Revue de presse économique – Vendredi 2 octobre 2015

L'Eco de la presse asiatique

Copie d’écran du site Japan Times du 30 septembre 2015.
Copie d’écran du site Japan Times du 30 septembre 2015.
TGV Indonésien : Chine 1 – Japon 0. Pékin n’a encore pas confirmé, mais pour Tokyo les choses sont bel et bien pliées : c’est la Chine qui construira le premier réseau de train à grande vitesse en Indonésie ! Voilà des mois que les deux géants asiatiques se livrent à une bataille acharnée pour l’obtention de ce contrat portant sur la construction d’un TGV entre Jakarta et Bandung. Voilà des mois que Japonais et Chinois font la démonstration de la supériorité de leurs fusées du rail face à l’adversaire. Jakarta a donc opté pour la Chine qui n’aurait pas hésité à « casser les prix du marché » rapportent les médias japonais cette semaine. Ce qui me rappelle au passage ce que me disait ma belle mère : « Attention à ne jamais mettre tout son kimchi (chou fermenté) dans la même jarre ! » Le proverbe n’existe pas en coréen, mais il a le mérite d’être clair. Cet emprunt à la vieille prudence paysanne occidentale déconseillant de « mettre tous ses œufs dans le même panier », est une autre manière de dire qu’il vaut mieux éviter la dépendance à un seul client lorsqu’on veut faire des affaires. La Corée du Sud vient d’ailleurs d’en faire les frais : le ralentissement de l’économie chinoise ayant mis à l’arrêt une partie des industries lourdes dans le sud-est de la péninsule.

TGV en Indonésie et poissons thaïlandais

Indonésie : Le futur TGV sera chinois

The Japan Times (30.09.2015) – Selon le chef de l’Agence indonésienne du plan et du développement national, l’Indonésie a finalement fait le choix d’un train à grande vitesse made in china. Cette décision intervient après des mois de compétition entre Japonais et Chinois.
Un choix qui surprend le journal Nikkei. Cette annonce de dernière minute est « difficile à comprendre » et « extrêmement regrettable » estime ainsi Yoshihide Suga, le Secrétaire général du Cabinet nippon cité par le journal. Au début du mois, Jakarta avait en effet renvoyé la deuxième et la troisième économie du monde à leurs devis. Les propositions japonaises et chinoises étant jugées trop chères, les autorités indonésiennes avaient finalement opté pour un train à moyenne vitesse. Or selon le Japan Times, c’est bien une proposition de train à grande vitesse qui a permis à Pékin de rafler la mise. D’où l’incompréhension de Tokyo, la Chine aurait en effet proposé de réaliser le projet sans appui fiscal du gouvernement indonésien, ni même de garanties. « Cela défie le sens commun et je doute que la proposition soit couronnée de succès » a fait savoir le Secrétaire général du cabinet japonais. Le coût du projet est estimé à 78 000 milliards de roupies, près de 4, 8 milliards d’euros. De son côté, le Global Times confirme ce vendredi que « l’Indonésie est en négociation avec la Chine pour finaliser son projet de train rapide. »

Thaïlande : ultimatum de l’Union Européenne sur le poisson

Bangkok Post (25.09.2015) – Bruxelles donne jusqu’à décembre aux autorités thaïlandaises avant de prendre ou non la décision d’interdire les importations de poissons en provenance de Thaïlande. L’Union Européenne adresse également un avertissement à Taïwan, qu’elle accuse de ne pas en faire assez pour faire disparaître les pêches illégales. Un premier carton jaune avait été adressé à Bangkok en avril. Le troisième exportateur de produit de la mer dans le monde est lui aussi soupçonné de fermer les yeux sur les pêches illégales. « Notre objectif n’est pas de punir a expliqué un haut fonctionnaire européen dont les propos sont rapportés par le quotidien anglophone. Notre objectif est de mettre en place une pêche durable partout dans le monde. »

Usines au ralenti en Corée

Corée du Sud : Le ralentissement chinois pèse sur la croissance

The Wall Street Journal (01.10.2015)- Le Wall Street Journal appelle cela le « Syndrome Chinois », une autre manière de souligner l’effet domino provoqué par le ralentissement de la croissance en Chine sur les pays de la région. Les plus touchés sont évidemment les pays les plus connectés avec le marché chinois. Avec 190 milliards d’exportations vers la Chine en 2014, la Corée du Sud est ainsi le pays le plus dépendant à ce qui passe chez le voisin chinois, devant le Japon (163 milliards de dollars), les Etats-Unis (159 milliards de dollars), Taïwan (152 milliards de dollars) et l’Allemagne (105 milliards) précise le quotidien américain.
La crise en Chine a ainsi un impact très fort sur l’économie sud-coréenne. De nombreuses entreprises tournent au ralenti et notamment à Ulsan, ville portuaire du sud-est de la Corée et capitale des industries lourdes en Corée. C’est à Ulsan qu’on trouve la plus grande usine d’assemblage de voiture au monde. C’est aussi à Ulsan que se trouve le plus grand chantier naval du pays et la deuxième plus grande raffinerie de pétrole. La photo du Wall Street Journal est sur ce point très parlante : on y voit des grues et des engins de chantier du groupe Hyundai Heavy Industries qui attendent sur un parking. De loin on dirait presque des insectes abandonnés à leur sort.

