Cambodge : un Bouddha de bronze et autres récits
Ce fût Olivier, l’excellent libraire de l’Alliance Française de Bangkok qui me proposa ce livre, un recueil de trois nouvelles se déroulant dans le Cambodge d’aujourd’hui.
La brève biographie de Romel, en dernière de couverture, m’informa simplement qu’il était né en France, à Versailles, et que dès 1972 il avait jeté son dévolu sur l’Asie, la Chine en premier lieu. Puis qu’en 1992 il “posa ses valises au Cambodge pour se consacrer a l’écriture”.
Et manifestement ce Monsieur Romel a l’étoffe d’un grand écrivain !
Je soupçonne même que ses nouvelles ne soient pas que de la pure fiction. On y sent le vécu. On respire la moiteur des saisons chaudes.
Aux commandes du Chenla le taciturne capitaine Bun Ly. Tous ces “braves” gens sont au service de l’auteur en quête d’un bouddha de bronze. Notons que cette madame Rath n’est pas n’importe qui. Avant la “catastrophe Khmers rouges” elle travaillait au Musée National. Ainsi, c’est elle qui informa son client de l’existence, dans un village de la province de Kratie, du bouddha de bronze qu’ils finiront du reste par trouver.
La nouvelle qui suit me fait elle plutôt penser à une sorte d’opéra bouffe, à la Offenbach. Le héros d’”Un académicien à Angkor” ne connaît manifestement pas grand chose au Cambodge ; ce pays où un grand magazine français l’a envoyé en reportage, accompagné d’un photographe talentueux et cher. Celui-ci est en plus l’ami du Président de la République, un certain Jacques.
Enfin vient la plus importante nouvelle – qui occupe presque la moitié de l’ouvrage – qui est aussi la plus sérieuse, tragique même. Il y est question du colonel Robert Steton, un soldat américain resté au Vietnam après la fin de la guerre. Et également d’une recherche de supposés prisonniers américains toujours détenus.
C’est là que le talent de Romel éclate. Et que ses écrits rejoignent mes propres souvenirs.
Dans les années quatre-vingt en effet, je me souviens que l’on m’a maintes fois proposé à Phnom Penh – contre des sommes folles que je n’ai évidement jamais payé – des “dog tags” (soit des plaques d’identifications militaires) de soldats américains portés disparus au combat ( missing in action MIA) ou prisonnier de guerre (prisoner of war POW).
Elles étaient bien entendu toutes fausses car à l’époque, il y avait une véritable “industrie” qui s’était développée au Vietnam et au Cambodge pour fabriquer des preuves soit disant irréfutables de l’existence de prisonniers encore détenus dans de mystérieuses prisons au fond des jungles du Nord.
Pour autant pour partir à la recherche de ces hommes il y eu des aventuriers, comme James Grodon “Bo” Grits – cité par Romel – qui ont pénétré (certes pas très loin) dans les pays communistes (Vietnam et Laos) pour en revenir avec des os de poulets ou de chien.
Et puis il y a Michel Martin, qui donne son nom à ce troisième récit. Personnage profondément attaché à ces hauts plateaux qui sont son unique et vraie patrie.
C’est grâce aux deux pages de remerciements, en fin d’ouvrage, que j’ai découvert l’identité de Romel à qui j’ai promis le secret. En fait nous nous connaissions. Un indice: nous aimons tous deux le whisky Lagavulin 16 ans d’âge.
Romel,Le Bouddha de bronze et autres récits, Arconce Editions, 2013
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