Politique
L'Asie du Nord-Est dans la presse

Chine : "droits civils", "fake news" et Jiang Tianyong

Des policiers paramilitaires chinois patrouillent sur la place Tian'anmen, à Pékin, en vue de l'ouverture des "deux sessions" (de l'ANP et de la CCPPC), le 27 février 2017. (Crédit : Wang Xin / Imaginechina / via AFP)
Des policiers paramilitaires chinois patrouillent sur la place Tian'anmen, à Pékin, en vue de l'ouverture des "deux sessions" (de l'ANP et de la CCPPC), le 27 février 2017. (Crédit : Wang Xin / Imaginechina / via AFP)
C’est « le plus grand événement politique de l’année » en Chine, déclare le South China Morning Post. Demain vendredi 3 mars s’ouvriront les fameuses « deux sessions » (lianghui – 两会) : celles de l’Assemblée nationale populaire (ANP, principal organe législatif du pays dans les textes mais chambre d’enregistrement des décisions du Parti) et de la Conférence consultative politique du Peuple chinois (CCPCC, principal organe consultatif). Au total, près de 5 000 délégués politiques, économiques et sociaux de toute la Chine seront réunis pour – notamment – adopter de nouvelles lois. Parmi elles, un texte sur l’amélioration de la protection des droits civils dans lequel les observateurs occidentaux ne voient rien d’autre qu’un rideau de fumée. D’autant qu’au moment, la détention sans procès de l’avocat des droits de l’homme, Jiang Tianyong, refait surface jusque dans les médias officiels.
« Un pas de géant dans le système juridique en faveur d’une meilleure protection des activités citoyennes. » Voilà comment le Global Times, quotidien officiel chinois, décrit le projet de loi intitulé « Dispositions général de droit civil » qui doit être voté ce week-end. La loi actuellement en place, adoptée en 1986 et amendée en 2009, est considérée comme largement « obsolète » du fait du « développement économique rapide et des bouleversements sociaux introduits dans le pays depuis la période de réformes et d’ouverture », initiée sous Deng Xiaoping (1978-1992).
En quoi consiste ce nouveau texte ? Son innovation principale réside dans l’introduction, pour la première fois, de la notion de « protection juridique des informations personnelles ». Ce qui, toujours d’après la presse officielle, « reflète la tendance du respect de la vie privée et des droits individuels à l’ère d’Internet et du big data ». « Chaque individu devrait disposer d’un contrôle total sur la divulgation de ses informations personnelles », appuie Tong Qiang, professeur de droit civil à l’université du Peuple à Pékin.
Pourtant hier, mercredi 1er mars, le gouvernement chinois dévoilait un nouveau projet de « protection renforcée du cyberespace » peu respectueux des droits individuels, officiellement dans le but « d’éviter une guerre numérique », rapporte le South China Morning Post. Long Zhou, coordinateur des « cyberaffaires » au ministère chinois des Affaires étrangères, a ainsi défendu le droit de Pékin « d’imposer ses standards en matière de censure sur Internet » tout en affirmant « défendre la liberté d’expression des citoyens chinois »
Drôle de résonance, aussi, du côté des ONG et des activistes. L’Agence officielle Chine Nouvelle a accusé l’avocat radié du barreau Jiang Tianyong de produire des « fake news » alors qu’il dénonçait des actes de torture exercés par la police à l’encontre d’un de ses confrères emprisonnés, Xie Yang, rapporte Channel News Asia. Jiang a disparu en novembre dernier après avoir rendu visite à la famille de Xie. La nouvelle de sa détention n’a été confirmée qu’un mois plus tard. C’est la première fois que le terme polémique, emprunté à la rhétorique de Donald Trump, est utilisé par les organes chinois de propagande.
Chine Nouvelle accuse ainsi Jiang d’avoir forcé la femme de Xie à fabriquer de faux témoignages sur la détention de son mari, tandis qu’une « enquête indépendante » n’aurait relevé aucune trace de sévices corporels. De son côté, l’Union européenne s’est dite « particulièrement inquiète » quant à la situation des droits humains en Chine en général et de l’affaire Jiang Tianyong en particulier – et ce ne sont certainement pas les fameuses « Dispositions générales de droit civil » qui vont la rassurer.
Par Alexandre Gandil

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