Revue de presse Mer de Chine - 18 avril 2016

Conflits territoriaux : quoi de neuf en mers de Chine ?

Un soldat philippin prend un selfie devant le système de missile américain M142 High Mobility Artillery Rocket System (HIMARS)
Un soldat philippin prend un selfie devant le système de missile américain M142 High Mobility Artillery Rocket System (HIMARS) après un test de tir dans le cadre des exercices militaires conjoints "Balikatan" dans la Crow Valley, à Capas au nord de Manille le 14 avril 2016. (Crédits : TED ALJIBE / AFP)
Depuis quelques semaines, l’actualité des mers de Chine est particulièrement chargée. Développements sur le terrain, frictions traditionnelles autour d’affaires de pêche ou de prospections énergétiques, échanges diplomatiques tantôt cordiaux, tantôt musclés, renforcement des coopérations militaires et des opérations de patrouilles… les nouveautés sont légion ! Pour l’occasion, Asialyst revient sur quelque-uns de ces multiples développements, à l’occasion d’une revue de presse exhaustive.

Visites guidées, plate-formes pétrolières ambulantes et pêcheurs chinois

Le président taïwanais organise des visites dans les Spratleys

Taiwan Info – Le 23 mars dernier, des journalistes internationaux, représentant notamment CNN, Al-Jazeera, The Wall Street Journal, AP, l’AFP ou encore Kyodo News, ont été invités par le président de Taïwan, Ma Ying-Jeou, à visiter l’île d’Itu Aba. Cette position (« Taiping » en chinois), se trouve en mer de Chine méridionale, au cœur de l’archipel des Spratleys revendiqué tout ou partie par les deux Chine, les Philippines, la Malaisie, le Vietnam et Brunei. Il s’agit de la plus grande île de l’archipel, de la plus symbolique historiquement, et de la seule qui soit occupée par Taïwan dans les environs. « Pendant trois heures, les journalistes ont pu boire l’eau puisée sur place, manger un repas préparé avec des légumes cultivés sur l’île, et visiter le dispensaire construit », relate Taiwan Info, site officiel du gouvernement.

Le président Ma a profité d’une conférence de presse, le jour de la visite, pour lancer une invitation similaire aux juges de la Cour permanente d’arbitrage (CPA) de La Haye, ainsi qu’aux avocats des Philippines, pays à l’origine d’une procédure d’arbitrage en cours de traitement, qui vise les actions de Pékin en mer de Chine méridionale. En janvier dernier, Ma s’était lui-même rendu sur Itu Aba, pour démontrer qu’Itu Aba est bien une île, au sens où l’entend la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM), histoire de réaffirmer la souveraineté de Taipei sur place et dans les eaux environnantes. Mais Hanoi goûte très peu à toutes ces initiatives. Jeudi 24 mars, le porte-parole du ministère vietnamien des Affaires étrangères, Le Hai Binh, a dénoncé une violation grave de son intégrité territoriale.

Le point avec le site officiel Taiwan Info et la réaction vietnamienne sur le site Tuoi Tre News.

Chine-Vietnam: le retour de la plate-forme HYSY 981

The Diplomat – Hanoï exige que la Chine fasse une nouvelle fois machine arrière avec sa plate-forme d’exploration pétrolière HYSY 981, qui se promène depuis deux ans plus ou moins près des îles Paracels, dans le nord de la mer de Chine méridionale. Laquelle mer regorgerait d’hydrocarbures selon les convictions collectives dans la sous-région. En 2014, lorsque cette plate-forme s’était approchée, pour la première fois, de ces « îles de la discorde », de violentes réactions s’étaient produites dans les rues vietnamiennes. La HYSY 981 avait alors bougé, quelques mois plus tard, pour finalement revenir l’année suivante un peu plus loin, à bonne distance entre l’île chinoise de Haïnan au Nord, et les Paracels à l’Est. Puis elle était de nouveau repartie. Cette fois, les Vietnamiens dénoncent son retour dans la même aire, où les Zones économiques exclusives revendiquées par les deux puissances s’entre-choquent.

