Politique

La Corée du Nord "ouverte" sous conditions à un moratoire sur le nucléaire et les tests de missiles

Le 22 mai 2017, la Corée du Nord a procédé à un test de missile à portée intermédiaire Pukguksong-2. (Crédits : AFP PHOTO / JUNG Yeon-Je)
Le 22 mai 2017, la Corée du Nord a procédé à un test de missile à portée intermédiaire Pukguksong-2. (Crédits : AFP PHOTO / JUNG Yeon-Je)
Double jeu à Pyongyang. Ce mercredi 21 juin, un officiel nord-coréen a déclaré son pays prêt à suspendre son programme nucléaire et militaire si les États-Unis et la Corée du Sud acceptent de cesser leurs exercices militaires conjoints. Cela après avoir refusé l’offre de dialogue du président sud-coréen Moon Jae-in. Le régime nord-coréen serait-il à nouveau d’accord pour reprendre la voie des négociations ? Si le nouveau président à Séoul se montre plus conciliant, la Chine, son principal partenaire, est plus que jamais sous pression de l’administration Trump pour appliquer les sanctions onusiennes.
La proposition n’est pas gratuite. Ambassadeur nord-coréen en Inde, Kye Chun-yong a dit son pays « ouvert » à un moratoire sur la question du programme nucléaire et des tests de missiles, rapporte l’agence Yonhap. Mais sous certaines conditions, dont la principale : l’arrêt des exercices militaires conjoints menés par les États-Unis et la Corée du Sud, considérées à Pyongyang comme des répétitions pour une invasion prochaine du Nord. Ce n’est pas la première fois que Pyongyang fait une telle proposition : « La Corée du Nord avait déjà fait une offre similaire en 2015. Nous surveillerons de près la situation, a déclaré, prudent, un ministre du président sud-coréen Moon Jae-in, cité par le Korea Herald.
Mais pourquoi une telle offre maintenant ? En effet, lorsque que Moon Jae-in proposait de rouvrir le dialogue inter-coréen à condition d’un arrêt des provocations par Pyongyang, la Corée du Nord avait fait connaitre son désaccord : le Chosun Sinbo, un journal pro-Nord Coréen basé au Japon cité par le Korea Times, avait qualifié Moon de « porte-parole » du président Trump et ajoutait que la Corée du Sud ne fait que suivre les directives nord-américaines hostiles à Pyongyang.
Cette proposition nord-coréenne intervient alors que les Américains mettent toujours plus les Chinois sous pression. A Washington, la situation est critique pour l’administration Trump depuis la mort d’Otto Warmbier, un étudiant de 22 ans décédé lundi 19 juin après avoir été évacué dans le coma d’un centre de détention en Corée du Nord. L’opinion publique américaine presse son gouvernement de prendre des mesures de représailles. « Ce que vous voyez, a déclaré James Mattis, le secrétaire américain à la Défense, c’est la frustration des Américains vis-à vis d’un régime qui ne fait que nous provoquer et qui, fondamentalement joue hors des lois », dans des propos cités par Channel News Asia. Avant la rencontre, le président américain Donald Trump avait fait connaître sur Twitter sa grande frustration : « Même si j’apprécie grandement les efforts du Président Xi et de la Chine pour aider sur la Corée du Nord, cela n’a pas fonctionné. Au moins, je sais que la Chine a essayé ! » Ce mercredi, le secrétaire d’État américain Rex Tillerson a voulu présenter des avancées dans les discussions avec les Chinois, rapporte le South China Morning Post : les États-Unis et la Chine se sont accordées pour défendre à leurs entreprises de traiter avec des structures nord-coréennes.
Malgré tout, Moon Jae-in avance son agenda de rapprochement avec la Corée du Nord. Et dans la droite ligne de la « Sunshine Policy » menée par Kim Dae-jong au début des années 2000, cela passe par des petits pas symboliques. Le président sud-coréen a choisi le sport. Proposition de son ministre de la culture, des sports et du tourisme de l’administration, Do Jong Hwan : la co-organisation de certaines épreuves de ski lors des Jeux Olympiques d’hiver de Pyeongchang en Corée du Sud en février 2018 et la formation d’une équipe inter-coréenne de hockey sur glace féminin à cette occasion. Par ailleurs, on apprend ce jeudi 22 juin, que l’équipe nationale de taekwondo nord-coréenne concourra en Corée du Sud pour les championnats du monde.
Par Amina Bouamrirène

Soutenez-nous !

Asialyst est conçu par une équipe composée à 100 % de bénévoles et grâce à un réseau de contributeurs en Asie ou ailleurs, journalistes, experts, universitaires, consultants ou anciens diplomates... Notre seul but : partager la connaissance de l'Asie au plus large public.

Faire un don
A propos de l'auteur