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"League of Gods" : le Roi, la renarde et les effets spéciaux

La star du kung-fu Jet Li et l'actrice chinoise Fan Bingbing avec l'acteur hongkongais Jacky Heung, lors de la première de leur film "League of Gods", réalisé par Koan Hui, à Pékin le 24 juillet 2016.
La star du kung-fu Jet Li et l'actrice chinoise Fan Bingbing avec l'acteur hongkongais Jacky Heung, lors de la première de leur film "League of Gods", réalisé par Koan Hui, à Pékin le 24 juillet 2016. (Crédits : Zhu ying / Imaginechina/via AFP)
Le cinéma de Hong Kong au service du marché chinois. Disciple du grand Tsui Hark, Koan Hui adapte à l’écran l’histoire célèbre en Chine du Roi Zhou et de la renarde Daji. Daji était l’épouse favorite et cruelle de celui qui fut le dernier souverain de la mythique dynastie Shang au XIème siècle avant J-C. Dans League of Gods, sorti en Chine le 29 juillet dernier, point de sophistication : le riche matériau culturel millénaire de l’Empire du Milieu est transformé en heroic fantasy sans relief et sans grande analyse psychologique. Et pourtant à l’écran, ça marche. Le spectateur est embarqué sur un rythme endiablé dans un maelstrom baroque d’effets spéciaux – ninja surfeurs, plante parlante, bateaux volants – servi par le gratin des acteurs chinois – de Jet Li à Fan Bingbing en passant par Tony Leug Kar Fai. La critique d’Arnaud Lanuque, qui a rencontré le réalisateur Koan Hui à Hong Kong.

Critique

L’énorme succès de films comme Monster Hunt et The Mermaid ces deux dernières années cache une inquiétante réalité pour l’industrie cinématographique chinoise : le pays ne produit pas assez pour occuper le parc de salles et y attirer le public. Dans cette nouvelle configuration, un film tel que League of Gods, avec son casting 4 étoiles et son budget à 300 millions de dollars hongkongais, est attendu au tournant. Sera-t-il à même de faire se déplacer le public en masse ? Ou confirmera-t-il la difficulté du cinéma local à atteindre ses ambitions affichées ?

Le Roi Zhou (Tony Leung Kar Fai), sous l’influence de la renarde Daji (Fan Bingbing), veut imposer son pouvoir sans partage sur l’ensemble de son royaume. Pour cela, il est prêt à faire appel au pouvoir démoniaque du Dragon Noir. Une fragile coalition se met en place pour s’opposer à ses ambitions. La solution : mettre la main sur l’épée de lumière. La mission incombe à Sky Lord (Jacky Heung). Dans sa quête, il trouve d’autres compagnons sur son chemin comme Nezha (Wen Zhang) ou Papillon Bleue (Angelababy).

*Le McGuffin est un prétexte au développement d’un scénario. L’expression est du réalisateur américain Alfred Hitchkock. C’est presque toujours un objet, généralement mystérieux, dont la description est vague et sans importance.
League of Gods ne part pas sur des bases solides. Son scénario est rempli des pires clichés de l’Heroic Fantasy et le manichéisme règne en maître. Pas la peine d’espérer la moindre subtilité chez les différents protagonistes. Les méchants sont mauvais parce que c’est leur nature. Les gentils le sont… parce qu’ils s’opposent aux méchants. Même quand des personnages à la psychologie un peu plus complexe apparaissent (Nezha ou Papillon Bleue), on devine immédiatement dans quel camp ils se rangeront et leurs motifs demeurent superficiels. Les choses ne sont pas arrangées par la structure même du récit. L’épée de lumière est un MacGuffin* sans substance et les étapes de la quête que doit remplir Sky Lord puent l’artificialité. Clairement, le scénario a surtout été conçu avec l’idée de fournir un maximum de séquences d’action et d’occasions de mettre en valeur les effets spéciaux à défaut d’une histoire réellement intéressante et originale.

Mais, contrairement à ce que l’on pourrait craindre, la démarche fonctionne. Probablement parce qu’elle est assumée à 100 % par son réalisateur. Koan Hui a été un proche collaborateur de Tsui Hark pendant une bonne partie des années 1990. De son mentor, il a appris l’importance du rythme et la force visuelle. Et c’est grâce à la présence de ces deux qualités que League of Gods parvient à faire oublier ses défauts. Mené tambour battant, le film enchaîne sans répit les idées les plus folles dans le but de surprendre le spectateur et conserver ainsi son attention. Jugez plutôt : Ninjas surfeurs, bébé adepte du Kung-fu, panthère noire géante, robot de bois, bateaux volants, plante parlante… N’en jetez plus ! Le rythme endiablé, épaulé par une direction artistique surchargée mais généralement de qualité (pensez Gods of Egypt qui rencontre La Cité Interdite) et des effets spéciaux à peu près au niveau, permettent de faire passer la pilule et de trouver du plaisir à la vision de ce spectacle typé « parc d’attraction ».