Pour rappel, le Vietnam du Sud a essuyé, dans les Paracels, une cinglante défaite face à Pékin en 1974. Cette bataille meurtrière s’était soldée par une prise de contrôle durable, par la Chine populaire, de cet archipel autrefois entre les mains des Français, puis des Japonais ou encore de la Chine nationaliste. Les Vietnamiens sont convaincus que les Paracels leur reviennent historiquement, grâce aux édits son ancien empire. Mais à l’heure actuelle, ces îles abritent de facto une administration chinoise, Sansha, chargée de contrôler les territoires chinois plus au Sud. A Pékin, Hong Lei, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, estime d’ailleurs, en guise de réponse à la demande vietnamienne, que la plate-forme pétrolière prospecte dans des eaux relevant, de manière « incontestée », de la juridiction chinoise.

Le site The Diplomat revient sur le cas de la plateforme pétrolière chinoise.

Un bateau de pêche chinois saisi par les Vietnamiens

The Guardian – Le 4 avril dernier, quelques jours avant le retour de l’affaire des prospections pétrolières près des îles Paracels, le Vietnam a officialisé la saisie, le 2 avril, d’un navire chinois, ainsi que la détention de son capitaine et de deux autres membres d’équipage, tous accusés d’avoir pénétré illégalement dans les eaux territoriales vietnamiennes en mer de Chine du Sud, précisément dans le golfe du Tonkin. Selon le média d’Etat vietnamien Thanh Nien News, le navire chinois transportait plus de 100 000 litres de diesel, et les membres de l’équipage auraient avoué s’être aventurés « loin dans les eaux vietnamiennes » pour ravitailler d’autres bateaux chinois en train de « pêcher illégalement » dans les environs. Une affaire assez inhabituelle au Vietnam, où l’on chasse régulièrement les bateaux de pêche chinois, mais en principe sans les saisir.

Néanmoins ce cas vient rejoindre les nombreux contentieux similaires, relatifs à la pêche des Chinois dans les eaux méridionales, cet espace riche en poisson et autres ressources halieutiques, où les revendications territoriales de Pékin s’entre-choquent en permanence avec celles des pays alentours, et où les pêcheurs dépassent parfois allègrement la ligne rouge. A l’heure actuelle, des pêcheurs chinois restent par exemple détenus aux Philippines, pour des faits similaires survenus en mer de Sulu. Dans la plupart des cas, la Chine proteste énergiquement, mettant en avant sa souveraineté indiscutable dans les zones de pêche où se font attraper ses ouailles. Cette fois-ci, Pékin ne semblait cependant pas pressé de réagir juste après les faits.

Le site du Guardian vous dit tout.

La déferlante des pêcheurs chinois inquiète Kuala Lumpur

Titre – Qui d’autre pour s’alarmer de la politique chinoise en mer de Chine ? Asialyst a récemment évoqué le cas de l’Indonésie, surprise de voir que les pêcheurs et bâtiments officiels chinois pouvaient se rendre jusque dans sa propre Zone économique exclusive revendiquée, au sud-ouest de la mer de Chine méridionale près des îles Natuna. Aux dernières nouvelles, les Indonésiens ont refusé tout récemment de libérer huit pêcheurs chinois capturés près des îles Natuna (malgré l’intervention de gardes-côtes de la Chine, parvenus tant bien que mal à récupérer le bateau fautif à défaut de récupérer les pêcheurs). En Indonésie, les captifs sont accusés de pêche illégale, et Jakarta a déployé quatre unité spéciales au large des îles Natuna, selon IHS Jane’s Defence.

Mais plus à l’Est, non loin des Spratleys, la Malaisie semble elle aussi s’inquiéter. Après avoir accusé Pékin puis rétracté ses propres dires, les autorités maritimes du pays ont finalement réaffirmé qu’à la fin du mois dernier, le 24 mars exactement, un nombre significatif de bateaux de pêche chinois auraient (encore une fois) navigué dans leur Zone économique exclusive revendiqué, au nord des côtes malaisiennes. Après la première alerte lancée par Kuala Lumpur dans la foulée des faits constatés, la Chine avait fait savoir qu’elle ne « comprenait pas les détails » des revendications de la Malaisie. Hong Lei, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, avait déclaré, de manière assez classique, qu’il s’agissait d’une « saison de pêche normale » pour les Chinois.

Retour sur l’affaire avec le site malaisien The Strait Times.

