Environnement
Suractivité volcanique (suite)

 

Éruption de l’île japonaise Kuchinoerabujima

Copie d’écran de l’édition spéciale du Asahi Shimbun le 29 mai 2015.
L’île volcanique Kuchinoerabujima, située à 120 km au sud-ouest de la ville de Kagoshima, est entrée en éruption vendredi 29 mai à 9 h 59 heure locale.

Un panache de cendres s’est élevé de 9 000 mètres au-dessus du cratère du mont Shindake et une nuée ardente a dévalé la pente du volcan en direction du nord-ouest. Les grands quotidiens, qui ont imprimé des éditions spécialesdans la journée de vendredi, y ont consacré leur Une aujourd’hui 30 mai. « Éruption : 137 personnes à l’abri » titre par exemple ce matin l’Asahi Shimbun, qui signe en plus un éditorial consacré à la surveillance des activités volcaniques.

Le stratovolcan a déjà connu une dizaine d’éruptions en un siècle, dont une cataclysmale en 1933-1934 où huit personnes ont trouvé la mort. La plus récente remonte au 3 août 2014. L’éruption du 29 mai, de grande ampleur, n’est donc pas une surprise, d’autant plus que l’île fait partie depuis 2007 des 47 volcans actifs auscultés en permanence. Des montagnes volcaniques qui ont plus de risques que les 63 autres de se réveiller dans les cent prochaines années.

« Depuis l’intrusion de la lave en 1999, l’activité sismique s’est intensifiée sur le long terme, explique Nobuo Geshi, chercheur à l’Institut d’études géologiques du Japon. Après l’éruption d’août 2014, la quantité de gaz et l’incandescence volcanique ont augmenté sur une courte période. À partir du 23 mai, l’activité sismique est devenue plus intense ».

La population de l’île s’attendait à une éruption depuis l’été 2014. Elle a été appelée à évacuer à 10 h 07, suite au rehaussement du niveau d’alerte de 3 à 5 par l’Agence météorologique du Japon, responsable de la surveillance et de la diffusion des informations sur les activités volcaniques. Suivant le nouveau plan d’évacuation, la grande majorité des 118 habitants et 19 visiteurs présents sur l’île s’est d’abord rassemblée dans un bâtiment en béton situé sur les hauteurs, à l’ouest. Ils ont ensuite rejoint le port et embarqué sur un ferry à partir de 15 h 40, avant de rejoindre l’île voisine de Yakushima, à 15 km, à 17 h 30. Un hélicoptère, une navette des garde-côtes et un bateau de pêcheur se sont chargés d’évacuer les derniers résidents isolés.

Le bilan humain fait état de deux blessés, dont l’un souffrant de brûlures causées par la haute température du gaz éjecté.

« L’île de Yakushima n’est pour l’instant touchée que par une chute de cendres de faible ampleur », poursuit Nobuo Geshi. Ce qui n’est pas sans risque, surtout pour les asthmatiques. « On ne sait pas si l’activité volcanique va se poursuivre pendant longtemps, mais cela serait logique », ajoute le chercheur.

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A propos de l'auteur
Jean-François Heimburger est journaliste indépendant et chercheur associé au CRESAT (laboratoire de l’Université de Haute-Alsace). Spécialiste du Japon, il est auteur de l’ouvrage "Le Japon face aux catastrophes naturelles" (ISTE Éditions, 2018).