Revue de presse Asie - 8 avril 2016

Mao dans les Panama Papers, opposant malaisien accusé et contrat chinois au Pakistan

Un soldat chinois se tient debout devant le portrait de Mao Zedong. Copie d'écran du Straits Times, le 8 avril 2016.
Un soldat chinois se tient debout devant le portrait de Mao Zedong. Le petit-fils du "président Mao", Chen Dongsheng est impliqué dans le scandale des Panama Papers : il détient une entreprise domiciliée sur les Îles Vierges britanniques. Copie d'écran du Straits Times, le 8 avril 2016.

Asie du Nord-Est

Straits Times – Ah si les Chinois savaient… Alors que Pékin continue de censurer le scandale international des « Panama Papers » dans les médias chinois, c’est au tour de l’un des symboles de la Chine d’être touché par l’onde de choc globale. Des membres de la famille de Mao Zedong et de l’ancien chef du Parti communiste chinois, Hu Yaobang, sont liés à des sociétés-écrans par les « Panama Papers ». Le directeur de Keen Best International, l’une des firmes offshore mentionnées dans les documents, ne serait autre que le mari d’une des petites-filles de l’ancien président du PC chinois. Les « Panama Papers » ont déjà révélé que le président actuel Xi Jinping arrive en tête d’une liste de huit membres du politburo chinois, anciens ou actuels, impliqués indirectement dans le scandale.
Mainichi Shimbun – À 14h35 ce mercredi 6 avril, un jet de type U-125 disparaissait des radars, avec à bord 6 pilotes des forces aériennes d’Auto-défense de la base de Kanoya. Les militaires avaient été mobilisés pour la recherche des survivants depuis mercredi. Les corps sans vie des deux derniers membres de l’équipage ont été retrouvés ce vendredi matin 8 avril, sur le mont Takakuma dans le département méridional de Kagoshima. Un incident « extrêmement regrettable » selon le ministre nippon de la Défense Gen Nakatani qui s’est exprimé aujourd’hui. C’est dans un rayon de 200 à 300 mètres que les débris de l’appareil ont été retrouvés dans cette montagne du sud du Japon. L’enregistreur de bord sera analysé pour établir les causes de ce tragique événement. Le nom des victimes a été publié dans la presse japonaise, et l’on attend une cérémonie d’hommage. Le dernier accident de ce genre remonte à l’année dernière, où trois pilotes étaient décédés dans un accident localisé dans le département de Miyazaki voisin de Kagoshima. Et à nouveau, l’appareil avait pour base d’atterrissage Kanoya.
Korea Times – La Corée du Nord n’en finit plus de menacer le monde, et bien sûr la Corée du Sud. Dans une énième série de provocations, les foudres de Pyongyang se sont abattues sur la présidente sud-coréenne Park Geun-hye, qui achevait un voyage de deux jours aux Etats-Unis et à Mexico. Selon le Korea Times, avec un art consommé de la rhétorique belliqueuse, la Corée du Nord, furieuse des déclarations de Park Geun-hye qui a appelé à un durcissement des sanctions contre son turbulent voisin, l’aurait cette fois-ci traitée de « gnome » et de « démon ». Les insultes ont provoqué la réaction immédiate de Séoul qui a derechef sommé Pyongyang de « mettre immédiatement fin à ces invectives et menaces infondées et de bien comprendre que son arsenal balistique et nucléaire ne suffirait pas à garantir sa survie ». Rappelons que, quelques jours plus tôt, la Corée du Nord avait menacé de réduire en cendres la Maison bleue, demeure présidentielle et siège du gouvernement à Séoul.

Asie du Sud-Est

Channel News Asia – Dernier rebondissement en date dans l’interminable scandale financier qui secoue la Malaisie depuis des mois, l’arrestation le 8 avril de Rafizi Rali, député de l’opposition malaisienne. Ce dernier, rapporte Channel News Asia, a été inculpé pour violation de la loi sur les secrets officiels et la diffamation. Rafizi, vice-président du Parti de la Justice populaire (Parti Keadilan Rakyat, PKR), a en effet révélé la semaine dernière les difficultés rencontrées par un fonds de pension en raison de l’endettement de la société publique 1Malaysia Development Berhad (1MDB) à hauteur de 10 milliards d’euros. L’opposant, qui encourt une peine d’une année de prison et la perte de son siège au Parlement, est victime de la chasse aux sorcières que le Premier ministre Najib Razak, largement impliqué dans le scandale et accusé de corruption, mène contre les lanceurs d’alerte. « Un nouveau clou dans le cercueil de la transparence et de la responsabilité du gouvernement, en violation flagrante des droits de Rafizi », a déclaré Phil Robertson, directeur adjoint en Asie de l’ONG Human Rights Watch.
Matichon online (en thaï) – Les autorités thaïlandaises se sont montrées au départ très prudentes après la publication par plus d’une centaine de journaux à travers le monde des « Panama Papers ». Mais, selon le Matichon, l’onde de choc qui secoue la planète ces derniers jours – emportant dans son mouvement le Premier ministre islandais Sigmundur David Gunnlaugsson et déstabilisant son homologue britannique David Cameron -, a fini par atteindre les rivages thaïlandais. L’agence officielle anti-blanchiment a annoncé ce vendredi 8 avril une enquête concernant 16 politiciens et hommes ou femmes d’affaires thaïlandais, dont les noms sont listés de manière répétée dans les documents des « Panama Papers ».
Myanmar Times – D’après le Myanmar Times, le projet chinois de construire la plus grande raffinerie de pétrole du Birmanie dans la zone économique spéciale de Dawei au sud du pays, projet estimé à plus de trois milliards de dollars, soulève des interrogations sur les réelles intentions de Pékin dans la région. Le projet se heurte en effet aux autres intérêts régionaux, notamment aux intentions de la Thaïlande et du Japon d’investir dans cette zone stratégique située entre la Thaïlande et la mer d’Andaman. Les experts émettent non seulement des doutes sur la possibilité réelle de construire un port en eaux profondes à Dawei mais s’inquiètent de la viabilité économique de la raffinerie sachant qu’il n’y a à ce jour aucun projet d’oléoduc reliant la Chine à la Thaïlande. Le quotidien birman rappelle que l’accord a été signé in extremis à Naypyidaw le 29 mars, soit le dernier jour du gouvernement de Thein Sein. Mais tout espoir n’est pas perdu, soulignent les opposants : les arguments, environnementaux notamment, ne manquent pas à Aung San Suu Kyi pour s’y opposer. Question de volonté.
Tempo – L’Indonésie souhaite attirer plus de touristes en provenance de nations musulmanes. Il est capital, précise le quotidien indonésien Tempo, que le pays à la plus grande population musulmane au monde, devienne aussi la première destination touristique halal de la planète. Et fasse même mieux que la Malaisie voisine. Dix provinces et régions ont donc été désignées comme destinations privilégiées à Java, Sumatra, Kalimantan et les îles de la Sonde. Le ministère indonésien du Tourisme souhaite avant tout mettre l’accent sur la province d’Aceh à Sumatra. « Contrairement à ce que l’on croit trop souvent parce qu’il respecte la charia, le tourisme halal n’est pas destiné aux seuls musulmans, souligne un haut responsable, mais s’adresse à tous les touristes de toutes les confessions. Dans le terme halal, on comprend toute une destination, sa culture et ses attractions culinaires et touristiques. » Un tourisme à vocation universelle qui ne cache toutefois pas ses intentions : attirer les riches vacanciers du Moyen-Orient.

