Politique
L'Asie du Sud-Est dans la presse

Mer de Chine du Sud : l'incertain nouveau "code de conduite"

De gauche à droite, le Premier ministre malaisien Najib Razak, la Conseillère d’État birmane Aung San Suu Kyi, le Premier ministre thaïlandais Prayut Chan-ocha, le Premier ministre vietnamien Xuan Phuc et le président philippin Rodrigo Duterte lors du sommet de l'ASEAN à Manille le 29 avril 2017. (Copyright : MARK R. CRISTINO / POOL / AFP)
De gauche à droite, le Premier ministre malaisien Najib Razak, la Conseillère d’État birmane Aung San Suu Kyi, le Premier ministre thaïlandais Prayut Chan-ocha, le Premier ministre vietnamien Xuan Phuc et le président philippin Rodrigo Duterte lors du sommet de l'ASEAN à Manille le 29 avril 2017. (Copyright : MARK R. CRISTINO / POOL / AFP)
Rebelote ? Réunis en sommet à Manille les 5 et 6 août pour les 50 ans de l’ASEAN, les ministres des affaires étrangères des pays d’Asie du Sud-Est doivent se mettre d’accord officiellement sur un code de conduite en mer de Chine du Sud. Enfin un espoir de pacification dans cette zone maritime si explosive ? Si l’ASEAN plie devant les exigences chinoises, le code pourrait déboucher sur le même échec que l’accord de 2002.
C’est déjà fait. Les gouvernements des États-membres de l’ASEAN se seraient officieusement mis d’accord sur un code de conduite en mer de Chine méridionale. Ne reste plus qu’à le dire officiellement ce dimanche 6 août à Manille où les chefs de la diplomatie se réunissent pour marquer les 50 ans de la création de l’Association. Loin d’être une nouveauté, en quoi va consister ce « code conduite », et en quoi est-il important ? C’est la question posée par le South China Morning Post ce jeudi 3 août. Le détail du texte n’est pas encore connu du public. Mais selon le quotidien hongkongais, il s’agit d’un « ensemble de normes pour guider la conduite des différents pays et promouvoir la coopération maritime en mer de Chine du Sud ». L’écriture d’un tel code est envisagée depuis 2002, mais elle peine à se concrétiser. C’est pourquoi la réunion de ce dimanche est présentée comme l’accouchement tant attendu.
Pour les pays de l’ASEAN, il s’agit surtout de mettre en place un pacte de non-agression entre eux mais surtout avec la Chine. Ainsi espèrent-ils que les revendications concurrentes ne se transforment plus en conflits. Pas de polémique ni d’accusation contre Pékin, l’heure est à l’attitude « diplomatique » avec la puissance chinoise. Mais aux yeux des Etats-membres de l’ASEAN, l’enjeu de ce code est la « retenue » et l’arrêt des « actions unilatérales », rapporte l’Inquirer. Une allusion directe à la politique du fait accompli menée par la Chine dans la région, elle qui poldérise des îlots rocheux disputés pour en faire des îles à usage militaire et agrandir ainsi sa zone économique exclusive. C’est exactement ce que les pays du Sud-Est asiatique souhaitent empêcher à travers ce code, qui dans version provisoire réaffirme « l’importance de maintenir la paix, la stabilité, la sécurité et la liberté de navigation ».
Si le texte n’est pas légalement contraignant, il est probable que la Chine continue d’avoir une attitude agressive. C’est du moins ce que suggère l’universitaire Carl Thayer dans le Straits Times : un accord informel serait « dénué de sens ». L’absence de sanctions et de règles strictes avaient ainsi précipité l’accord informel de 2002 vers l’échec. Depuis, les conflits se sont multipliés. Pourtant devant la nécessité d’agir, le gouvernement philippin se dit ouvert à un accord non-contraignant. C’est ce qu’a laissé entendre son ministre des Affaires étrangères Alan Peter Cayetano lors d’une conférence de presse citée par GMA News Online. « Nous poussons pour que le texte ait soit légalement contraignant, mais nous restons aussi ouverts à tout ce qui pourra nous faire avancer. Car si nous retournons en arrière, nous aurons l’instabilité. Bien sûr, tout le monde préfère une version ferme [du code de conduite], mais pour y parvenir ce n’est pas si simple. » Certains experts comme l’universitaire philippin Jay Batongbacal ne se font guère d’illusions : « La seule chose que cela fera, cependant, c’est de créer une atmosphère qui permettra aux pays de continuer de négocier et de trouver une solution dans le futur. »
Par Juliette Parjadis

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