Phares contre radars

Les Japonais déballent leurs radars en mer de Chine de l’Est

Reuters – Pendant que la Chine élabore ses propres radars en mer de Chine méridionale, le 28 mars dernier, le Japon a pour sa part inauguré, en présence de plus de 200 personnes, une station radar sur l’île de Yonagun, en mer de Chine orientale, provoquant une vive réaction à Pékin. Cette île de 30 kilomètres carrés était habitée par 1 500 habitants avant l’arrivée du nouveau contingent militaire, qui pourrait faire grandir la population d’un cinquième, selon Reuters. Yonagun est située à 100 kilomètres environ à l’est de la conflictuelle Taïwan, et à environ 150 kilomètres au sud d’îlots célèbres, que les Japonais appellent Senkaku, mais que les Chinois reconnaissent sous le nom de Diaoyu.

L’archipel est au cœur d’un sérieux différend territorial entre les deux pays, et où la République populaire de Chine a décrété unilatéralement une Zone d’identification de la défense aérienne (Zida) en 2013. Daigo Shiomitsu, gradé de l’armée de terre japonaise, commande désormais la nouvelle base militaire sur Yonagun. Il parle d’observation côtière, mais menace : « Cela signifie que nous pouvons garder un œil sur les territoires entourant le Japon, et répondre à toutes les situations. » Le ministère chinois de la Défense a rétorqué que « les îles Diaoyu sont une partie inhérente du territoire de la Chine », et dénoncé une nouvelle « provocation du Japon ».

Pékin inaugure son nouveau phare au cœur des Spratleys

Radio France Internationale – Mardi 5 avril, Pékin a célébré la mise en fonctionnement d’un phare gigantesque, haut de 55 mètres, sur l’île artificielle de Subi, déjà bien équipée, dans l’archipel des îles Spratleys. La technologie dont est doté cet édifice permettrait de faire de la surveillance, selon l’agence Chine nouvelle. Mais pour la République populaire de Chine, la structure est pacifique : « La Chine s’est engagée à fournir davantage d’équipements publics [permettant] de garantir la sécurité et la liberté de navigation en mer de Chine méridionale, considère Lu Kang, porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Ce que nous faisons va favoriser le commerce et le développement économique des pays riverains. »

Avec Fiery Cross ou encore Mischief, l’île artificielle de Subi, dans le nord des Spratleys, est au cœur du dispositif chinois élaboré pour cet archipel, qui inclut au moins sept îlots pour l’instant. Le « polder » de Subi abrite, entre autres installations stratégiques et donc potentiellement militaires, une piste d’atterrissage. A noter que l’an dernier, il avait été annoncé que Pékin entendait construire deux grands phares dans les environs, sur Johnson South, récif à proximité duquel a eu lieu une bataille meurtrière entre la Chine et le Vietnam en 1988, mais aussi sur Cuarteron, qui a défrayé récemment la chronique, l’îlot étant suspecté d’abriter un radar haute fréquence.

Ressentiment chinois, Américains à la manoeuvre et sous-marins japonais

Au G7, pour la Chine, c’est tout vu : le Japon mène la danse

Bloomberg – La Chine aurait préféré que le G7 parle d’autre chose, lundi 11 avril. Pékin a peu apprécié la déclaration commune émise par les ministres des Affaires étrangères des sept puissances industrielles qui composent le G7, sur les tensions observées en mer de Chine du Sud, après leur rencontre à Hiroshima. Y est soulignée « l’importance fondamentale du règlement pacifique des conflits », et l’opposition du G7 à « toute action unilatérale d’intimidation, de coercition ou de provocation ». Les Chinois, qui n’étaient pas cités dans cette déclaration, se sont sentis visés, et d’après le China Daily, les observateurs pékinois sont formels : c’est le Japon, seule puissance asiatique du G7, qui a « fait dérailler » la rencontre.

Tokyo aurait cherché à obtenir de ses partenaires une telle déclaration et ainsi « donner au Cabinet nippon une justification à ses nouvelles loi de sécurité ». Par ailleurs, les Chinois ressentiraient désagréablement une forme de pression, visant à les pousser à reconnaître la compétence de la Cour permanente d’arbitrage de La Haye, dont on attend les conclusions dans les conflits territoriaux opposant Manille à Pékin depuis des années en mer de Chine. Jusqu’ici, la République populaire de Chine a prévu de rejeter ces conclusions, qui seront pourtant motivées par la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM), dont Pékin est signataire.

