Politique

Corée du Nord : quand Kim Jong-un teste Donald Trump

Une passante devant un écran de télévision montrant les images du tir "réussi" d'un missile à portée intermédiaire par la Corée du Nord, à Séoul le 12 février 2017. (Crédits : JUNG Yeon-Je / AFP)
Une passante devant un écran de télévision montrant les images du tir "réussi" d'un missile à portée intermédiaire par la Corée du Nord, à Séoul le 12 février 2017. (Crédits : JUNG Yeon-Je / AFP)
C’est le premier test stratégique pour Donald Trump en Asie orientale. Ce dimanche 12 février, Pyongyang a tiré avec succès, selon ses dires, un missile à portée intermédiaire Pukguksong-2. Une provocation qui n’a pas fait sourciller le président américain pour qui le développement d’une arme nucléaire capable de frapper les États-Unis « n’arrivera pas », a-t-il tweeté il y a quelques jours.
Tester le nouveau président américain, tel est l’objectif de Pyongyang. Ce dimanche, au lendemain de la deuxième rencontre entre le Premier ministre japonais Shinzo Abe et le président Donald Trump à Washington, la Corée du Nord a « réussi » son test de missile à portée intermédiaire. L’agence de presse nord-coréenne KCNA a souligné la « supervision » du dictateur Kim Jong-un dans le test du Pukguksong-2, un nouveau type d’arme stratégique capable de transporter une ogive nucléaire. C’est une « violation des résolutions des Nations Unies », rappelle le Straits Times. Une réunion d’urgence est d’ailleurs prévue au Conseil de sécurité ce lundi 13 février à la demande des États-Unis, du Japon et de la Corée du Sud. Tokyo exhorte aussi Pékin à mettre la pression sur son allié nord-coréen, indique Channel News Asia. « Nous avons demandé à la Chine de prendre des mesures constructives en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU », a déclaré le secrétaire général du cabinet Yoshihide Suga ce lundi. Il s’agit de la « première provocation nord-coréenne » depuis l’investiture de Trump le 20 janvier dernier, souligne l’agence de presse Yonhap.

Du côté de Pyongyang, ce tir symbolise l’espoir d’un nouveau levier de négociation avec Washington. Pour l’expert militaire hongkongais Song Zhongping cité par le Global Times, ce test pourrait « aider à faire progresser la technologie nord-coréenne du missile balistique de longue portée (ICBM) ». Voilà cependant une action tout à fait « imprudente » de la part du régime nord-coréen, objecte Wang Junsheng, chercheur à l’Académie des sciences sociales de Chine interviewé aussi par le quotidien officiel chinois : « l’action nord-coréenne suscitera une réaction militaire plus dure des États-Unis et de la Corée du Sud. » En guise de riposte contre le Nord, Washington et Séoul prévoient des « exercices militaires conjoints » en mars, ajoute Wang.

Et si Pyongyang réussit un test de missile à longue portée ? « Cela n’arrivera pas ! » avait tweeté Donald Trump en réponse à la menace nord-coréenne le 1er janvier. Cependant, face au test du missile Pukguksong-2, le milliardaire américain a réagi avec une « retenue surprenante », souligne le New York Times. Une promesse de soutien au Japon, mais aucune mention à la Corée du Nord. Raison de cette réponse tempérée : le missile de moyenne portée lancé dimanche est incapable d’atteindre les États-Unis. Néanmoins, comment le Nord réagirait-il si un missile était détruit sur la rampe de lancement ou intercepté peu de temps après son décollage ? Pour le quotidien sud-coréen Korea Times, Kim Jong-un devrait suspendre ses plans de missiles à longue portée et penser à une « stratégie de survie » contre les États-Unis, maintenant gouvernés par un leader plus imprévisible que lui.

Par Joana Hiu

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