Revue de presse économique - 8 janvier 2015

L'Eco de la presse asiatique

Valse boursière en Chine
Valse boursière en Chine. Copie d'écran de Xinhua Net, le 4 janvier 2016.
Le péril jaune est de retour. Combien de titres cette semaine sur la dégringolade des bourses en Europe ou aux Etats-Unis entrainées par la chute des places financières chinoises ? Shenzhen et Shanghai toussent et c’est Wall Street qui s’enrhume. Après avoir été accusée d’expansionisme voir d’impérialisme économique, voilà que la Chine est critiquée quand son économie marque le pas. Il est vrai que tous les indicateurs sont aux rouges et que les pays voisins de la Chine ont de quoi s’inquiéter. Les bonnes résolutions sont empreintes de pessimisme en Indonésie, en Thailande ou chez le constructeur automobile sud-coréen Hyundai. Malgré une croissance chinoise au ralenti, certains parviennent toutefois à tirer leur épingle du jeu. Huawei vient de dépasser la barre des 100 millions de smartphones vendus et le groupe Wanda entend racheter le producteur de Jurassic Park.

Les bourses chinoises plongent à nouveau

Bourse : valse chinoise

South China Morning Post – 4.01.2016 – Voilà longtemps que les krachs boursier n’attendent plus les fins de semaine. Cette fois encore, le « vendredi noir » des bourses chinoises est tombé un lundi. Et c’est pour éviter la chute finale justement que les places financières de Shanghai et de Shenzhen ont été contraintes de fermer en cours de séance ce lundi 4 janvier. 14 minutes après l’ouverture du marché et après une plongée spectaculaire des cours de 7 %, tout s’est arrêté, raconte Quartz. Le mécanisme mis en place pour tenter de stopper la débâcle des marchés l’été dernier interdit en effet aux actionnaires possédant plus de 5% dans une entreprise cotée de vendre leurs titres, souligne le South China Morning Post. Cet effondrement survient suite à la publication d’indicateurs témoignant d’une nouvelle contraction de l’activité manufacturière en décembre en Chine. Immédiatement, les places mondiales ont mal réagi. Les marchés européens ont ouverts en sévère repli, même chose à Wall Street.

Chine : instabilité boursière et dépréciation du yuan

Asia Times – 07.01.2015 – A croire que l’Asia Times a voulu réunir les Cassandre, tous les experts interrogés par le journal ne voient guère d’espoir d’amélioration dans les mois qui viennent. Les cours vont rester extrêmement instables et le yuan va continuer de se déprécier, estime notamment Brian Jackson, analyste au cabinet HIS Global Insight. « La volatilité des marchés boursiers est presque une certitude pour la première moitié de 2016, affirme-t-il. Cela compte tenu de la diminution de la croissance du PIB et de la pression continue à la baisse sur le taux de change. »

Selon Ben Luc chez JP Morgan Asset Management, « les investisseurs doivent garder à l’esprit que la chute des actions en Chine est davantage corrélée à des facteurs psychologiques de court terme plutôt qu’aux fondements de l’économie chinoise. Pour de nombreux analystes, le nouveau plongeon jeudi des actions chinoises serait une réplique de la crise boursière de l’année dernière qui pourrait continuer d’ébranler les marchés dans les mois qui viennent. »

Chine : les aléas de la bourse font sourire les réseaux sociaux

South China Morning Post – 07.01.2016 – L’humour jaune des internautes chinois vaut largement l’humour noir de certains caricaturistes occidentaux. C’est une véritable pluie d’images détournées qui s’abat depuis le début de la semaine sur les réseaux sociaux, pour moquer le mécanisme de régulation et d’interruption des ventes en cas de chute brutale des cours. Je vous invite à aller voir ces images sur le site du quotidien anglophone de Hong Kong, mais globalement l’esprit est assez critique vis-à-vis d’un système accusé d’alimenter la crise plutôt qu’il n’aide à la résoudre. Pékin a d’ailleurs suspendu ce système automatique de coupe-circuit boursier lancé l’été dernier.