Lire la dépêche d’Asialyst, et les points sur la situation par Bloomberg et par la BBC.

Obama et Xi discutent, peu avant le lancement de Balikatan

South China Morning Post – Le 31 mars, en marge d’un sommet sur la sûreté nucléaire à Washington, Barack Obama et Xi Jinping se sont vus, et ont parlé des mers de Chine notamment. L’occasion pour Pékin de réaffirmer son rejet d’une quelconque décision internationale qui irait à l’encontre de sa « souveraineté » sur les îles et eaux disputées dans la région, alors que l’on attend les conclusions de la Cour permanente d’arbitrage de La Haye, qui s’est déclarée compétente pour traiter la demande des Philippines. Manille proteste en effet très officiellement contre les agissements de la Chine autour de l’atoll de Scarborough et dans les Spratleys, qui empiètent sur leur intégrité territoriale selon les Philippins.

A noter que selon les médias américains, Barack Obama aurait demandé aux cadres militaires américains de s’en tenir au silence radio sur les conflits territoriaux des mers de Chine, pour ne pas polluer la rencontre. Un rappel à l’ordre qui ciblait principalement l’amiral Harry Harris, chef du Commandement américain dans le Pacifique, monté au créneau pour réclamer une « approche plus robuste vis-à-vis de la Chine », et notamment des patrouilles plus affirmées dans les zones contestées pour défendre la liberté de navigation.

D’après le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, la rencontre au sommet a d’ailleurs contribué à « calmer les tensions », car la délégation américaine se serait engagée à « ne pas prendre parti ». Voeu pieux, voire message subliminal, puisqu’à peine quatre jours plus tard, le 4 avril, ont démarré les plus importants exercices militaires annuels conjoints « Balikatan » jamais organisés sur les rives des Philippines, avec des troupes américaines, australiennes et philippines, alors que le Japon s’est joint à la fête en envoyant un sous-marin dans la baie de Subic, arrivé la veille du démarrage de ces exercices.

Lire les articles du South China Morning Post ici et ; et l’affaire du silence radio sur le site du Washington Post.

Les forces japonaises en goguette en mer de Chine méridionale

Huffington Post – Cette fois, c’est donc fait. Dimanche 3 avril, à la veille du lancement de la traditionnelle opération annuelle d’exercices Balikatan, un sous-marin japonais, escorté par deux navires destroyers, est arrivé dans la baie de Subic, dans les eaux philippines, pour participer (ou du moins assister) aux exercices conjoints menés cette année entre les forces militaires locales, celles de l’Australie et celles des Etats-Unis. Une première depuis quinze ans pour le Japon, et quasiment l’émergence d’un axe régional anti-chinois. Ce retour en mer de Chine méridionale, où les Japonais avaient perdu toute ambition à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, marque une date importante.

C’est d’autant plus vrai que des exercices étaient également prévus dans la foulée dans la baie de Cam Rhan, au large du Vietnam, une première historique pour les Nippons. Et ces derniers avaient également des échanges militaires programmées en Australie de manière concomitante. Mais loin de prétendre restaurer son passé impérial, qui a d’ailleurs laissé un mauvais souvenir à la fois en Chine, au Vietnam et aux Philippines, le Japon assure vouloir apporter son aide à plusieurs puissances régionales, notamment pour la surveillance du trafic maritime autour des endroits les plus disputés de cette mer, alors que les inquiétudes de voir la Chine gagner du terrain dans l’archipel des îles Spratleys agitent les puissances environnantes. Les Japonais semblent en tout cas accueillis les bras ouverts.

Lire l’article d’Asialyst sur le retour « sous-marin » du Japon et un topo australien sur le rapprochement philippino-japonais par le Huffigton Post.

Ashton Carter annonce que les patrouilles ont déjà commencé

The New York Times – Le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, s’est lui aussi joint à la fête. Pour marquer la fin des exercices militaires conjoints organisés aux Philippines, il s’est en effet rendu à Manille et a prononcé un discours vendredi 15 avril, annonçant qu’il rejoignait le jour-même un porte-avion américain croisant en mer de Chine méridionale, l’USS John C. Stennis, dont « certains de ses marins et marines ont pris part avec vous à Balikatan », a-t-il dit.

