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Corée du Sud : Moon dévoile la feuille de route politique de son gouvernement

e président sud-coréen Moon Jae-in lors de son arrivée à Hambourg pour la tenue du sommet du G20.
Le président sud-coréen Moon Jae-in lors de son arrivée à Hambourg pour la tenue du sommet du G20. (Crédit : Sergey Guneev / Sputnik / AFP).
Un agenda pour le moins très ambitieux. Aujourd’hui, mercredi 19 juillet, l’administration du nouveau président sud-coréen, Moon Jae-in, a présenté son agenda pour le mandat (5 ans) à venir. Au programme : une réforme du système politique, économique et social, une meilleure cohésion du territoire et la paix sur la péninsule Coréenne.
« Le plan annoncé aujourd’hui sera une feuille de route et une boussole vers une nouvelle Corée » a déclaré Moon Jae-in en ouverture de sa déclaration. Puis il a égrené les mesures phares des politiques gouvernementales à venir qui, en accord avec ses promesses de campagne, doivent être conduites selon les désirs des citoyens coréens. La politique de l’administration Moon se voulant la digne héritière des mouvements de protestations de la révolution des bougies. « La tragédie du ferry Sewol en 2014 et la révolution des bougies ont montré pourquoi un État doit exister et comment son pouvoir devrait être exercé » déclare de son côté Kim Jin-pyo, le président du comité au Korea Times en revenant sur la philosophie derrière ces mesures annoncées. En effet, depuis le 22 mai 2017 et pendant 54 jours, le comité a récolté les opinions d’environ 165 000 sud-coréens. Et ce sont ces informations qui ont été largement utilisées pour rédiger l’agenda de l’administration Moon.
Le Comité de conseil pour la Planification des Affaires Etatiques (State Affairs Planning Advisory Committee) a ensuite présenté une liste de 100 tâches classées en cinq catégories : la réforme du système politique, le développement d’un système économique juste, l’extension de l’aide sociale, le rééquilibrage du développement du territoire et enfin la paix sur la péninsule Coréenne.
Moon Jae-in a pu présenter dans le détail certaines des politiques phares à venir.
Ainsi, la réforme du système économique se fera principalement par la lutte contre la corruption. Pour ce faire, l’administration entend promouvoir plus de transparence dans les affaires d’état et dans le système social. En ce sens, elle propose de créer un corps indépendant en charge de la lutte anti-corruption dès 2018. Cette nouvelle organisation aura deux devoirs : punir les conglomérats menant des pratiques illégales et éradiquer toutes traces de corruption dans l’industrie de la défense. Dans la même perspective, le bureau présidentiel a également promis de mettre en place des lois plus strictes concernant la corruption des responsables gouvernementaux et un système d’évaluation des droits de l’homme afin de prévenir les abus de pouvoirs de la police.
Concernant les questions sociales, le résident de la Maison Bleue a rappelé que la Corée du Sud a aujourd’hui un taux de fécondité dangereusement bas (1,25 en 2015). Il a donc présenté des mesures pour y faire face. Parmi elles, la construction de logements pour les jeunes couples, une extension de l’assurance-maladie pour les couples ayant des problèmes de fertilité, ou encore l’augmentation du nombre de places en crèches. L’école secondaire publique devrait également devenir gratuite en 2022, et les frais universitaires devraient être réduits – ces deux points faisant partis des principales revendications des étudiants sud-coréens. Point phare du programme de Moon pendant sa campagne présidentielle : la création de 810 000 emplois dans le secteur public d’ici à 2022 (officiers de police, pompiers, assistants sociaux…).
Ayant promis durant sa campagne de mettre en place des mesures pour lutter contre la pollution, la question environnementale tient également une bonne place dans ce plan. Au rayon des principales mesures, il faut noter la mise en place d’une politique d’encouragement de l’achat de voiture plus écologique destinée à terme à supprimer tout usage du diesel sur les routes. Egalement, pour la questions nucléaire, un moratoire sur toutes les nouvelles constructions est prévu, de même qu’une fermeture des centrales les plus âgées.
Enfin, concernant la paix sur la péninsule : Moon annonce la présentation prochaine d’un autre plan pour la négociation de l’arrêt du programme nucléaire nord-coréen et la signature d’un traité de paix pour en finir définitivement avec la guerre de Corée. Ces propositions s’inscrivent dans la continuité du discours de Berlin donné par Moon Jae-in et des annonces de la semaine concernant d’éventuels pourparlers militaires et d’autres sous l’égide de la Croix-Rouge. D’autres rencontres pourraient être mises à l’ordre du jour, notamment concernant l’économie avec les possibles réouvertures du complexe industriel Kaesong et de la zone touristique spéciale nord-coréenne du mont Kumgang. Et le quotidien sud-coréen de poursuivre avec les mots du président Moon qui résument ses objectifs : « Nous allons faire un Etat citoyen où les citoyens seront traités comme des propriétaires, et faire une République de Corée juste où tous les privilèges, l’injustice, les discriminations et les disparités seront éradiqués ».
Beau programme, applaudissent les experts mais n’est-il pas beaucoup trop ambitieux ? Et notamment autour de la question de la pacification de la péninsule ? Et le site d’informations Nikkei.com de nous rapporter les interrogations de Cheong Seong-chang, un des anciens chercheurs principaux du département des travaux stratégiques pour l’unification de l’institut Sejong (Sejong Institute’s Department of Unification Strategy Study) : « un accord avec la Corée du nord est-il possible alors qu’elle dit qu’elle n’abandonnera jamais l’arme nucléaire ? ». Ce n’est pas la seule voix discordante à se faire entendre. D’autres s’élèvent autour des questions budgétaires puisque le comité prévoit, pour la mise en marche de cet agenda sur 5 ans, un cout de 178 trillions de won (environ 137 milliards d’euros). Or, le gouvernement sera-t-il capable de trouver une telle somme ?
Par Amina Bouamrirene

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