Roland Castro : "Quand ma secrétaire fait une connerie, j'applique la ligne de Mao !"
Entretien
Sans perdre une seconde, l’ambassade de Chine en France a déversé des caisses d’exemplaires du Petit Livre Rouge sur les campus. Les premiers maoïstes français forment un club d’intellectuels issus de l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm, qu’on appellera l’Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes – l’UJC(ml). Mais après les « événements de juin 1968« , l’organisation, accusée d’actions violentes, est interdite par décret du président de la République.
Les « maos », qui aimeraient faire durer les idées de 68, se retrouvent dans les groupes « mao-spontex » (« maoïstes » et « spontanéistes ») de la Gauche prolétarienne ou de Vive la révolution (VLR) ! C’est le début de la « fabrique du rêve » pour l’architecte Roland Castro cofondateur de VLR. Mais après le rêve, vient le désenchantement. La Révolution culturelle était d’abord une guerre civile et une lutte de pouvoirs raconte Simon Leys dès 1971. Le « Grand bond en avant » a fait des millions de morts.
« Je ne vois pas pourquoi un ajusteur ne serait pas philosophe et je ne vois pas pourquoi un chauffeur de Uber ne serait pas un grand peintre ? »
Maintenant, je suis aussi d’accord avec Freud quand il explique qu’on peut vouloir changer le monde, mais à condition de s’ôter de la tête que l’homme est bon. Je ne pense pas à l’homme nouveau. Je pense qu’il faut prendre l’homme tel qu’il est avec son misérable tas de petits secrets et son ignominieuse structure. Il peut quand même organiser des relations avec les autres pourritures que sont les autres hommes, et cela de manière parfois plus harmonieuses que dans le tous contre tous. Encore une fois, je suis pour l’idée du commun. Voilà pourquoi j’ai travaillé sur les banlieues et j’ai défendu un droit à l’urbanité pour tous, qu’on soit puissant ou misérable ! Mon travail d’architecte m’a d’ailleurs beaucoup guidé. Après, il y a la question du pourquoi on s’engage ? C’est vrai aussi que c’est souvent par narcissisme. Et après toutes ces années, je sais que tout ce bordel est lié au fait de vouloir plaire aux gonzesses.
« Quand ma secrétaire a fait une connerie, je ne dis pas que c’est la faute de ma secrétaire ! J’applique la ligne de Mao : quand les masses font une erreur, ce sont les cadres qui doivent faire leur autocritique ! »
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