Non M. Trump, la Chine n'est pas responsable de la désindustrialisation
Les enjeux de la désindustrialisation
Si elle a également diminué, la part de la valeur ajoutée manufacturière dans le PIB reste plus élevée car la productivité dans ce secteur dépasse celle des services. La désindustrialisation est la conséquence d’évolutions qui relèvent de la macro-économie (écarts de productivité entre secteurs) et de la micro-économie : en se concentrant sur leurs métiers, les entreprises externalisent des activités de services – ainsi la logistique, la distribution – qui auparavant relevaient du secteur manufacturier.
Longtemps considérée comme un phénomène normal et inéluctable, la désindustrialisation des pays avancés inquiète. Elle devient synonyme d’affaiblissement car l’essor des activités de services ne pallie pas les conséquences de la baisse du secteur manufacturier. En effet, si les échanges de services progressent, ils ne représentent qu’un quart des exportations, trois fois moins que les exportations manufacturières. Aussi la désindustrialisation contribue-t-elle à creuser le déficit de la balance commerciale. L’industrie assure également les trois quarts des dépenses de R&D ; à l’ère de la cybersécurité, la fabrication des sous-marins, d’avions ou de drones reposent sur l’industrie. Enfin, alors que l’industrialisation a accompagné la montée des classes moyennes, la désindustrialisation contribue à réduire leur place tout en creusant les inégalités. Autant de raisons qui plaident pour des politiques de ré-industrialisation.
La faute à la Chine ?
En 1990, la Chine assurait 1,8 % des exportations mondiales et le même pourcentage des exportations manufacturières. Commencé à cette époque, le démarrage de ses exportations s’est accéléré après 2000 lorsque la désindustrialisation des pays avancés était déjà bien avancée. On ne peut donc pas accuser la Chine de l’avoir provoquée. Des études menées aux Etats-Unis ou en France montrent que l’impact de la concurrence chinoise est sensible depuis l’entrée de la Chine à l’OMC en 2001. Selon David H. Autor, elle expliquerait la suppression de 2 millions d’emplois manufacturiers, la moitié des pertes enregistrées entre 2000 et 2015. Dans le cas allemand, les échanges avec la Chine ont eu un impact bien plus modeste que les échanges avec l’Europe centrale. L’industrie française a perdu en moyenne 71 000 emplois par an depuis 2000 dont un tiers s’expliquerait par le commerce extérieur.
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