Revue de presse économique – 11 décembre 2015

L'Eco de la presse asiatique

Le Shinkansen relancé par l’Inde ?
Le Shinkansen relancé par l’Inde ? Copie d’écran du Wall Street Journal, le 8 décembre 2015.
L’Inde va-t-elle relancer le « TGV » japonais ? Il faut encore attendre demain samedi 12 décembre pour en être sûr, et voir si effectivement Narendra Modi dit oui à Shinzo Abe. Mais pour vos journaux au Japon, l’affaire est déjà sur les rails ! Le magasine Nikkei en est persuadé : les premiers ministres indien et japonais doivent publier ce week-end une déclaration conjointe à New Delhi au sujet de la future ligne à grande vitesse Bombay – Ahmedabad. Si les choses se confirment, les promoteurs de la technologie ferroviaire nippone ont assurément de quoi sauter sur le tatami. On parle ici d’un tracé de 505 km, avec à la clé 13 milliards d’euros de contrats. Une occasion surtout pour les chemins de fer de l’Archipel de relever la tête après les terribles claques reçues ces dernières années. Jusqu’à présent, le « Shinkansen » n’a trouvé acheteur qu’à Taïwan. On se souvient que Séoul avait préféré le TGV français dans les années 2000. On se souvient aussi qu’en 2010, Hanoi avait choisi la technologie chinoise. Même chose récemment lorsque Pékin a finalement remporté l’appel d’offre lancé par Jakarta. La bataille des fusées du rail est donc relancée avec trois acteurs principaux en tête de la compétition en Asie : la Chine, le Japon et la Corée du Sud.

Le "TGV" Japonais vendu aux Indiens pour 13 milliards d’euros

Un « Shinkansen » entre Bombay et Ahmedabad

Nikkei Asian Review – 08.12.2015 – C’est donc la technologie ferroviaire à grande vitesse japonaise qui devrait rapprocher la capitale économique indienne de la grande ville du Gujarat au nord-ouest de l’Inde. Si l’on en croit les informations du Nikkei ce mardi, le « Shinkansen » Bombay – Ahmedabad sera mis en service en 2023. Le coût des travaux est évalué à 980 milliards de roupies, environ 13,5 milliards d’euros. Pour accompagner le choix de sa technologie, Tokyo pourrait avancer jusqu’à 81 % du montant des travaux sous forme de prêt sur dix ans, affirme le Wall Street Journal. L’Inde, rappelle le Nikkei, est le deuxième grand bénéficiaire des prêts japonais derrière l’Indonésie.
Impossible pour l’instant de dire avec certitude qui sera le maître d’œuvre du chantier. Plusieurs sociétés fabriquent le « Shinkansen » au Japon, et si vos journaux mettent des noms en avant tels que la JR East (East Japan Railway Co.) ou Hitachi, rien n’est encore officiel. Une chose est sûre en revanche, quelle que soit la ou les sociétés retenues, le futur « TGV » va faire gagner du temps au 35 800 passagers attendus dans les rames. Avec des trains filant à 320 km/h, le trajet entre Bombay et Ahmedabad ne prendra plus que deux heures contre huit aujourd’hui.

Le deuxième « TGV » japonais vendu à l’étranger après Taïwan

The Yomiuri Shimbum (Japon) – 09.12.2015 – Le « Shinkansen » en Inde sera le deuxième « TGV » japonais a rouler en terre étrangère après Taïwan rappelle le quotidien Yomiuri qui pour l’occasion a sorti la carte de la future ligne. L’Inde a pour projet de construire sept lignes à grande vitesse, à commencer par ce nouveau tracé Bombay – Ahmedabad dont on devrait entendre parler ce week-end à l’occasion de la visite de Shinzo Abe en Inde. A chaque fois, la concurrence entre constructeurs est « féroce » souligne le Yomiuri. Le Japon, la Chine, la France et la Corée étaient en lice, et c’est finalement Tokyo qui devrait remporter la mise. Le Premier ministre japonais n’a pas ménagé sa peine dans cette affaire, n’hésitant pas à se transformer en super représentant du rail nippon.
En matière de diplomatie commerciale, même les plus petits détails comptent. Quand Shinzo Abe s’est inscrit sur Twitter en 2012, rappelle The New Indian Express, le troisième compte qu’il a suivit après celui de son épouse et d’un politicien japonais, fut celui de Narendra Modi. En mai 2013, Abe et son homologue indien ont convenu de mener des enquêtes conjointes sur les coûts de construction et de sécurité de la ligne Bombay – Ahmedabad. En juillet de cette année, les études publiées par les deux parties ont montré que le « Shinkansen » serait le meilleur rapport qualité/sécurité prix sur ce tracé souligne le site NDTV.

