Politique
L'Asie du Nord-Est dans la presse

La Chine met en garde Trump contre une guerre en Asie

Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi lors d'une conférence de presse au parlement australien à Canberra le 7 février 2017. (Crédits : AFP PHOTO / MARK GRAHAM)
Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi lors d'une conférence de presse au parlement australien à Canberra le 7 février 2017. (Crédits : AFP PHOTO / MARK GRAHAM)
La guerre entre les États-Unis et la Chine aura-t-elle lieu ? Ce n’est pas réaliste aux yeux de Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères, qui a tout de même pris la peine de le rappeler lors de sa visite en Australie. Début février au Sénat, le secrétaire d’État américain Rex Tillerson avait agité la possibilité de « bloquer » l’accès de Pékin à ses propres îles poldérisées en mer de Chine méridionale. Depuis, les Chinois s’appliquent à minimiser les perspectives d’un conflit qui « mènerait à l’échec ». En espérant « faire entendre raison » à Donald Trump sur le respect des intérêts chinois. Réaliste ?
« Révisez vos cours d’histoire sur la Seconde Guerre mondiale ! » Ce mardi 7 février, c’est une leçon que Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères, a voulu adresser au mauvais élève Trump depuis Canberra où il est en visite officielle. Précis, le diplomate a rappelé la Déclaration du Caire de 1943 et celle de Potsdam en 1945 : « le Japon doit retourner à la Chine tout le territoire qu’il lui a pris », rapporte Channel News Asia C’est que les Chinois n’ont toujours pas digéré les propos du secrétaire d’État américain Rex Tillerson. « Pékin ne devrait pas avoir accès aux îles qu’il a construites en mer de Chine du Sud », avait déclaré l’ancien patron d’ExxonMobil lors de son audition de confirmation au Sénat le 1er février dernier. Sous-entendu : les États-Unis pourraient « bloquer » la Chine dans la zone, militairement s’il le faut.

Certes, les Chinois ont été sensibles aux dires du secrétaire américain à la Défense James Mattis, en visite à Tokyo samedi dernier : « La diplomatie est la priorité en mer de Chine méridionale. » Mais la Chine veut mettre les choses au clair le plus vite possible et minimiser toute perspective de guerre avec les Américains. « Il ne peut pas y avoir de conflit entre la Chine et les États-Unis. Les deux parties ne peuvent pas se le permettre », a ainsi prévenu Wang Yi, indique le Straits Times. Pour le diplomate, une telle éventualité serait un « échec ».

Cependant, la question obsédante pour la Chine est plus profonde : Trump accepte-t-il la réalité en Asie orientale ? C’est ce que demande le quotidien nationaliste Global Times dans un éditorial. Le milliardaire américain n’a pas encore de politique claire sur la Chine ni sur l’Asie de l’Est, reproche le journal. Et l’alliance forte de Washington avec le Japon et la Corée du Sud « n’aidera pas à faire face à une Chine montante ».

Du côté américain aussi, la politique chinoise de Trump inquiète, souligne le South China Morning Post. La crainte émane d’un rapport signé par d’anciens hauts-diplomates américains sous les administrations démocrates et républicaines. Avant son investiture, rappellent-ils, Donald Trump s’est montré « ouvert aux négociations » sur la « politique d’une seule Chine ». Une décision qui pourrait « déstabiliser l’Asie-Pacifique » et rendre Taiwan « plus vulnérable ». Soucieux de faire pression sur Pékin pour réduire son excédent commercial avec Washington, Trump n’a pas pris conscience du « danger » d’abandonner la reconnaissance d’une seule Chine avec Pékin pour capitale, jamais remise en cause par Washington depuis 1979. Ainsi, l’initiative de Trump pourrait porter atteinte à la position-même des États-Unis en Asie-Pacifique. Trump devrait donc « soutenir la diplomatie » en mer de Chine du Sud, tout en maintenant une double présence navale et aérienne active pour éviter une éventuelle offensive de Pékin.

Par Joana Hiu

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