Japon : Le machisme en entreprise à la vie dure

Quartz (25.09.2015) – Le Japon manque cruellement de femmes à la tête de ses entreprises. C’est le Premier ministre japonais lui-même qui le dit. Le pays est en effet confronté non seulement à un ralentissement de son économie, mais également au vieillissement de sa population et donc de sa main d’œuvre. Les femmes peuvent aider à atténuer ce phénomène estime le gouvernement nippon qui s’est fixé un objectif ambitieux : dans cinq ans, les femmes devraient occuper 30 % des postes de cadres supérieurs dans le privé, comparé à 8 % l’an dernier. Une décision associée à un volant d’aides incitatives. En avril 2014, le ministère du travail a ainsi lancé un programme proposant des allègements fiscaux et des aides financières aux petites et moyennes entreprises qui embauchent des femmes à des postes de direction. Problème : depuis 17 mois, aucune société n’a fait de demande de dossier. Si la carotte ne marche pas, tentons d’utiliser le bâton proposent certains observateurs. Ces derniers sont persuadés que les entreprises seront d’avantage incitées à promouvoir les femmes si elles reçoivent des amendes pour manque d’efforts, plutôt que des subventions.

Riz Cambodgien et Nucléaire Britannique

Pas de riz cambodgien pour l’Indonésie

The Phnom Penh Post (25.09.2015) – Nous avions déjà évoqué le sujet dans un précédent Eco de la presse asiatique, la nouvelle se confirme aujourd’hui. Le Cambodge ne participera pas à l’appel d’offre « mammouth » du gouvernement indonésien comme la qualifie le quotidien anglophone de la capitale cambodgienne.
Le troisième consommateur de riz au monde a en effet lancé une offre d’achat portant sur 1,5 million de tonnes de la graine céréalière. « Nous sommes contraints d’importer en raison de la sécheresse » a indiqué le Vice-président indonésien. Mais du côté cambodgien, impossible de répondre à la demande dans les temps impartis. Il faut que tout soit prêt d’ici à janvier prochain : « Nous n’avons pas assez de riz pour eux, et les délais sont trop courts pour y répondre » affirme Heang Vutha, le directeur général de la compagnie cambodgienne d’Etat Green Trade. Même chose du côté thaïlandais : l’association des producteurs thaïlandais de riz a expliqué en début de semaine que ni la Thaïlande, ni le Vietnam n’avaient, à eux seuls, la capacité de fournir 1,5 million de tonnes de riz dans le calendrier prévu sachant que d’autres pays importateurs attendent d’être livrés. L’Union Européenne reste la principale destination des exportations cambodgiennes de riz (64 % des exportations) précise le Phnom Penh Post, mais la Chine demeure le plus grand pays importateur. Pékin a reçu 78 000 tonnes de riz cambodgien l’année dernière.

Des groupes chinois derrière la centrale britannique d’Hinkley Point

The Financial Times (02.10.2015) – Des groupes chinois pourraient prendre jusqu’à 40 % de participation du projet de centrale nucléaire d’Hinkley dans le Sud-ouest de l’Angleterre, et un accord en ce sens pourrait être signé à l’occasion de la visite d’Etat du président Xi Jinping au Royaume-Uni du 20 au 23 octobre prochain. L’information est pour l’instant encore au conditionnel, mais le patron d’EDF Energy, filiale britannique d’EDF, y croit : « Mon espoir est que nos partenaires chinois puissent prendre la bonne décision et saisir l’occasion » affirme Vincent de Rivaz dans le Financial Times. Londres a validé la construction de deux réacteurs EPR à Hinkley Point en octobre 2013. Les difficultés financières du fabricant français de réacteurs Areva ont ralenti les différents tours de table. Le projet, estimé à 34 milliards d’euros, doit fournir 7 % des besoins en électricité du pays. Les groupes d’état chinois China General Nuclear Power Corporation (CGN) et China National Nuclear Corporation (CNNC) sont intéressés note le quotidien de la finance.

Droit du travail birman

Birmanie : modification du droit du travail

Mizzima (29.09.2015) – Les représentants du gouvernement, du patronat et des salariés se sont mis d’accord autour d’une modification des lois sur le travail en Birmanie. L’information a été publiée mardi par The Global New Light of Myanmar, avant d’être reprises par les sites d’informations. L’accord a été signé lors d’un forum national tripartite organisé lundi dans la capitale Birmane, Naypidaw. Les détails des modifications n’ont pas encore été divulgués, mais le gouvernement a demandé aux organisations syndicales de jeter un œil au texte et d’apporter les changements nécessaires à une meilleure protection des travailleurs. Plusieurs points ont été mentionnés dont la protection des ouvriers en cas de conflit avec l’employeur, la loi sur les accidents du travail, et le droit du travail en entreprise.
La Birmanie est aujourd’hui classée au quatrième rang des pays enregistrant la plus forte croissance. Le gouvernement de transition a déjà mis en place récemment d’un salaire minimum de 2,40 euros par jour, pour répondre aux exigences du monde du travail.

Stéphane Lagarde

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