De nouvelles perspectives pour la grande vitesse nippone

The Rakyat Post (Malaisie) – 8.12.2015– Boosté par la commande indienne, le célèbre train au bec de canard cherche à s’exporter sur d’autres marchés. Plusieurs projets de lignes à grande vitesse sont dans le collimateur de Tokyo. Et notamment un tracé Dallas – Houston dans l’Etat du Texas aux Etats-Unis, une ligne entre Kuala Lumpur et Singapour ou encore la future ligne devant relier Bangkok à Chiang Mai en Thaïlande. A chaque fois la concurrence est rude d’autant qu’un autre acteur s’apprête à entrer sur le ring. Le service commercial du HEMU 400 X fabriqué par les Coréens sur le modèle du TGV français, devrait pouvoir répondre à ses premiers appels d’offres internationaux dès 2017.
Par ailleurs la compétition avec Pékin s’est durcie. Les Chinois ont remporté le dernier appel d’offre lancé par Jakarta. La Chine dispose désormais du plus grand réseau à grande vitesse dans le monde et compte bien l’étendre hors de ses frontières notamment via la nouvelle route de la soie. Pour la ligne Bombay – Ahmedabad, Pékin aurait été jusqu’à proposer un transfert de technologies aux Indiens, indique le South China Morning Post. Il y aura de toute façon d’autres appels d’offres, écrit le The Financial Express. Le réseau ferré indien fait rouler 12 000 trains par jour permettant de relier 8 000 stations. La croissance rapide du pays ces dernières années a entraîné une explosion des compagnies aériennes low cost. L’année dernière, New Delhi a ouvert plusieurs secteurs de l’industrie ferroviaire aux investissements étrangers, l’idée étant de moderniser la flotte nationale et de reprendre ainsi du terrain au trafic routier.
Des "voitures propres" pour relancer l’économie coréenne.
Des "voitures propres" pour relancer l’économie coréenne. Copie d’écran du site The Rakyat Post, le 8 décembre 2015.

Coréens et Chinois tentés par les véhicules hybrides

Un million de véhicules « propres » sur les routes sud-coréennes en 2020

The Korea Herald (Corée du Sud) – 08.12.2015 – Après la Chine, le Japon et Singapour, c’était au tour de la Corée du Sud d’annoncer mardi son plan de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Parmi les mesures proposées, une ambitieuse campagne de promotion des véhicules « verts ». Selon le ministère sud-coréen du Commerce, de l’Industrie et de l’Energie, les voitures électriques ou hybrides représenteront 20 % du total des véhicules de tourisme vendus sur le marché intérieur coréen d’ici à 2020, soit 920 000 voitures propres vendues par an, contre 80 000 aujourd’hui. Plus de 1 400 stations pour recharger les batteries seront par ailleurs créées dans tous le pays. « C’est une pré-condition à l’accélération de ce marché, explique Yoon Seong-kyu, le ministre sud-coréen de l’Environnement au magazine Nikkei. Ces stations vont inciter les consommateurs à acheter des véhicules hybrides car ils sauront qu’ils peuvent rouler aussi loin qu’avec un véhicule à essence. »

Quand l’industrie automobile coréenne passe au vert

Tapei Times (Taiwan) – 09.12.2015 – Les engagements de Séoul en matière de véhicules propres sont une vraie révolution en Corée du Sud. Selon le ministère sud-coréen du Commerce, en 2030, la moitié des voitures en Corée seront des véhicules « amis de l’environnement ». Il est vrai que la Corée du Sud part de loin. Malgré les 20 % de croissance enregistrés pour ce type de véhicules ces cinq dernières années, les voitures hybrides et électriques sorties des chaines de montage de Hyundai, Kia, Sanyong ou Samsung motors ne représentent actuellement que 2 % du marché. Avec l’impulsion des pouvoirs publics, la tendance devrait progressivement s’inverser.

Des voitures « propres » pour relancer l’industrie coréenne

The Rakyat Post (Malaisie) – 08.12.2015 – Les voitures « propres » sont revenues en force dans les médias en Corée suite aux déboires de Volkswagen. Le constructeur allemand a triché sur les taux de pollution de ses véhicules, or depuis l’ouverture du marché de l’automobile, de nombreux Sud-Coréens s’étaient précipités sur les berlines allemandes. Le mois dernier, le ministère sud-coréen de l’Environnement a ordonné au constructeur allemand de rappeler 125 500 de ses véhicules diesel vendus en Corée et a attribué à la compagnie une amende de 12 millions de dollars.
Cette impulsion donnée à la fabrication de voitures hybrides doit permettre à Séoul de réduire ses émissions de carbone de 3,8 millions de tonnes dans les cinq ans. C’est aussi une manière de donner un coup de pouce à l’industrie locale. Le gouvernement sud-coréen devrait en effet investir 127 millions de dollars pour aider les constructeurs automobiles à améliorer leurs technologies en matière d’hybridation des moteurs. Hyundai entend ainsi reprendre des parts du marché vert au leader Japonais Toyota. Ces voitures « propres » pourraient ainsi amener près de 14 milliards d’euros de recettes à l’export en 2020, note encore le Rakyat Post.

