Mer de Chine méridionale : les Vietnamiens aussi "poldérisent" dans les Spratleys
Contexte
La « poldérisalion » des îles Spratleys, qui fait couler tant d’encre depuis qu’une « muraille de sable » chinoise est apparue sur les radars aux quatre coins de l’archipel, ne date pas d’hier. C’était même le thème central d’un long reportage réalisé aux Philippines, et publié dans les colonnes du quotidien Le Monde, le 12 mai… 1978. L’article, écrit depuis Puerto Princesa, débutait par cette longue mise en bouche qu’Asialyst souhaite partager ci-dessous avant d’entrer dans le vif du sujet.
« Les peintres tracent avec minutie le nom de la dernière, qui n’était pas mentionné sur l’ancienne carte : Panata. En fait, cet îlot de Panata ne figure sur aucune carte ; pas même sur les cartes de navigation des gardes-côtes à quai à Puerto-Princesa. Il vient en effet de naître. Il y a quelques mois encore, il ne s’agissait que d’un atoll recouvert par les flots à marée haute. Depuis décembre, les Philippins l’ont remblayé et depuis mars, leurs troupes occupent l’îlot qu’ils ont ainsi fait surgir, y plantent des cocotiers et le fortifient. »
« Le gouvernement philippin aurait l’intention de créer une ligne aérienne commerciale, reliant l’île à Palawan. (…) Les Vietnamiens occupant de leur côté trois îles (Rurok, Binago et Pugad) et ayant également, ces derniers temps, considérablement augmenté leurs forces, le face-à-face pourrait devenir dangereux. Pour l’instant, les Taïwanais, qui occupent, avec 6 000 hommes, l’îlot de Ligao (connu aussi sous le nom de Itu Aba), sont assez paisibles. Ils sont au demeurant à plus de 900 milles de leur base. »
« La Chine, pour sa part, n’occupe aucun îlot, bien qu’elle revendique, comme d’ailleurs Taipei, tout l’archipel, arguant de ses « droits historiques » sur les Paracels – qu’elle conteste aux Vietnamiens – et dont les Spratleys seraient la « continuation ». Les Vietnamiens, sur leur île de Pugad, sont beaucoup plus actifs. Ils y maintiennent 350 hommes. Selon l’armée philippine, qui a photographié du ciel leurs fortifications, ils disposent d’une artillerie « formidable » et tireraient sur tout navire qui tenterait de s’approcher. » (Le Monde, 12 mai 1978.
Dix îlots « poldérisés » par le Vietnam
La première, c’est Rukok, comme la dénomment les Philippins. Mais pour les Vietnamiens, elle s’appelle Đảo Sinh Tồn, alors que les Chinois la connaissent sous le nom de Jinghong Dao et que pour le monde occidental, ce serait plutôt l’île de Sin Cowe. La deuxième, Pugad, s’appelle Nanzi Dao pour les Chinois, et Đảo Song Tử Tây pour les Vietnamiens. Mais en Occident, c’est plutôt Southwest Cay. Toutes deux se trouvaient au cœur des enjeux territoriaux en mer de Chine méridionale il y a près de 40 ans ; toutes deux reviennent en force désormais.
Les faits émanent d’imageries satellites obtenues par le groupe Asia Maritime Transparency International, qui dépend du think tank américain Center for Strategic and International Studies, basé à Washington. « AMTI s’est penché sur chacun des îlots et récifs que le Vietnam occupe dans les Spratleys, écrit le think tank, et y a trouvé des preuves de remblaiement sur 10 d’entre elles. Ces images suggèrent que le Vietnam a créé 120 acres [unité de mesure dans sa version anglo-saxonne, NDLR] de terres nouvelles en mer de Chine méridionale. (…) La majorité de cet ouvrage s’est déroulée au cours des deux dernières années. » Retrouvez plus d’informations en anglais sur le site d’AMTI.
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