Kim Jong-nam : pourquoi la brouille s'aggrave entre Pyongyang et Kuala Lumpur
La polémique a commencé d’enfler ce lundi 20 février quand le quotidien britannique The Telegraph a révélé que les deux principales suspectes de cette affaire se cachaient dans l’ambassade de Corée du Nord à Kuala Lumpur. Le second secrétaire de l’ambassade, Hyon Kwang-song, serait selon des sources malaisiennes « le superviseur exclusif de ce complot », rapporte le Korea Times. La police de Kuala Lumpur souhaite maintenant interroger Hyon, mais elle risque de se heurter à la mauvaise volonté des Nord-Coréens, qui ne semblent pas encore prêts à lever son immunité.
Au contraire, Pyongyang avance des accusations de complot. La Malaisie mènerait ainsi l’enquête en bonne « entente » avec la Corée du Sud. Selon KCNA, citée par le Korea Times, « les actes des Malaisiens coïncident avec le racket anti-nord-coréen lancé par la Corée du Sud ». Kuala Lumpur avait initialement informé Pyongyang du décès d’un « citoyen nord-coréen possédant un passeport diplomatique, des suites d’un état de choc soudain et préalablement à son embarcation pour Macao ». Mais la Malaisie a rapidement « changé de position », dénonce KCNA, après la publication d’un « rapport sud-coréen » sur une mort par empoisonnement de Kim Jong-nam, indique le Straits Times.
Face à ces accusations jugées « conspirationnistes », la Malaisie a répliqué vivement ce jeudi. La Corée du Nord est un « État voyou », a déclaré le ministre de la Culture Mohamed Nazri Abdul Aziz, cité par le Strait Times. Pyongyang doit « respecter la souveraineté » malaisienne, a ajouté le vice-premier ministre Ahmad Zahid Hamidi, rapporte un autre article du quotidien singapourien.
La brouille tourne donc à l’escalade verbale après le rappel de l’ambassadeur malaisien à Pyongyang et la convocation de son homologue nord-coréen à Kuala Lumpur le 20 février dernier. Kang Chol, dont le Straits Times dresse un portrait « combatif », avait « franchi la ligne rouge » et commis une « irrégularité diplomatique », selon les mots du ministre de la Défense Datuk Seri Hishammuddin Hussein. Kang avait d’abord demandé à la Malaisie de transférer le corps de Kim Jong-Nam à l’ambassade nord-coréenne, avant d’accuser l’enquête menée par la police malaisienne d’être « motivée politiquement » et peu crédible « sans une [démarche] commune aux deux gouvernements ». Réponse du ministère malaisien de la Défense : « Quelles que soient les affaires criminelles, elles doivent faire l’objet d’une enquête en vertu de la loi du pays dans lequel elles ont été commises. »
Soutenez-nous !
Asialyst est conçu par une équipe composée à 100 % de bénévoles et grâce à un réseau de contributeurs en Asie ou ailleurs, journalistes, experts, universitaires, consultants ou anciens diplomates... Notre seul but : partager la connaissance de l'Asie au plus large public.
Faire un don