A Pékin, la voiture électrique pour tuer le « brouillard »

South China Morning Post (Hong Kong) – 10.12.2015 – Ce lundi 7 décembre, la municipalité de Pékin lançait sa première « alerte rouge » à la pollution. Masques, purificateurs d’air, séances de sports annulées, les Pékinois vivent désormais dans la crainte de tomber malade en raison des micro-particules qui plombent l’atmosphère de la capitale. Pour y remédier, certains songent à moins polluer. C’est d’ailleurs, là encore, une incitation des autorités locales. Pour vivre sans brouillard, prenez les transports en commun ou roulez propres ? Et avant que la capitale chinoise ne redevienne la capitale du vélo, commencez par rouler en véhicule électrique ? L’article inspiré d’une dépêche de Reuters, évoque le témoignage d’un vendeur dans l’alimentaire : « J’aimerai m’acheter un véhicule électrique, affirme Chang Chao, 26 ans, car les nouvelles mesures gouvernementales autorisent l’utilisation de la voiture électrique même les jours de pollution. » Autre mesure incitative : Les autorités chinoises sont prêtes à verser jusqu’à l’équivalent de 93 000 euros pour aider à l’achat de sa voiture propre. (Voir notre article sur le sujet)
McDonald’s à la peine au Japon
McDonald’s à la peine au Japon. Copie d’écran du site Nikkei, le 8 décembre 2015.

McDo poussif au Japon, déficit commercial vietnamien et nouvel avion indonésien

McDonald’s peine à redémarrer au Japon

Nikkei (Japon) – 08.12.2015 – Une baisse de 2,5 % des ventes a été enregistrée dans les restaurants McDonald de l’Archipel pendant trois mois consécutifs, note le Nikkei. La faute à une substantielle augmentation des prix, notamment sur les menus de midi. Une baisse de régime qui dépasse les frontières nippones. La chaîne de restauration rapide américaine avait déjà fermé 350 de ses enseignes au Japon, mais aussi aux Etats-Unis et en Chine au début de l’année. La marque fait pourtant des efforts pour s’adapter aux palais nippons. Mais la défiance des consommateurs japonais, très sourcilleux en matière de sécurité alimentaire, perdure depuis la découverte d’un dentier dans une barquette de frite en janvier dernier, explique le Nikkei.
En attendant, et si vous vous comptiez passer à table après la lecture de cette revue de presse, peut-être irez-vous directement au dessert. Il fallait l’inventer, les Japonais l’ont fait, nous dit le site BoredPanda. Après les tranches de fromage sous cellophane, voici le chocolat en lamelles. Les photos valent le coup d’œil.

Aérien en Indonésie : Le N219, un petit bimoteur 100 % local

Jakarta Times (Indonésie) – 11.12.2015 – Il a le nez noir et deux hélices rouges, il vient tout juste de sortir du hangar, et il fait la fierté de l’Indonésie le nouveau N219. Présenté cette semaine par le constructeur aéronautique PT Dirgantara Indonesia (PTDI), le bimoteur entièrement conçu par des ingénieurs locaux est adapté aux courts trajets d’îles en îles dans l’archipel. L’appareil de 19 sièges est le fruit de l’expérience des employés indonésiens de l’aéronautique. Nombre de ces ingénieurs ont travaillé chez les géants de l’aviation tels que Boeing, Bombardier, Bell ou ATR. Une science et une technologie qui doit être enseignée aux plus jeunes sous peine de disparaître, a déclaré Indroyono Soesilo, le représentant de l’Association Internationale de l’Aviation Civile (ICAO) qui est venue voir l’engin à la sortie des ateliers.