Pour autant, si League of Gods s’en sort à peu près avec les honneurs, il semble atteindre la limite de ce genre de démarche où casting et visuels sont rois. Et si le cinéma chinois veut réussir à recapter l’attention de ses spectateurs, tout comme Hollywood, il serait bon qu’il revienne aux bases, en proposant des histoires et des personnages à même d’intéresser le public.

Extrait de "League of Gods" de Koan Hui : ici le personnage de Sky Lord incarné par l'acteur hongkongais Jackie Heung.
Extrait de "League of Gods" de Koan Hui : ici le personnage de Sky Lord incarné par l'acteur hongkongais Jackie Heung. (Copyright : DR)

Entretien

Koan Hui a commencé sa carrière au début des années 1990 en intégrant la prestigieuse Film Workshop de Tsui Hark. Véritable bras droit du barbichu génial, il participa à des degrés divers aux plus grandes réussites de l’homme durant cette décennie comme L’Auberge du Dragon ou The Blade. Par la suite, il se mit à son compte et ouvrit une compagnie d’effets spéciaux qui fut impliqué sur des productions ambitieuses comme Dragon Tiger Gate ou SPL. League of Gods est son deuxième film en tant que réalisateur.

Le réalisateur hongkongais Koan Hui. (Copyright : Arnaud Lanuque)
Le réalisateur hongkongais Koan Hui. (Copyright : Arnaud Lanuque)
Comment vous êtes-vous retrouvé aux commandes de League of Gods ?
Koan Hui : Cela faisait longtemps que je voulais faire un film d’Heroic Fantasy épique et visuellement riche. J’avais travaillé avec Tsui Hark sur Legend of Zu auparavant. Et cela m’avait fait comprendre que ce type de film était le futur et que c’était ce que je voulais faire. Mais, à l’époque, nous étions trop ambitieux pour un tel projet. Suite à cela, j’ai créé ma propre compagnie d’effets spéciaux et j’ai réfléchi à comment nous pouvions améliorer notre maîtrise de ce type d’outils. Après 10 ans aux commandes de ma société, je me sentais prêt à passer à la réalisation d’un tel projet. Et j’ai eu la chance de rencontrer M. Charles Heung. Il cherchait un projet ambitieux pour faire son grand retour avec Chinastar. Il a donné son feu vert au projet quasiment dès notre première rencontre.
Est-ce que le concept du film vient de lui ?
Non, le concept était de moi. Mais cela correspondait au type de films qu’il voulait produire. Même si je ne suis pas crédité officiellement, j’ai participé à l’élaboration du scénario. J’avais déjà un peu d’expérience dans ce registre mais je ne voulais pas écrire le scénario tout seul, je voulais rester un peu à distance pour conserver une certaine objectivité. Nous avons donc fait appel à plusieurs scénaristes pour se partager le travail.
J’ai l’impression que vous n’avez pas eu assez de temps pour développer tous les personnages et toutes les intrigues comme vous auriez-voulu…
Oui, cela a été un problème. Nous avons tourné beaucoup plus de matériel mais, au moment du montage, j’ai dû énormément condenser et sacrifier des intrigues secondaires pour améliorer le rythme. C’est pourquoi le film peut apparaître incomplet. Mais nous avions l’idée d’en faire une trilogie, il y aura donc des opportunités pour développer les personnages et leurs histoires dans les opus suivants.
Le film maintient un rythme intense quasiment tout du long. Etait-ce quelque chose que vous aviez en tête dès l’origine du projet ?
C’était le cas pour certaines scènes mais ce n’était pas quelque chose de voulu pour le film dans son ensemble. C’est quelque chose qui s’est imposé durant le montage.
Est-ce que vous avez dû faire des concessions à la censure ?
Aucunement. Actuellement, en Chine, ils ont tendance à encourager les films d’Heroic Fantasy. Parce qu’ils veulent promouvoir la mythologie chinoise. Les restrictions portent sur les superstitions, l’horreur, et certains aspects « science-fictionnels ». Il n’y a donc pas eu de difficultés. D’habitude, ils envoient toujours quelques suggestions de changement mais sur ce film, ils ne nous en ont fait aucune. Il faut également dire que, dès le départ, nous étions déterminés à ne pas traiter de sujets sensibles.
Extrait de "League of Gods" de Koan Hui : ici, Shen Gong Bao ou le General Leopard incarné par l'acteur hongkongais Louis Koo.
Extrait de "League of Gods" de Koan Hui : ici, Shen Gong Bao ou le General Leopard incarné par l'acteur hongkongais Louis Koo. (Copyright : DR)