Bonnes résolutions et préparation de Davos

Corée du Nord : le chef de la diplomatie à Davos

Yonhap News – 04.01.2016 – Du Choson Ilbo, au Korea Herald, en passant par Asia One, tout le monde reprend l’information sortie par l’agence de presse sud-coréenne selon laquelle une délégation nord-coréenne a confirmé sa venue à Davos du 20 au 23 janvier prochain. C’est la première fois depuis 18 ans que Pyongyang est représenté au Forum économique mondial annuel. La délégation nord-coréenne sera conduite par le ministre des Affaires étrangères Ri Su-yong. Pour beaucoup d’experts, cette réapparition dans le concert des économies est le signe de la nouvelle priorité donnée à l’économie par les dirigeants nord-coréens. Dans son discours de Nouvel an, le leader Kim Jong-un a mis l’accent cette année sur l’amélioration des conditions de vie de la population. L’idée serait ainsi d’attirer les investissements, sachant que le Parti des Travailleurs de Corée doit se réunir en congrès en mai prochain, pour la première fois en trois décennies. L’occasion de faire des annonces et de proposer des réformes et un changement de cap économique. Une manière aussi de souffler le chaud et le froid, comme en a l’habitude le régime nord-coréen, après un 4ème test nucléaire mercredi qui a déclenché les critiques de toutes les capitales.

Economie Indonésienne : un « optimisme prudent »

The Jakarta Post – 04.01.2016 – L’heure est aux bonnes résolutions et, s’ils n’y avaient pas pensés, vos journaux cette semaine ont des suggestions à faire aux dirigeants. C’est le cas d’Adam Schwarz dans les pages opinion du Jakarta Post. Notre confrère commence par un bilan de l’année écoulée et des premiers pas du président Joko Widodo : « 2015 lui a servi d’introduction éclaire à la scène politique nationale et à toutes ses subtilités. » La constitution d’un nouveau gouvernement restreint a permis de repenser l’économie, mais des réformes restent à faire dans un « contexte économique difficile », poursuit le chroniqueur du Jakarta Post. Du coup, « l’humeur indonésienne pour cette nouvelle année reste celle d’un optimisme prudent ».

Objectif en 2016 : le chef de l’Etat indonésien doit prendre de l’épaisseur à l’international. « Ce n’est clairement pas l’homme de Davos. Le chef de l’Etat n’aime pas les cérémonies et tout le faste de la présidence, il préfère rester en dehors des spotlights. Cela a souvent été mal interprété, souligne le quotidien. Certains y ont perçu de la passivité ou un manque d’expérience. »

Thaïlande : 2016, une année diplomatique et économique « difficile »

South China Morning Post – 05.01.2016 – Ce n’est plus une patate chaude, mais brûlante. « Les diplomates thaïlandais devront faire face à des moments difficiles cette année, euphémise The Nation, et cela en raison principalement de la contradiction et de l’incohérence manifeste du gouvernement, notamment en ce qui concerne les violations des droits civils et politiques. (…) Bien que le Premier ministre Prayuth Chan-ocha ait fait des promesses engageantes concernant justement le respect des droits de l’homme et des valeurs démocratiques, la mise en œuvre de ces promesses est encore très loin d’être satisfaisante. »

La Thaïlande devrait pouvoir en mesurer les conséquences rapidement note le journal, et notamment lorsque les 193 membres de l’ONU voteront pour combler les sièges non permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies pour 2017. Une épreuve pour les diplomates dans un pays qui a déjà mal commencé l’année en terme d’image visi-à-vis de l’étranger. Davos vient de retirer son invitation à Prayut en tant que « conférencier d’honneur ». Le Forum économique mondial a préféré opter pour d’autres dirigeants régionaux tels que le président indonésien Joko Widodo et le Premier ministre malaisien Nadjib Razak, constate The Nation qui y voit « un mauvais présage ».

