Corée du Sud : la fin de la culture obsessionnelle du travail

Contexte
De 1960 à 1995, l’économie de la Corée du Sud a crû de manière exponentielle et le pays multiplie son PIB par habitant par 10 environ.Tirée par les chaebols, ces conglomérats concentrés sur l’exportation, cette croissance est aussi possible grâce aux sacrifices de travailleurs qui acceptent de faire passer le développement collectif avant leur confort individuel. La culture du travail qui se met alors en place est largement inspirée de principes militaires : décision centralisée, verticale du pouvoir et dévouement total à l’entreprise qui, comme une armée, fait office de « seconde famille ». Importants « chaebols » ou start-up débutantes, les entreprises coréennes restent aujourd’hui régies par cette culture rigide et autoritaire. Avec une moyenne de plus de 2000 heures travaillées en 2017 – soit environ 30% de plus qu’en France sur la même année -, les salariés sud-coréens travaillent bien plus longtemps que leurs collègues d’autres économies développées.
Cependant, le souvenir du « Miracle sur la rivière Han » s’estompe et la place centrale du travail est remise en question. Moins affectés que leurs ainés par les affres de la pauvreté, une nouvelle génération de travailleurs n’hésite plus à exiger plus de temps libre à leurs employeurs. Très en vogue sur les forums de recherche d’emploi et les médias sociaux, les termes « yolo » – « You Only Live Once » (« on ne vit qu’une fois ») – et « wolibal » – « work life balance » – traduisent la volonté d’un plus grand équilibre entre travail et vie privée. Preuve que cette recherche n’est pas seulement un problème comptable, plusieurs ouvrages discutant du sens même du travail connaissent un succès fulgurant en librairie, tandis que des écoles de développement personnel proposent des cours sur la meilleure manière de gérer, ou même de quitter son emploi.
Le poids de l’emploi
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