La direction artistique du film est très impressionnante…
Notre directeur artistique était William Chang [NDLR : directeur artistique habituel de Wong Kar Wai]. J’ai toujours adoré son travail et j’ai eu beaucoup de chance que Charles Heung mette à ma disposition d’énormes ressources dont William. Cette histoire a déjà fait l’objet de nombreuses séries TV et, évidemment, nous pensions que nous pouvions faire beaucoup mieux qu’elles en ce qui concerne le visuel. Nous avons aussi fait le choix de ne pas situer l’histoire dans une période historique précise. C’est un monde totalement nouveau, un univers parallèle. A partir de là, nous avons entrepris de recréer la civilisation toute entière. Le processus a commencé avec les ailes du personnage principal. J’ai passé énormément de temps à réfléchir à la manière dont elles devaient apparaître. Si elles étaient avec des plumes, cela aurait été trop occidental, comme un ange. D’un autre côté, elles ne pouvaient pas être comme celles d’un insecte. J’ai passé un temps fou à travailler là-dessus. Et, à partir de là, j’ai élaboré dans d’autres directions et créé de nombreuses créatures, dont certaines n’apparaissent finalement pas dans le film.
Le film est bourré d’idées très originales comme ces bateaux volants. Où avez-vous trouvé une telle inspiration ?
Parfois, on me demande combien de temps j’ai préparé le film. La réponse, c’est que je l’ai préparé toute ma vie (rires). Parmi les films qui m’ont fait une forte impression, il y a Le Voleur de Bagdad. J’adore ce monde imaginaire. Et bien sûr, il y a La Guerre des Etoiles. Je voulais vraiment créer un monde unique pour les spectateurs. Comme c’est souvent le cas avec les premiers réalisateurs, j’ai voulu trop en mettre (rires). Peut-être que c’était un peu trop pour le public.
Comment avez-vous fait pour avoir accès à une telle distribution ?
Grâce à Chinastar, Charles Heung a de très bonnes relations avec de nombreux acteurs. C’était vraiment un casting fabuleux ! Avoir ne serait-ce qu’un seul de ces acteurs dans son film est un plaisir pour n’importe quel réalisateur. Et moi, j’ai pu tous les avoir en même temps ! Le casting s’est fait en discutant avec Charles Heung. Nous cherchions qui correspondait le mieux à chacun des personnages. Ceux-ci sont tous très célèbres dans la culture chinoise, ce sont des superstars de la mythologie alors ça avait du sens qu’ils soient interprétés par des stars de cinéma. Nous les avons confirmés très tôt, ce qui nous a obligé à accélérer la pré-production. J’aurais aimé avoir plus de temps pour cette dernière mais c’était le prix à payer pour avoir un tel casting.
Jet Li (à gauche), Fan Bingbing (au centre), Jacky Heung (avec l'épée), Zu Feng et et Tony Leung Kar Fai (à droite)... un casting de rêve pour "League of Gods" de Koan Hui, ici réuni pour la première du film à Pékin le 24 juillet 2016.
Jet Li (à gauche), Fan Bingbing (au centre), Jacky Heung (avec l'épée), Zu Feng et et Tony Leung Kar Fai (à droite)... un casting de rêve pour "League of Gods" de Koan Hui, ici réuni pour la première du film à Pékin le 24 juillet 2016. (Crédits : Cao Ji / Imaginechina / via AFP)
Hong Kong actor Jacky Heung, Chinese actor Zu Feng, Hong Kong actors Andy On and Tony Leung Ka-fai attend a press conference for the premiere of their new movie « League of Gods » in Beijing, China, 24 July 2016.
Cao ji / Imaginechina
Pourquoi avoir remplacé Cecilia Cheung par Wen Zhang pour jouer le rôle de Nezha ?
Il y a eu des difficultés entre Cecilia et une partie de l’équipe de production. Au bout du compte, il a été décidé qu’il valait mieux s’en séparer. Mais, il se trouve que Wen Zhang était mon tout premier choix pour jouer le rôle. Sauf qu’à l’époque, il venait de commencer une série TV et n’était donc pas disponible. Finalement, tout s’est arrangé pour le mieux.
Le budget officiel est de 300 millions dollars hongkongais. Est-ce exact ?
Non, le chiffre final est un peu supérieur. Il y a eu des dépassements à cause du tournage et des effets spéciaux. Nous avons tourné pendant presque 8 mois. Nous avions une énorme équipe pour le tournage, divisé en plusieurs unités, cela pouvait atteindre les 2 000 personnes.
Quel type de producteur était Charles Heung ?
