Politique
D’égal à égal ?

 

Chine - Taïwan : Xi Jinping et Eric Chu se jaugent à Pékin

Capture d'écran du compte officiel twitter du Quotidien du peuple

 

Ce n’est évidemment pas le portrait de Chiang Kaï-chek qui trône place Tiananmem à Pékin en ce jour de rencontre entre les deux Chine, mais celui de Sun Yat-sen, fondateur du Kuomintang certes, mais décédé avant la « nouvelle Chine » de Mao. Le Quotidien du Peuple qui publie l’image sur son compte officiel twitter, rappelle que l’entretien ce lundi au Grand palais du peuple réuni deux chefs de parti, le président du Kuomintang, Eric Chu, 53 ans, et le secrétaire général du Parti Communiste Chinois, Xi Jinping, 61 ans. Nous sommes là bien loin d’une rencontre « au sommet » entre deux chefs d’Etat. Les relations entre Taipei et Pékin demeurent sensibles et donc très encadrées, même si la presse officielle en Chine continentale appelle « les deux rives du détroit de Taïwan à former une même communauté de destin et à régler ses divergences politiques au travers de la consultation. » .

Pour Pékin, 1 et 1 font 1

 

Pour le régime communiste, le « consensus » adopté en 1992 à Hong Kong reste la base des relations entre Taïwan et la Chine continentale. Problème : Si les deux camps se sont mis d’accord sur le concept « d’une seule Chine », ils ont oublié d’en définir le contenu, souligne le South China Morning Post. Un détail que veut ignorer le pouvoir chinois. Pour Pékin, il s’agit ici d’une rencontre « d’égal à égal » note The Strait Times mais, car il y a un mais, dans le cadre évidemment d’une seule Chine.

« Les deux parties peuvent se consulter sur la base de l’égalité et sous le principe d’une seule Chine, et aboutir à un arrangement raisonnable », a ainsi déclaré Xi Jinping à son hôte, selon des propos rapportés par l’agence Chine Nouvelle et cités notamment par Le Monde. « Certains croient que Pékin veut montrer aux électeurs taïwanais que M. Chu est quelqu’un avec lequel la Chine peut travailler, et que voter pour son parti, le Kuomintang (KMT), est un vote pour des relations stables avec la Chine », écrit notre consœur Cindy Sui du bureau de la BBC à Taipei. L’objectif du pouvoir chinois étant de capitaliser sur la politique de coopération de l’actuel Chef de l’État Taïwanais et prédécesseur d’Eric Chu à la tête du KMT, Ma Ying-jeou, considéré comme un proche de Pékin.

Les Taïwanais méfiants vis-à-vis de la Chine

Eric Chu n’a pas encore dit s’il serait candidat aux élections présidentielles à Taïwan en janvier prochain et se garde bien de s’afficher comme le favori de Pékin, même si c’est le cas dans les faits. Il sait que l’opinion taïwanaise se méfie d’une emprise renforcée de Pékin sur la politique et l’économie de l’île. En mars l’année dernière, les étudiants du « mouvement des tournesols » ont occupé le parlement pendant deux semaines à Taipei rappelle The New Zeland Herald pour s’opposer à un accord de libre-échange avec la Chine continentale. Quant à l’opposition et au Parti progressiste de Taïwan, ce dernier gagne des points dans les sondages souligne Channel NewsAsia.

De son côté, le chef du Kuomintang espère qu’avec cette visite à Pékin, Taïwan pourra jouer un rôle accru dans les organisations internationales comme le titre le South China Morning Post, et notamment dans la Banque Asiatique d’Infrastructures et d’Investissements (BAII). Un plus grand rôle de Taïwan dans le monde auquel la diplomatie chinoise s’est jusqu’à présent opposée. La demande d’adhésion de Taipei à la BAII a été rejetée par Pékin faute d’une appellation jugée « approriée » pour l’île, note la BBC. Autrement dit, tant que Taïwan ne fera pas qu’un avec le continent.

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