Le modèle suédois dans le Times of India

The Times of India – 08.01.2016 – A Göteborg, « grande ville de Suède », précise le quotidien anglophone, les dirigeants d’un centre Toyota ont affirmé que la société avait vu son chiffre d’affaire augmenter suite à la réduction des heures de travail il y a plus d’une décennie. Et oui, « le travail c’est la santé, ne rien faire c’est la conserver », dit la chanson populaire même si cela reste encore à prouver. En fait, aucune étude n’a encore mesurée avec exactitude les conséquences de ces journées de 6 heurs travaillées et « le modèle suédois pourrait être moins révolutionnaire qu’il n’y parait », écrit le Times reprenant une enquête de The Independent.

Ce qui ne veut pas dire non plus qu’il s’agisse d’un « mythe », explique Tara Sinclair, un analyste cité par le journal : « Les Sudéois sont déjà habitués à un équilibre vie familliale – travail important, explique ce dernier. La journée de travail de 6 heures n’est donc absolument pas choquante pour eux. » Un modèle qui s’oppose à une flexibilité accrue du temps de travail partout ailleurs dans le monde et notamment dans les pays anglo-saxons. Là, pour le coup, les conséquences sont connues : l’allongement des heures de travail entraînent une augmentation des maladies cardiaques, expliquait récemment la revue médicale Lancet. Les entreprises appliquant la journée de 6 heures n’ont pas fait part de leur côté d’une baisse de leur productivité.

En revanche, « les psychologues préviennent que des journées ouvrées plus courtes peuvent aussi rajouter de la pression sur les employés qui doivent faire plus en moins de temps ». Avec là aussi des risques pour la santé selon Gail Kinman, professeur de psychologie du travail à l’Université de Bedforshire cité par le journal. « Ce qui n’est pas un mythe, écrit un lecteur du Times of India à la plume visiblement énervée, c’est que la journée de 8 h en Inde fait en réalité 12 à 14 heures pour certains ingénieurs, et parfois 7 jours sur 7. » Et puisqu’on parle de « mythe » je vous invite à lire la longue et passionnante tribune de Rahul Jacob dans le Business Standard, cette fois consacrée au « mythe » des bienfaits de la démographie en Inde.

Un Chinois à Hollywood et Sécurité sud-coréenne dans les airs

Le Chinois Wanda veut racheter Hollywood

South China Morning Post – 05.01.2016 – Ce n’est pas le producteur du dernier Star Wars, mais celui de Batman, Godzilla ou encore Jurassic World qu’entend s’offrir Dalian Wanda. Le géant chinois spécialisé dans l’immobilier et le divertissement est actuellement en négociations pour une prise de participation dans les studios américains Legendary Entertainment, manière de mettre un pied dans Hollywood. Wang Jianlin, le patron de Wanda n’en est pas à son coup d’essai. En 2012, il a racheté les salles de cinéma AMC Entertainment pour près de 2,4 milliards d’euros aux Etats-Unis. En juin dernier, le Quotidien du Peuple signalait le rachat du groupe australien Hoyts qui possède 450 écrans en Australie.

Wanda entend investir également 2,15 milliards d’euros dans les hôpitaux chinois.

China Money Network – 06.01.2016 -On le répète en cette période de vœux : Il n’y a pas que le divertissement dans la vie, la santé compte aussi. Après l’immobilier et le cinéma, c’est dans les hôpitaux qu’entend investir le groupe Wanda. 2,3 milliards de dollars vont être investis par le conglomérat chinois qui entend confier la gestion de son futur parc hospitalier à une société britannique. Trois villes ont été ciblées pour ces investissements, le port de Qingdao à l’Est, Shanghai et Chengdu la capitale de la province du Sichuan à l’Ouest. Selon Wang Jianlin, le patron du groupe qui est aussi l’homme le plus riche de Chine, il s’agit de fournir des soins répondants « aux standards internationaux » en matière de santé.

