Apichatpong Weerasethakul : "Je ne crois pas au cinéma thaïlandais"
Dans la capitale cambodgienne, le cinéaste était invité par l’Institut français à une rétrospective de son œuvre du 13 au 15 janvier derniers. Il a présenté cinq de ses long-métrages ainsi que trente court-métrages, et a livré quelques-uns de ses secrets de fabrication lors d’une master-class. Si ses souvenirs d’enfance ont toujours irrigué son œuvre, Apichatpong se dit étouffé par le climat politique actuel en Thaïlande, et rêve d’ailleurs.
Entretien
En une décennie Apichatpong Weerasethakul, 46 ans, est devenu une référence du cinéma asiatique en Occident. Révélé au festival de Cannes en 2002 avec le film Blissfully Yours qui décroche le prix « Un certain regard », il récidive en 2004 et remporte le Prix du jury avec Tropical malady. Puis en 2010, c’est la consécration : Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures, rafle la Palme d’or.
Victime du comité de censure gouvernementale en 2006 avec son film Syndromes and a century, Apichatpong a refusé de lui soumettre son dernier long-métrage Cemetery of Splendor, sorti en France en 2015 et donc pas encore visible sur les écrans thaïlandais. Ce film qui met en scène des soldats atteints par une étrange maladie du sommeil tandis que les fantômes se réveillent, a été perçu comme une critique et une métaphore des dérives de la société.
Depuis le coup d’État mené par le général Prayuth Chan-ocha en 2014, la Thaïlande connaît une vague de répression n’ayant d’égal que le mandat du maréchal Phibun, qui régna d’une main de fer dans les années 1940 à 1950. Les lois de lèse-majesté sont utilisées abusivement pour cibler activistes, étudiants, journalistes, politiciens ou simples citoyens ayant exprimé des opinions négatives sur Facebook. Plus de 1000 personnes ont été détenues ou arrêtées par la junte. Un climat de suspicion qui pousse les artistes à l’auto-censure ou à l’expatriation.
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