Asie du Sud

Times of India – L’industriel indien Vijay Mallya a « délibérément enfreint la loi » pour les banques indiennes. L’homme d’affaires qui figure dans les « Panama Papers » est directement lié à une société installée dans les Îles Vierges britanniques et opérationnelle depuis 2006. Les avoirs de Mallya dans des paradis fiscaux avaient déjà attiré l’attention du journal après la comparution de ce dernier devant la Court suprême du Karnataka à Bangalore en 2014. Il avait été fait allusion à un possible détournement de 40 milliards de roupies (527 millions d’euros) vers une filiale aux Îles Vierges britanniques. Pour l’homme d’affaires non domicilié en Inde, les « Panama Papers » ne font que s’ajouter à la liste de ses infractions fiscales et financières. Il doit en effet encore rembourser un emprunt de 90 milliards de roupies contracté auprès de banques publiques indiennes et qui avait gonflé la dette publique du pays. La société écran de Mallya est directement connectée à une entreprise, Porticullus Trust Net, gérant des comptes offshore depuis les Îles Cook et qui fournissait un prête-nom à l’industriel ainsi qu’à d’autres sociétés exploitées par des ressortissants indiens. À New Delhi, la Commission des titres et des changes enquête sur d’autres sociétés offshore que pourrait diriger Mallya.
Dawn – 2 milliards de dollars. C’est le montant des contrats conclus entre le Pakistan et des entreprises chinoises du Xinjiang, lors de la visite de hauts responsables de la région. L’an passé, Pékin et Islamabad ont déjà passé un accord de 46 milliards de dollars pour développer un couloir économique entre les deux pays. Corridor crucial dans le projet de « nouvelle route de la soie » porté par le président chinois Xi Jinping. La zone de libre-échange dans le port de Gwadar et les nouvelles routes pakistanaises doivent faciliter l’export des marchandises chinoises vers l’Europe et le Moyen-Orient pour la région enclavée du Xinjiang.
Une fois encore, la Chine et le Pakistan cherchent à faire la démonstration de leur « amitié de tout temps ». Une amitié renforcée par leur méfiance à l’égard de l’Inde mais qui ne fait pas oublier les demandes du Xinjiang qui souhaite que le Pakistan se débarrasse des militants chinois qui se trouveraient à la frontière pakistano-afghane. La coopération dans la lutte contre le terrorisme, le renforcement des contrôles frontaliers, la stabilité régionale et la mise en place du corridor économique étaient également à l’ordre du jour de la rencontre entre Zhang Chunxian, le chef du Parti communiste provincial du Xinjiang et le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif.
Hiru News« Le Sri Lanka n’est ni pro-Inde, ni pro-Chine » affirmait en avril 2015 le Premier ministre sri-lankais Ranil Wickremesinghe, tout juste investi. Un an après, alors que Colombo tâche d’équilibrer ses relations avec Pékin et New Delhi, le chef du gouvernement, en visite en Chine, a conclu hier, jeudi 7 avril, sept accords avec le gouvernement chinois. Ils portent, entre autres, sur l’extradition de criminels avérés, la coopération scientifique et un mémorandum d’entente entre la Banque chinoise de développement et la Banque centrale du Sri Lanka. Le Premier ministre a rencontré son homologue chinois qui a appelé au développement de la coopération pragmatique entre les deux pays, allouant au passage une subvention de 500 millions de yuans (67 millions d’euros) au Sri Lanka pour accélérer son industrialisation et symboliser l’amitié entre les deux pays. Le projet controversé du port de Hambantota, surveillé de près par l’Inde, a également été remis sur la table par le Premier ministre chinois qui souhaite voir les négociations s’accélérer. Lors de cette visite, le Premier ministre du Sri Lanka doit également rencontrer le président Xi Jinping et le président du Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale.
Par Joris Zylberman, Juliette Morillot, Juliette Buchez et Ryôma Takeuchi, avec Arnaud Dubus à Bangkok et Anda Djoehana Wiradikarta à Paris

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