Chine : la possibilité d'une île
Sur la scène diplomatique, l’offensive continue elle aussi. Pékin a peu goûté le rapport publié par l’Union européenne sur le traitement des libraires hongkongais. Des libraires disparus puis réapparus contrits, confessés, auto-critiqués et prêts à abandonner toute publication bannie sur le continent chinois. Pékin s’est fendu d’une mise en garde tonitruante à l’encontre de Bruxelles.
Mais c’est bien sûr en mer de Chine du Sud que la charge se poursuit. Et se crispe. A quelques semaines du jugement de la Cour internationale de La Haye sur la plainte des Philippines contre les revendications chinoises dans toute la zone, Pékin aiguise ses armes. La meilleure défense étant l’attaque, le récif Scarborough, non loin des côtes philippines, est devenu le nouveau terrain de jeu des machines chinoises à poldériser. Au-delà de Manille, le message est pour Washington, qui n’a rien à faire dans la zone que revendique Pékin, cette « ligne à 9 traits » croquée sur une carte de 1947 à Nankin, et qui englobe 90% de la mer de Chine du Sud.
Depuis quelques années se dessine un nouveau chemin dans lequel la Chine de Xi Jinping s’est engagé : celui de l’insularité. La Chine devient une île. Elle ne veut plus guère se soumettre aux normes globales – l’a-t-elle jamais fait d’ailleurs, à part sous la contrainte coloniale… Droit de la mer, droits de l’homme ? Pas chez moi ! Pas sur mon île ! La Chine veut circonscrire son territoire, le poldériser et en faire un vaste îlot artificiel obéissant uniquement à ses règles. Au sens strict et au sens figuré.
Retour sur une semaine en Chine, dans la presse asiatique et internationale.
Lundi 25 avril
Le récif de Scarborough est revendiqué par Pékin, Manille et Taipei. L’accélération des projets chinois intervient après le rapprochement des armées américaines et philippines. La Chine place aussi ses pions à quelques semaines de l’arbitrage de la Cour de la Haye sur ses revendications globales en mer de Chine du Sud. Le Tribunal international a été saisi par les Philippines pour contester la légalité de la revendication chinoise. Le jugement risque de se porter en défaveur de Pékin. Lire notre revue de presse du 20 avril dernier.
Mardi 26 avril
Hier lundi 25 avril, juste avant la sortie du rapport américain, le ministère chinois de la Défense exprimait ses inquiétudes face à Washington qui tente, selon lui, de « militariser » la Mer de Chine du Sud au nom de la « Liberté de navigation ».
Mardi 27 avril
Lundi 25 avril, Bruxelles a en effet publié un rapport très critique sur la situation à Hong Kong, décrivant l’affaire des cinq libraires disparus comme « défiant sérieusement » les principes de gouvernance « d’un pays deux systèmes » prônés par la Chine depuis le retour de l’ancienne colonie britannique dans son giron en 1997. Selon l’Union européenne, cette affaire des libraires pourrait mettre en danger la position de Hong Kong comme centre d’affaires international.
Jeudi 28 avril
L’affaire a donné un nouveau souffle aux appels pour une révision des standards de transparence. Les cinq autres universités publiques de la ville ont, quant à elles, affirmé ne pas détenir de sociétés offshore.
PolyU est dans une situation particulièrement embarrassante car elle n’a pas déclaré ses sociétés offshore dans son rapport financier. Son président a déclaré qu’elles représentaient sa seule alternative viable afin de ne plus se lancer dans des joint-ventures déficitaires. Les membres du conseil on dit ne pas être au courant des liens de l’université avec ces sociétés offshore.
Vendredi 29 avril
Selon le Straits Times qui cite l’AFP, le président chinois enquêterait actuellement sur la Ligue par le biais de la très redoutée Commission centrale de discipline du parti, le bras armé de Xi dans la vaste « lutte anti-corruption » qu’il a lancée en 2013. La Ligue serait suspectée de trafic d’influence et de détournement de fonds, indique le très officiel « Global Times » cité par le quotidien singapourien.
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