Philippines : Duterte limoge son ministre de l'Intérieur soupçonné de corruption
Pourquoi ce limogeage ? Ismael Sueno est en effet soupçonné d’avoir acquis des biens immobiliers au-delà de ses moyens, ainsi que d’avoir fait réaliser d’importants aménagements – non prévus – dans sa ferme située au sud du pays. Ces actions auraient d’ailleurs éveillé les soupçons de ses pairs note le quotidien hongkongais. Mais le désormais ex-ministre de l’Intérieur nie en bloc ces allégations en arguant que son « engagement contre la corruption a toujours été fort » et qu’ainsi « cette accusation est impossible ». Selon lui, trois membres du ministère de l’Intérieur – eux aussi nommés par le président Duterte – seraient à l’origine de son éviction. Et le South China Morning Post de rappeler qu’Ismael Sueno est le second ministre a être renvoyé par le président philippin depuis son arrivée au pouvoir il y a moins de 10 mois. Avant lui, c’est l’ancien ministre des Affaires étrangères, Perfecto Yasay, qui avait été remercié il y a un mois.
Revenant sur l’affaire, le Straits Times révèle qu’Ismael Sueno aurait été évincé à la suite d’une plainte déposée par trois de ses subordonnés directs l’accusant d’« enrichissement douteux » suite à l’achat de 76 camions de pompiers à 20 millions de pesos chacun (1,5 millions de dollars) alors qu’ils n’en valent que 7 sur le marché. La différence est de taille.
Mais les accusations ne s’arrêtent pas là puisqu’il est également accusé d’« abus de pouvoir » et d’« enrichissement douteux » suite à l’achat d’un nouvel hôtel, note cette fois-ci le The Philippine Star. « Mon frère est le propriétaire de l’hôtel et c’est sa fille qui a acheté les camions pour l’entreprise de riz familial », se défend l’ancien ministre qui défie du même coup les trois sous-secrétaires accusateurs – John Castriciones, Jésus Hinlo et Emilie Padilla – d’enquêter sur lui. Et Sueno de clamer son innocence en estimant que « ces accusations ne sont que des rumeurs sans fondements » et que le prix d’achat des camions est élevé car « ils bénéficient de plus d’accessoires que leurs concurrents chinois” .
Pour autant, selon le porte-parole de la présidence, Ernesto Abella, ce nouveau renvoi « n’est pas un signe de problèmes existants », mais au contraire, la preuve que le président Duterte est déterminé « à œuvrer pour un gouvernement qui jouisse de la confiance de tous. »
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