Politique
Humilité diplomatique

La Corée du Nord capable, selon elle, de fabriquer des têtes nucléaires

Capture d’écran du site en français de l’agence sud-coréenne Yonhap News.
S’agit-il d’un coup de bluff ? Voilà en tout cas que la Corée du Nord bombe à nouveau le torse en matière de défense. La nouvelle est encore à mettre au conditionnel, car difficilement vérifiable. Elle est toutefois prise très au sérieux par les pays voisins et les observateurs internationaux. A en croire les autorités nord-coréennes, les progrès rapides enregistrés ces dernières années en matière de miniaturisation des têtes nucléaires auraient donc porté leurs fruits : par la voix de la speakerine de télépyongyang, la Corée du Nord prétend en effet pouvoir équiper ses missiles d’armes nucléaires.

« Nos moyens d’attaque nucléaire sont entrés dans une phase de miniaturisation et de diversification depuis longtemps », dit le communiqué du porte-parole du Bureau politique de la Commission de défense nationale nord-coréenne, cité par l’agence sud-coréenne Yonhap. Un communiqué visiblement peu axé sur la modestie : « Il ne faudra pas nous défier sans réfléchir face au renforcement de nos moyens d’auto-défense, précise ce même porte-parole. Les fusées de longues et moyenne portées sont garanties d’atteindre la cible visée avec précision et intelligence. »

Ban Ki-moon non grata à Kaesong

Sur le même ton, la commission de défense nationale dirigée par le président Kim Jong-un, se vante également des progrès enregistrés au cours des différents tests de lancement réalisés depuis 2013, et notamment récemment le tir d’un missile mer-sol balistique et stratégique : « C’est une prouesse absolue qui vient renforcer l’armée de la Corée du Nord et qui la porte à son apogée (…). Le monde entier applaudit [ce tir] et exprime sa surprise et son envie. » Ce tir qualifié de réussi par Pyongyang d’un missile balistique depuis un sous-marin a été vivement critiqué par Washington. La Corée du Nord « continue de développer des armes nucléaires et des missiles balistiques, elle continue de rompre ses promesses et de proférer des menaces, elle continue de montrer un mépris flagrant envers le droit international », a martelé le secrétaire d’Etat américain à Séoul mardi.

De manière plus diplomatique, Ban Ki-moon a invité Pyongyang à « prendre les mesures nécessaires pour éviter l’escalade. (…) [Sans cela] nous pourrions assister à une nouvelle course aux armements et à un accroissement des tensions à travers la région », s’inquiète le secrétaire général de l’ONU. Réponse de Pyongyang ce matin, dans un style diplomatique mais tout aussi ferme : le patron de l’ONU s’est vu retirer son autorisation de visiter le complexe industriel de Kaesong au nord du 38ème parallèle. Une décision « abrupte » note le Korea Times et jugée « très regrettable » par l’intéressé. L’agence Yonhap y voit surtout une occasion ratée. Cette visite aurait en effet été une première en 20 ans. Depuis 1993 et le voyage de Boutros Boutros-Ghali, jamais un secrétaire général de l’ONU n’avait foulé le sol nord-coréen.

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