Au total, environ 7 000 soldats américains, philippins et australiens ont participé à Balikatan, tandis que d’autres, dont les Japonais, auraient « observé » selon CNN. Mais Tokyo aurait témoigné de son envie de participer plus activement aux prochains exercices. Jeudi 14 avril, Ashton Carter a par ailleurs annoncé que les Etats-Unis avaient commencé dès le mois de mars des patrouilles navales communes avec les Philippins dans la zone de toutes les rivalités, mais aussi que Washington laisserait aux Philippines, jusqu’à fin avril, quelque 275 militaires, dont des forces spéciales, et des avions d’attaque au sol A-10.

« En ces temps de changements dans cette région dynamique, et de transitions démocratiques aux Philippines et aux Etats-Unis, nous continuerons de nous tenir épaule contre épaule », a déclaré vendredi Ashton Carter dans son discours à Manille. Nous continuerons de défendre notre sécurité et nos libertés, celles de nos amis et alliés. » Le secrétaire américain à la Défense avait préalablement annoncé un rapprochement avec l’Inde. Les Chinois apprécieront sa visite en Asie.

Lire le point du New York Times sur les manœuvres d’Ashton Carter, de CNN et l’article de CNN Philippines sur la fin des exercices.

Pékin-Manille : intentions chinoises et lucidité philipine

Les Chinois ont-ils l’intention de « poldériser » l’atoll de Scarborough ?

Washintgon Free Beacon – L’information n’est pour l’instant qu’une spéculation, un projet (voire une provocation), elle n’en mérite pas moins la plus grande attention. Et si Pékin, sur le modèle de ses installations développées dans les Spratleys, se mettait aussi à remblayer les hauts-fonds de Scarbourgh, un peu plus au nord en mer de Chine méridionale, pour y déployer ses activités civiles, voire potentiellement militaires ? Le site internet The Washington Free Beacon a lancé le débat mercredi 13 avril :

« Les détails d’un plan de militarisation pour les hauts-fonds de Scarborough ont été obtenus par les agences américaines de renseignement au cours des derniers mois, selon des officiels américains de la Défense. Ces plans ont été confirmés le mois dernier lorsqu’un site Internet dédié aux amateurs de l’armée chinoise a publié un plan détaillé de dragage pour Scarborough, incluant une piste d’atterrissage, des systèmes d’alimentation électrique, des résidences et un port susceptible d’accueillir des navires de guerre. » Le tout accompagné d’un plan visuel particulièrement minutieux.

Si la réalité rejoignait l’assertion, le conflit larvé serait encore plus aigu entre Manille et Pékin au sujet des Spratleys et de cet atoll Scarborough, situé en pleine Zone économique exclusive revendiquée par les Philippines, et pris de force par la Chine en 2012. Car les forces chinoises se retrouveraient nez à nez avec celles des Etats-Unis, qui prévoient un renforcement significatif de leur présence aux Philippines, à quelques encablures de Scarborough. Cela démontrerait aussi que face à la stratégie du fait accompli, le droit international ne pèse pas lourd, puisque c’est l’occupation de cet atoll qui a poussé Manille à solliciter, en 2013, la compétence de la justice internationale.

Les Philippins veulent-ils aussi des sous-marins ?

Agence France-Presse – Et si les Philippines se lançaient dans la course aux sous-marins, à laquelle participent déjà la Chine, le Japon ou encore l’Australie ? L’archipel, très dépendant de l’aide américaine, n’a aujourd’hui pas de force sous-marine. Mais le budget de ses armées augmente, et le président Aquino considère que son pays risque de perdre tout son littoral occidental si les Chinois vont jusqu’au bout de leur logique en mer de Chine du Sud.

« Nous avons dû accélérer la modernisation de nos forces armées pour des impératifs d’autodéfense, a déclaré Benigno Aquino fin mars. Nous sommes un point de transit naturel vers le Pacifique et nous étudions la question de savoir si nous avons besoin d’une force de sous-marins. » Lucide, le président philippine relativise neéanmoins : « Nous n’avons aucune illusion quant à notre capacité à égaler les autres, et aucune volonté de nous engager dans une course aux armements contre quiconque. [Mais] les incertitudes génèrent l’instabilité, qui ne favorise pas la prospérité. »

Par Igor Gauquelin

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