Vietnam : pour la première fois en quatre ans, la balance commerciale déficitaire

Vietnam News – 10.12.2015 – Après trois années consécutives d’excédent commercial, les importations vietnamiennes (+13,7%) ont dépassé les exportations (+8,3%) en 2015. Conséquence : le pays encourt un déficit commercial de 4 milliards de dollars – soit 2,4% des exportations. Néanmoins, cette nouvelle estimation est bien accueillie par Hanoi : l’Assemblée nationale avait prévu un déficit estimé à 5% de la valeur des exportations, et le ministère de l’Industrie et du Commerce entre 3,3% et 3,6%. En cause, une baisse de la compétitivité des entreprises vietnamiennes, indique Vietnam News.
Pour la première fois depuis 4 ans, la balance commerciale vietnamienne sera déficitaire.
Pour la première fois depuis 4 ans, la balance commerciale vietnamienne sera déficitaire. Copie d’écran de Vietnam News, le 10 décembre 2015.

Remises des travailleurs pakistanais de l’étranger, migrants sous-payés de Bangkok et femmes de ménages cambodgiennes en Malaisie

Pakistan : inquiétude sur les remises de travailleurs migrants

Dawn (Pakistan) – 11.12.2015 – Certes, les Pakistanais de l’étranger envoient de plus en plus d’argent vers Islamabad. Mais le taux de croissance des remises des travailleurs migrants est en baisse (+7,5% entre juillet et novembre 2015 contre +17,5% à la même période l’année dernière), ce qui inquiète les autorités pakistanaises dont les exportations sont en berne. En cause : une chute des remises envoyées depuis l’Europe et les Etats-Unis, qui pourrait bien s’aggraver. Les pays concernés sont susceptibles d’adopter un régime de transferts de fonds plus stricts face aux craintes de financements terroristes, indique Dawn. Néanmoins, le Moyen-Orient et les pays du Golfe restent une source importante de remises des travailleurs migrants pakistanais, l’Arabie Saoudite en tête.

Tourisme : Migrants sous-payés dans les hôtels en Thaïlande

The Bangkok Post (Thaïlande) – 10.12.2015 – Notre partenaire Alter Asia nous alerte cette semaine sur le travail forcé dans l’industrie du poulet en Thaïlande. Visiblement, les problèmes liés à l’emploi de travailleurs migrants sous-payés ne s’arrêtent pas au secteur de l’alimentation. Jardiniers, grooms, serveurs, blanchisseurs, employés de service et de nettoyage ; devant le boom du tourisme dans le pays, nombre de ces emplois sont occupés par une main-d’œuvre d’origine étrangère souvent discriminée, bénéficiant de moins de temps de repos et payée en dessous des salaires habituels. C’est un rapport de l’ONG suédoise Shyst Resande and Fair action publié ce mercredi 9 décembre qui l’affirme. L’enquête a été menée sur les resort de Phuket et Khao Lak dans des hôtels recommandés par trois grands tour operators suédois. 29 employés de ces chaînes d’hôtels ont raconté les discriminations dont ils font l’objet, les heures supplémentaires non payés, etc. 30 millions de touristes sont attendus en Thaïlande l’année prochaine, le secteur représente 10 % du produit national brut, rappelle le Bankok Post. Malgré cela, un sondage publié par la Confédération du commerce et de l’industrie et mentionné dans un autre article indique que les employeurs ne comptent pas augmenter les salaires, ni créer de nouveaux emplois en 2016.

Malaisie : Fin du moratoire sur les femmes de ménages cambodgienne

The Phnom Penh Post (Cambodge) – 11.12.2015 – Le scandale a marqué les esprits au Cambodge. C’était en 2011, des dizaines de Cambodgiennes venaient de subir des abus allant de la séquestration à la privation de sommeil en passant par la torture alors qu’elles étaient employées comme domestiques en Malaisie. Depuis, Phnom Penh avait décidé d’interdire l’expatriation dans le pays. C’est aujourd’hui la fin du moratorium sur les femmes de ménages en Malaisie, titre le Cambodia Daily. Le texte de l’accord n’a pas été publié, mais selon les déclarations venues du ministère cambodgien des Affaires étrangères, l’accord dépasserait le cas des femmes de ménages pour concerner l’ensemble des travailleurs cambodgiens désireux de travailler en Malaisie. L’accord contient aussi des dispositifs de protection des travailleurs, à la fois en termes de droits et de revenus ainsi que pour le retour au pays.
Un texte qui est loin de rassurer les ex-victimes. Hok Pov a aujourd’hui 35 ans. Elle se souvient avoir perdu la moitié de son poids en deux mois lorsqu’elle était chez son employeur malaisien. Rentrée au Cambodge en 2011, elle avait travaillé tous les jours de 5 h du matin à minuit sans se nourrir ou presque : « Je ne pense pas qu’un tel accord nous protège, a-t-elle confié au Phnom Penh Post. Même si on me propose un gros salaire en Malaisie, je préfère travailler dans la confection ici au Cambodge. »

Par Stéphane Lagarde

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