Sécurité aérienne en Corée du Sud : les compagnies à bas coûts dans le collimateur des inspecteurs

Korea Portal – 04.01.2016 – Les six compagnies aériennes low cost que compte la Corée du Sud devront repasser leur examen de sécurité, a fait savoir le ministère sud-coréen des Transports. « Toutes les compagnies à bas coûts feront l’objet d’une inspection générale de la gestion de la sécurité pour éviter des incidents similaires », ont averti les inspecteurs du ministère. L’incident concerne un appareil de la filiale low cost de Korean Air. Le Boeing 737-800 de Jin Air a dû faire demi-tour dimanche à Cebu aux Philippines. Il transportait 163 passagers et devait rejoindre Pusan en Corée du Sud. Une fuite d’air a été repérée sur une porte de l’avion juste après le décollage.

Objectifs 2016 en retrait pour Hyundai Motor, boom des ventes de smartphones pour Huawei

Hyundai et Kia Motor ont manqué leurs objectifs en 2015

India Today – 05.01.2016 – Hyundai a manqué son objectif mondial de ventes pour l’année 2015, rapporte le quotidien India Today. Le constructeur sud-coréen s’était fixé un objectif de 5,05 millions de véhicules vendus : il n’a pu en écouler que 4,96 millions d’unités. Même chose pour sa filiale Kia qui a vendu 3,05 millions de véhicules en 2015, contre les 3,15 millions prévus. C’est la première fois que Hyundai rate son objectif depuis 2008, note encore le quotidien indien. La chute des ventes en Chine et un taux de change défavorable avec la Russie et le Brésil expliqueraient en partie cette baisse des ventes. Kia et Hyundai entendent augmenter encore leurs capacités de production en 2016, et chercheront à retrouver leur équilibre sur le marché chinois. Ce qui est loin d’être gagné : les parts des constructeurs sud-coréens sur le plus gros marché automobile mondial sont tombées à moins de 10 % en 2015.

Les constructeurs automobiles sud-coréens ne devraient pas faire beaucoup mieux en 2016

Yonhap News – 04.01.2016 -Les deux plus grands constructeurs automobiles de Corée du Sud ne devraient pas pouvoir se rattraper en 2016. Hyundai et Kia estiment que leurs ventes cumulées atteindront 8, 13 millions de véhicules en 2016, contre près de 8 millions en 2015. Ces prévisions ont été adressées aux salariés du groupe par écrit lundi par Chung Mong-koo. Le patron du groupe Hyundai moto est pour le moins pessimiste : « Le monde, dit-il, devrait toujours connaître une croissance au ralenti, en raison de la faiblesse de la croissance chinoise, de la chute des cours du pétrole et de l’incertitude des marchés émergents face à la hausse des taux d’intérêts américains. » Ces prévisions en berne ne sont pas tout à fait nouvelles. M. Chung et plusieurs cadres de Hyundai motor avaient déjà fait part de leurs inquiétudes concernant la croissance mondiale et le renchérissement du won au quotidien Joongang le 15 décembre dernier.

Plus de 100 millions de smartphones Huawei vendus en 2015

Global Post – 06.01.2016 – H qui rit et H qui pleure. Quand les voitures Hyundai ont de la peine à trouver preneur, les smartphones Huawei se vendent comme des petits pains. Le géant chinois de la téléphonie mobile a annoncé avoir livré 108 millions de téléphones « intelligents » l’an passé, soit un chiffre d’affaire en hausse de 44 %. Huawei Technologies est le premier fabricant chinois de smartphones à passer la barre des 100 millions de mobiles vendus sur une année. Un résultat obtenu après une montée en gamme du fabricant basé à Shenzhen dans le sud-est de la Chine. Avec 7,5 % de parts de marché dans le monde, Huawei arrive en troisième position derrière Samsung (23,8%) et Apple (13,5 %), selon des chiffres fournis par le cabinet d’études IDC cité par l’agence Reuters.

Par Stéphane Lagarde

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A propos de l'auteur
Stéphane Lagarde est l'envoyé spécial permanent de Radio France Internationale à Pékin. Co-fondateur d'Asialyst, ancien correspondant en Corée du Sud, il est tombé dans la potion nord-est asiatique il y a une vingtaine d’années.
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