“Le 11 mars 2011, les secousses duraient et gagnaient en puissance”
Cinq ans après il revient sur cette catastrophe qui reste gravée dans sa mémoire. Interview.
Je n’ai pas eu peur, à ce moment comme à chaque étape de la catastrophe. Je n’ai pas cessé de tâcher de me concentrer sur les problèmes auxquels nous étions confrontés : il fallait trouver un toit suffisamment robuste, les répliques étant incessantes, trouver de l’eau potable (les premiers jours), trouver de la nourriture (les premières semaines), trouver de l’eau chaude pour se laver (les premiers mois)… En parallèle, je devais faire ce que je pouvais pour la communauté française et pour le futur de mon travail à l’Alliance française.
Je tenais les services de l’Ambassade informés de la situation de nos compatriotes restés sur place et relayaient leurs demandes, et aussi leurs inquiétudes quant à l’évolution de la situation à Fukushima. En parallèle, je devais remettre sur pied l’Alliance française, dont l’intérieur avait été durement touché par les secousses.
J’ai été fortement marqué par mes conversations avec certains de ces Français, qui m’exposaient leur situation et me demandaient de l’aide. Ils souhaitaient que je leur dise ce que je ferais à leur place… J’étais célibataire sans enfant à l’époque et j’avais choisi d’avoir peu de contacts avec ma famille (et de ne pas écouter leurs demandes…) afin de pouvoir me concentrer sur mon travail pendant cette crise. Difficile pour moi de me mettre à leur place ! Mais je sais que pour ceux qui m’ont parlé, cela leur a fait du bien : j’avais une position neutre mais connaissais les données de leur problème. En aucun cas, je ne portais de jugement sur le choix qu’ils s’apprêtaient à faire, quelque qu’il soit.
Il y a eu des retours définitifs en France, comme des déménagements vers d’autres régions à l’ouest du Japon. Certains sont partis très rapidement après la catastrophe, d’autres ont mis plusieurs mois voire plusieurs années, en fonction du degré de préparatifs. Il fut pour ces Français très difficile de quitter une région qu’ils aiment, dans laquelle ils vivaient depuis longtemps.
En ce qui concerne les étudiants français, il me semble que tous sont partis juste après la catastrophe. Une grosse partie d’entre eux sont revenus (les chercheurs en particulier), mais quelques uns n’y ont pas été autorisé par leur université.
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