Pourquoi le Pakistan refuse de s’engager au Yémen
Le gouvernement Zardari, sans doute en raison de l’appartenance chiite de la famille Bhutto, avait essuyé un refus saoudien systématique pour toute aide de ce genre. Certainement, le souci primordial de l’Arabie Saoudite était de s’assurer, avant tout engagement financier, de la capacité du gouvernement pakistanais de s’aligner sans état d’âme sur ses positions diplomatiques et politiques.
Le dilemne de Nawaz Sharif
La situation actuelle a en fait mis le gouvernement d’Islamabad au pied du mur : d’un coté, il ne pouvait pas opposer une fin de non-recevoir catégorique aux saoudiens, et de l’autre, il devait tenir compte d’une opinion publique guère convaincue de l’opportunité d’un engagement militaire dans le conflit yéménite.
Aucun des principaux partis de l’opposition représentés au Parlement – le Peoples Party, le MQM (parti des Mohajirs, majoritaire à Karachi) et l’ANP (Parti Nationaliste Pachtoune) – ne s’est prononcé pour un engagement militaire de la part du Pakistan ; même le PTI d’Imran Khan s’est abstenu de le prôner.
Dans cette situation, la résolution unanime du parlement pakistanais de ne pas prendre parti dans ce conflit tout en se déclarant solidaire de l’Arabie Saoudite pour la défense de son intégrité territoriale, a momentanément arrangé les choses pour un gouvernement incapable de dire non aux Saoudiens. Il va sans dire qu’une telle résolution n’aurait pas été possible sans le concours du parti gouvernemental et de l’armée, qui fortement embourbée dans les zones tribales contre les Talibans, rechigne à engager ses troupes dans le conflit yéménite. A noter que même le Jamaat Islami, qui est toujours très sensible au point de vue de l’armée, a voté pour la résolution.
La promesse aux Saoudiens
Le délicat équilibre qu’essaie de maintenir le Pakistan risque de s’avérer intenable en cas d’aggravation du conflit. Si Islamabad finit par céder aux pressions saoudiennes, les fractures sectaires de la société pakistanaise pourraient s’accentuer. Comme le laisse présager la bataille entre pro- et anti-saoudiens hors du Parlement. Déjà la Jamaat ul Dawa, façade politique de l’infâme Lashkar-e-Tayyaba, a organisé des manifestations de solidarité avec l’Arabie Saoudite, alors que le principal groupement chiite, Majlis-Wahdat-e-Muslimeen, est monté au créneau pour dénoncer les « machinations » saoudiennes contre la République islamique d’Iran.
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