Il était super ! Charles Heung a produit de nombreux films avant. Pour son come back, il ne voulait pas faire dans la quantité mais dans la qualité. Il m’a donné accès à d’énormes ressources. Et il était très impliqué. Il était présent sur le plateau, nous avions régulièrement des réunions pour discuter du script et, même après le montage, il a continué à me donner des conseils. Il a un très bon sens commercial et un véritable amour pour le cinéma.
Extrait de "League of Gods" de Koan Hui : ici, Sky Lord (à gauche) incarné par l'acteur hongkongais Jackie Heung.
Extrait de "League of Gods" de Koan Hui : ici, Sky Lord (à gauche) incarné par l'acteur hongkongais Jackie Heung. (Copyright : DR)
Vernie Yeung est parfois crédité comme co-réalisateur, parfois comme réalisateur de seconde équipe. Est-ce que vous pouvez clarifier son rôle ?
Il a donné un coup de main et réalisé des scènes en deuxième équipe afin d’accélérer le tournage. C’est un réalisateur sous contrat avec Chinastar. C’est une grosse compagnie mais, sur bien des points, c’est très familial. Quand il y a besoin, tout le monde est prêt à aider.
Pourquoi avoir choisi Dion Lam comme chorégraphe des scènes d’action ?
Parce qu’il a déjà beaucoup d’expérience sur ce genre de gros films à effets spéciaux. J’aime également la manière dont il utilise les câbles. Je cherchais à conserver un élément de réalisme dans l’action. Dans beaucoup de films chinois, les personnages s’affranchissent totalement de la gravité et on y perd en réalisme. Je voulais qu’on puisse croire à l’action de mon film. De manière générale, j’ai fait en sorte qu’il y ait une sorte de réalité scientifique dans le monde que je décris. Les personnages ont des pouvoirs mais ils ne sont pas sans limites. Dans mes recherches, j’étais tombé sur une histoire de l’Atlantide qui détaillait comment ils utilisaient des cristaux comme énergie. Je m’en suis inspiré pour l’univers du film.
Comment avez-vous collaboré avec lui ?
L’équipe de cascadeurs a eu beaucoup de temps pour répéter. Je leur donnais mes instructions pour chaque scène, quel type de climax je voulais. Ils répétaient de leur côté, faisaient des vidéos et me les soumettaient pour modification ou accord. Nous étions donc bien préparés quand il s’est agi de tourner les scènes d’action. Et c’était le premier film de Jacky [Heung, fils du producteur Charles Heung]. Il a passé plus de 3 ans avant le film à se préparer, à faire des arts martiaux et d’autres disciplines. Il a travaillé de manière très étroite avec les cascadeurs. Mettre en valeur ses capacités était d’ailleurs une des missions que j’avais. Heureusement, c’est un garçon très déterminé et modeste. Durant une scène de combat, il s’est blessé et n’a rien dit. A la fin, il avait la jambe toute gonflée. Je suis allé le voir et je lui ai demandé pourquoi il ne m’avait rien dit. Il m’a répondu qu’il ne voulait pas décevoir l’équipe parce que tout le monde avait travaillé très dur. C’était très touchant.
Extrait de "League of Gods" de Koan Hui : ici, Daji incarnée par l'actrice chinoise Fan Bingbing. (Copyright : DR)
Extrait de "League of Gods" de Koan Hui : ici, Daji incarnée par l'actrice chinoise Fan Bingbing. (Copyright : DR)
Combien de plans à effets spéciaux y a-t-il dans le film ?
Environ 2200. Il n’y a que 2 % du film qui n’a pas été modifié.
Combien de temps a pris la post-production ?
De la fin du tournage jusqu’à la livraison finale du film, cela a pris un an. Le problème récurrent quand on fait des films à effets spéciaux en Chine, c’est qu’il n’y a pas assez de préparation en amont. Très souvent, les techniciens à effets spéciaux sont appelés à la toute fin du tournage, pour corriger ce qui n’a pas marché. Et même quand ils sont impliqués avant, ce n’est jamais suffisamment tôt pour faire les choses correctement. J’ai donc fait en sorte d’impliquer les compagnies d’effets spéciaux dès le départ, dès la pré-production.
Combien de compagnies se sont occupées des effets spéciaux ?
