Culture
Expert – Vins d’Asie

Bali et son Hatten Alexandria, vin blanc léger et musqué

Une dame sert du vin rouge dans un caviste de Jakarta, le 19 décembre 2008. (Crédit : Adek Berry / AFP)
Une dame sert du vin rouge dans un caviste de Jakarta, le 19 décembre 2008. (Crédit : Adek Berry / AFP)
Conséquences du réchauffement climatique ? Du vin, il s’en produit aujourd’hui en Suède, en Pologne, dans les Etats baltes… alors pourquoi pas un vin des tropiques en Indonésie, par exemple ? A Bali, plus précisément. On sait déjà que plusieurs pays d’Asie sont devenus en un quart de siècle de grands amateurs de bons vins et que, de plus en plus, ils en fabriquent eux-mêmes. Le Japon bien sûr, mais aussi la Chine, les Indes ou la Thaïlande.
C’est à la fin du XXe siècle que le vignoble Hatten a vu le jour sur l’île de Bali. Une des premières bouteilles commercialisées par les fondateurs, Ida Bagus Rai Budarsan (Gus Rai pour les amis) et son épouse Dayu Soma, fut, en 2000, un vin mousseux, le Jepun, fait à partir de raisins Alphonse Lavallée. Ce raisin de table est cultivé dans nombre de pays, de la France à l’Afrique du Sud. Le résultat une fois vinifié en rouge, rappellerait le Beaujolais nouveau.
Le vin que j’ai bu, l’Alexandria, est un « non vinage » blanc de vendange relativement tardive. Le raisin de base est d’origine belge. La Belgique fut autrefois fameuse pour la qualité de ses raisins de serres. Ils ont aujourd’hui quasi disparu, car trop coûteux à produire. Il existe encore une petite production, réservée principalement à la famille royale, et servie lors de diners offerts à des chefs d’Etats et autres personnalités importantes.
L’Alexandria titre 10,5 degrés. Léger, avec un discret parfum de Muscat, il s’accomode bien de mets asiatiques pas trop pimentés. Il doit bien sûr se boire frais. C’est aussi un apéritif bienvenu.
C’est à deux amis thaïlandais que je dois de connaître et d’avoir bu ce vin. Le premier, lui-même producteur, m’a révélé l’existence de ces vins de qualité. Le second, ancien ambassadeur en Birmanie, m’a rapporté une bouteille d’Alexandria de Bali où il passait quelques jours de vacances. Ami lui aussi, depuis plus de 40 ans – car il fut jeune premier secrétaire à l’ambassade de Thaïlande en Belgique -, il m’a remis l’Alexandria lors d’une de ses visites amicales et gastronomiques.
Et c’est finalement avec un vieux complice journaliste britannique que j’ai partagé cette bouteille, comme nous avions partagé tant de reportages au Vietnam, au Cambodge ou dans les camps de réfugiés à la frontière thaïlando-cambodgienne. Assurément, le vin vaut le détour, car il est bon de conserver le palais aventureux. Le tout est d’en trouver. Bon prétexte à une visite à Bali. Vous pourrez y gouter les autres vins de Hatten, et leur Arak, pour ceux qui aiment les émotions fortes.

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A propos de l'auteur
Jacques Bekaert (1940-2020) fut basé en Thaïlande pendant une quarantaine d'années. Il est né le 11 mai 1940 à Bruges (Belgique), où sa mère fuyait l’invasion nazie. Comme journaliste, il a collaboré au "Quotidien de Paris" (1974-1978), et une fois en Asie, au "Monde", au Far Eastern Service de la BBC, au "Jane Defense Journal". Il a écrit de 1980 a 1992 pour le "Bangkok Post" un article hebdomadaire sur le Cambodge et le Vietnam. Comme diplomate, il a servi au Cambodge et en Thaïlande. Ses travaux photographiques ont été exposés à New York, Hanoi, Phnom Penh, Bruxelles et à Bangkok où il réside. Compositeur, il a aussi pendant longtemps écrit pour le Bangkok Post une chronique hebdomadaire sur le vin, d'abord sous son nom, ensuite sous le nom de Château d'O. Il était l'auteur du roman "Le Vieux Marx", paru chez l'Harmattan en 2015, et d'un recueil de nouvelles, "Lieux de Passage", paru chez Edilivre en 2018. Ses mémoires, en anglais, ont été publiées en 2020 aux États-Unis sous le titre "A Wonderful World".
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