esprits à accepter ce qui n’est pas normal, voire dangereux.
Ce qui se passe à Soamahamanina cristallise le ras-le-bol d’une population frustrée par rapport à des opérateurs étrangers qui se comportent comme des conquistadors.
Dans une situation politique et sociale très tendue, l’affaire Soamahamanina est un baril de poudre qui risque d’exploser à tout moment.
Malheureusement, les autorités malgaches semblent ne pas en prendre conscience et les autorités chinoises à Madagascar ne prennent pas toutes les mesures nécessaires pour calmer les esprits.
Pour moi, elle adopte cette stratégie de l’autruche et du fantôme pour deux raisons probables : soit elle est indifférente par rapport à ce qui se passe ou par rapport à ce que deviendra ce pays ; soit ce qui se passe arrange la Chine et contribue à ses visées en Afrique.
Peut-être que mes propos sont choquants, mais l’attitude que ce colosse adopte vis-à-vis de mon pays ne l’aide pas à évoluer dans le bon sens. La Chine peut, si elle veut, quand elle veut. Reste à savoir ce qu’elle veut pour Madagascar.
« Les dirigeants malgaches n’ont jamais eu un discours de partenariat envers la Chine. Les maintes dérives ici et là faites par les opérateurs chinois n’ont jamais eu de vraies réactions de notre part. Qui ne dit mot consent ! »
Le jour où Madagascar, par le biais des personnes qui sont censées être responsable de son avenir, aura le culot et la force de définir avec la Chine une vraie stratégie de collaboration et de partenariat, la vraie relation gagnant-gagnant pourra commencer.
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