Nous avons fait appel de manière directe à 12 sociétés. Et elles ont elles-mêmes confié une partie du travail à des sous-contractants. Au total, il y eu une vingtaine de boites différentes qui ont travaillé sur le film. Certains étaient aux Etats-Unis, certaines au Canada, d’autres en Suède, en Chine ou encore en Corée du Sud. Je ne vous explique pas la charge de travail que ça représentait de s’occuper d’autant de compagnies différentes ! Chaque journée, j’étais non-stop en discussion avec eux selon leur fuseau horaire. Nous les avons choisi selon leurs spécialités. Par exemple, Tippett est connu pour leur très bon travail sur l’animation des personnages donc ils se sont occupés du bébé et de la plante parlante. Blur est spécialisé dans les cinématiques de jeux vidéo alors ils se sont occupés du combat final contre le monstre.
Est-ce que vous êtes satisfait du résultat ?
Oui et non. Certains effets sont très novateurs pour un film chinois. Mais, bien sûr, si nous avions eu plus de temps, nous aurions pu faire mieux sur de nombreux plans. Comme on dit parfois, faire des films, c’est apprendre l’art du regret (rires).
Est-ce que l’idée d’engager John Debney pour composer la musique vient de vous ?
Non, c’était une idée de Chinastar. Ils voulaient que le film ait une musique de haut niveau et, par le biais de certaines connaissances, ils ont été mis en contact avec John Debney. Je suis allé à Los Angeles pour le rencontrer. Je lui ai montré une première version du film. Ça l’a beaucoup inspiré et il s’est montré très motivé à travailler dessus et à composer pour le marché chinois. Je lui ai expliqué en détails l’émotion recherchée dans chaque scène. Je lui ai également demandé de composer différents thèmes. Il a trouvé cela très surprenant parce qu’aujourd’hui, ils ne développent plus vraiment de thèmes multiples à Hollywood.
Et si vous aviez eu le choix ? Qui auriez-vous engagé ?
J’avais fait des recherches préliminaires à Los Angeles pour identifier des compagnies d’effets spéciaux à même de travailler sur le film. A cette occasion, j’avais été voir le studio d’Hans Zimmer. Mais j’aime beaucoup ce qu’a fait John Debney pour la Passion du Christ. J’ai utilisé certains des morceaux qu’il a composé pour le film de Mel Gibson quand je travaillais sur le montage ; cela avait donc un certain sens qu’il soit chargé de la musique de League of Gods.
Est-ce que vous pensez que le film peut attirer un public occidental ?
Au cours de la création du film, j’ai eu l’occasion de le projeter à de nombreux occidentaux. Et ils ont tous beaucoup aimés ! Le film est sorti aux Etats-Unis, au Canada, en Grande-Bretagne et en Nouvelle-Zélande… Le nombre d’écrans était limité bien sûr. Mais je pense que le principal obstacle était le mandarin. Je ne pense pas que le public visé par ce genre de films était disposé à le voir sous-titré. Je suis actuellement en train de travailler sur un doublage anglais. J’espère que cela permettra au film de trouver une audience occidentale plus large.
Le film a-t-il marché en Chine ?
Il n’a pas marché autant que nous l’espérions. Maintenant que tout est derrière moi, je me dis que nous avons probablement été trop loin. C’est difficile pour le public chinois de digérer notre approche. D’ailleurs, beaucoup de critiques émanant des spectateurs chinois avaient trait au style qu’il considérait comme trop occidental. C’est vrai que j’ai essayé de simplifier certains aspects de l’histoire et de réinventer le monde et les personnages pour les rendre plus accessible à un public international.
Est-ce que vous pouvez nous donner une idée des suites à League of Gods ?
Le thème principal de l’histoire originale, c’est l’idée de changement. Que cet empire extrêmement corrompu est destiné à s’écrouler. Une nouvelle force doit prendre sa place et redonner espoir aux gens. C’est le destin du personnage joué par Andy On. Son affrontement avec l’empereur est censé être le grand final de la trilogie. Dans le deuxième volet, le personnage de Jet Li doit être au cœur du récit. C’est devenu un bébé et les héros doivent le sauver. Le personnage joué par Fan Bingbing aura également révélé sa forme démoniaque complète. Nous l’avions déjà conçu lors du premier film mais nous n’avons pas eu l’opportunité de la montrer.
Propos recueillis par Arnaud Lanuque

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A propos de l'auteur
Installé à Hong Kong depuis trois ans, Arnaud Lanuque est spécialiste du cinéma hongkongais et le correspondant local de la revue "L'Ecran fantastique". Il est aussi le gestionnaire du Service de coopération et d'action culturelle au Consulat de France à Hong Kong.