Corée du Nord : "La bombe est perçue comme une question de survie pour le régime"

(Cet entretien publié aujourd’hui 18 février a été réalisé avant la fermeture de la Sez de Kaesong le 11 février 2016 suite aux déclarations du porte parole du gouvernement sud-coréen qui entendait priver Pyongyang des « millions de dollars qu’il prélève sur les salaires de ses ouvriers » afin d’empêcher que les investissements faits par le sud ne soient utilisés par la Corée du nord pour financer son programme nucléaire – voir notre revue de presse du jour Ndrl.)
Contexte
Membre du parlement européen de 1984 à 2009, Glyn Ford est le fondateur et le directeur exécutif de POLINT, une agence de conseil en affaires publiques. Pendant son mandat à Bruxelles, il a été membre de la délégation japonaise ainsi que de la délégation chargée de la péninsule coréenne. Auteur de « North Korea on the Brink: Struggle for Survival » (Pluto Press, 2008), Glyn Ford se rend en moyenne deux fois par an en Corée du Nord, son dernier voyage remonte à septembre dernier.
Selon Pyongyang, le problème de ces pays est qu’il ne disposaient pas d’armes de destruction massive qui auraient empêché – je simplifie énormément bien sûr – une intervention des Américains. Le régime nord-coréen sait qu’il ne gagnera pas avec des armes conventionnelles : les USA, le Japon et la Corée du Sud ont un budget de la défense qui dépasse d’au moins 50 fois le leur. Comme jusqu’à présent, la Corée du Nord a perdu toutes ses batailles, la seule solution de leur point de vue je répète, est de poursuivre le programme nucléaire. En plus, il faut rappeler que pour la plupart des pays du club atomique, il a fallu entre 6 et 8 essais avant de développer la bombe.
« Aux yeux des dirigeants nord-coréens, les réformes économiques sont liées à l’avancée du programme nucléaire »
Aux yeux des dirigeants nord-coréens, les réformes économiques sont donc liées à l’avancée du programme nucléaire. Ils ont besoin de l’arme atomique (pour maintenir le régime, ndlr). Pour l’instant ce problème de manque de main d’oeuvre n’est pas une priorité, mais cela pourrait le devenir. Ce problème de la main d’œuvre reste donc « en puissance » puisqu’ils n’en ont pas actuellement besoin car l’économie ne se développe pas rapidement. Mais s’ils devaient lui donner une impulsion, comme ce fut le cas de la Chine il y a vingt ans, alors ils auront besoin de main d’œuvre. Mais cela est difficile à réaliser à cause des sanctions et du manque d’investissements
Il existe également une autre zone économique spéciale qui s’appelle RASON (Rajin-sonbong) et qui se trouve vers la frontière sino-russe. Il s’agit d’une zone qui fait la surface de Singapour, dont l’accès est protégé par des barbelés. Elle est composée majoritairement d’investissements chinois.
Mais tout cela peut changer. Les sanctions vers le régime vont être rediscutées aux Nations Unis début février. Suite aux tests nucléaires, le conseil des Nations Unies compte adopter de nouvelles résolutions.
Soutenez-nous !
Asialyst est conçu par une équipe composée à 100 % de bénévoles et grâce à un réseau de contributeurs en Asie ou ailleurs, journalistes, experts, universitaires, consultants ou anciens diplomates... Notre seul but : partager la connaissance de l'Asie au plus large public.
Faire un don