Arnaud Lanuque : "le cinéma hongkongais de l’âge d’or est mort à la moitié des années 1990"
Contexte
Gangster tatoué suivant son propre code d’honneur, flic infiltré chez les triades à la recherche de son identité, policier incorruptible adepte des armes à feu et du kung-fu, tueuse professionnelle au charme vénéneux : voilà autant de personnages que vous pourrez retrouver dans cette bible sur le monde des polars et des films de triades hongkongais signée par Arnaud Lanuque.
Ce cinéphile (également collaborateur d’Asialyst) vient de signer aux éditions Gope (mai 2017) une superbe monographie intitulée « Police vs Syndicats du crime ». Dans cet ouvrage à mettre entre toutes les mains, les interviews exclusives des grands réalisateurs et producteurs de l’époque font la part belle aux longs chapitres explicatifs consacrés aux sous-genres tels que « le polar martial », « les films de héros (Heroic bloodshed) » ou encore le trop méconnu « héroïne armée (Girls with guns) ». Tous ces genres ont marqué, chaque à leur manière, le cinéma hongkongais et ont donné lieu à d’importantes productions. Une filmographie accompagne d’ailleurs chaque chapitre de l’ouvrage.
Pour tout savoir sur ce genre si particulier – autant pour les amoureux de Chow Yun Fat ou de John Woo que pour les néophytes – la somme d’Arnaud Lanuque est indispensable – tant la documentation est riche et touffue en anecdotes et le contenu des plus exhaustifs.
A lire : Arnaud Lanuque, Police vs Syndicats du crime, les polars et films de triades dans le cinéma de Hong Kong, éditions GOPE, mai 2017.
Aujourd’hui, on a une configuration où plusieurs pôles coexistent avec notamment Pékin, Shanghai et Hong Kong. Hong Kong n’est donc plus qu’un pôle parmi d’autres. Il y aura toujours une production hongkongaise. Actuellement (2017), ils en sont à 40-50 films produits par an en prenant en compte les coproductions, ce qui n’est pas trop mal.
Et ce qui est quelque part plus logique pour une ville de 7 millions d’habitants !
Peut-on pour autant les blâmer ?
Par exemple j’en parlais dernièrement avec Herman Yau, réalisateur du film « The Sleep Curse » sorti en 2017. C’est un film fantastique donc impossible à tourner en Chine. Résultat, lui et son équipe l’ont fait pour 10 millions de HK$ (soit 1,2 millions d’Euros) et c’est en gros le maximum de budget qu’ils peuvent se permettre pour un film de cette nature. Et ce ne fût possible que parce qu’il était également prêt à sacrifier une part de son salaire etc… Or, si il avait eu une coproduction en Chine, et donc qu’il avait changé le thème de son film, il aurait pu gagner quatre ou cinq fois plus.
Il est bon de se souvenir que le cinéma n’est pas qu’une question de produits culturels, c’est aussi une question de gros sous.
Cela a duré jusqu’à la signature des accords CEPA (2003) lorsque le système des coproductions s’est mis en place : ce qui leur a permis d’être considérés comme films chinois.
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