Spéciale Vesoul : "Ningen", une histoire pleine d’humanité
Inséparables, ils ont réalisé depuis leur rencontre neuf films originaux, basés sur le voyage et la rencontre et entièrement tournés avec des amateurs à partir de leurs propres histoires mises en scénario. Tous leurs films ont à voir avec l’Asie.
Guillaume Giovanetti (GG) : Cela a été une excellente surprise et nous nous sommes dit que nous devrions poursuivre. Nous avons alors rapidement écrit un projet de long métrage où Yoshino-san pourrait jouer un rôle important et nous avons eu la chance d’être sélectionnés pour une résidence à la villa Kujoyama – l’équivalent de la villa Médicis en version japonaise – ce qui nous a permis de rester six mois à Kyoto en 2010.
GG : Nous travaillons toujours avec des non professionnels. Nous passons également toujours beaucoup de temps avec eux avant le tournage ; et c’est ce que nous avons fait à Kyoto. Nous n’avons d’ailleurs pas tourné le film pendant notre résidence mais plus tard, lorsque nous y sommes retournés.
Concernant la question des mythes, Yoshino-san et Ayukawa-san nous en ont évoqué un autre : celui de Izanami et Izanagi, une histoire d’amour très forte à la base de la création du Japon selon la mythologie shintô (et qui est comparable au mythe d’Orphée pour les occidentaux, ndlr). Quand ils font l’amour, des montagnes apparaissent dans la mer…
Le Japon en soi mélange le contemporain et l’archaïque. Le traditionnel est toujours très présent même dans une entreprise très moderne. Nous l’avons senti tout de suite et nous avons voulu mettre cette coexistence entre ces deux mondes dans le film.
GG : Lorsque nous étions à Kyoto, nous passions un tiers de notre temps dans les bars, un tiers dans la clinique et le reste dans une forêt profonde près d’un sanctuaire shinto.
Tout ceci se retrouve dans le film.
C’est un personnage très attachant. Il est facile à cerner au départ, mais petit à petit on voit que ce n’est qu’une vitrine et que, derrière, il peut spontanément fondre en larmes, comme lorsqu’il parle de son ex-femme par exemple. C’est grâce à lui que la sauce a vraiment pris car c’est lui qui a fait comprendre au renard et au raton laveur que la chose la plus importante ce n’est pas l’argent mais l’amour.
GG : Pendant le tournage, lors de la première séquence, il prenait les choses à la légère. Mais au fur et à mesure, il a compris comment cela pouvait l’aider.
GG : Tous nos films ont un rapport avec l’Asie ; même ceux que nous avons tournés en France. Ata (2008) par exemple se passe en Allemagne et raconte la rencontre entre une urbaniste architecte turque et un ouïghour lorsqu’elle rend visite aux jardins ouvriers de Berlin. Egalement, notre premier long métrage Noor (2012) a lui été tourné au Pakistan.
CZ : Noor raconte l’histoire d’un membre de la communauté des transgenres qui ne veut plus l’être et qui va essayer d’aller trouver des fées sur un lac pour leur demander de changer. C’est un road movie moderne (disponible en dvd, ndlr).
C’est à partir d’eux que nous écrivons nos histoires, parce que les extrêmes sont un bon moyen de comprendre la société. Vous savez ce que la société exclue, et donc vous avez une idée claire de ce que la société est.
GG : En Asie, nous allons chercher des choses que nous n’avons pas ici et qui nous intéressent. En plus, le rapport avec l’étranger y est très simple : on arrive dans un village et on termine dans la maison de gens qui nous donnent leur lit ! C’est quelque chose qui nous fait plaisir et qui nous permet de trouver la matière de nos films.
CZ : Je pense que nous avons la bonne distance au sujet, au pays. C’est ainsi que l’on peut voir ce qui ne va pas, en étant à l’intérieur, sans être dans le quotidien.
GG : Nous ne voulons surtout pas donner un point de vue extérieur. Il faut s’immerger complètement auprès des habitants pour ne pas dire de bêtises !
CZ : Grâce à sociabilité de Guillaume et à son talent pour les langues, nous pouvons rencontrer les locaux et ainsi arriver au cœur du pays, de ces traditions.
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