Politique
L'Asie du Nord-Est dans la presse

La Chine ulcérée par la "diplomatie Twitter" de Trump

Le président-élu Donald Trump en pause durant une rencontre avec les médias à Palm Beach en Floride, le 21 décembre 2016. [Photo/Agencies] Copie d'écran du China Daily, le 4 janvier 2017.
Le président-élu Donald Trump en pause durant une rencontre avec les médias à Palm Beach en Floride, le 21 décembre 2016. [Photo/Agencies] Copie d'écran du China Daily, le 4 janvier 2017.
C’est une nouvelle allégorie de la théorie du chaos – à l’heure numérique et de la mondialisation – qui semble dicter aujourd’hui les relations sino-américaines. Ou comment les gazouillis d’un petit oiseau bleu à New York provoquent l’ire des autorités pékinoises de l’autre côté du Pacifique.
En cause une fois encore, un tweet du président américain élu qui réagissait aux annonces nord-coréennes sur son futur missile balistique intercontinental lundi 2 janvier : « La Corée du Nord vient d’affirmer qu’elle était aux dernières étapes du développement d’une arme nucléaire capable d’atteindre le territoire américain. Cela n’arrivera pas ! » Et Donald Trump d’ajouter, toujours via son compte Twitter : « La Chine a récupéré une quantité incroyable d’argent et de richesses via son commerce avec les USA, totalement à sens unique, mais elle n’aidera pas pour la Corée du Nord ! Sympa ! ».
Il n’en fallait pas beaucoup plus pour que tous les éditorialistes chinois – du Quotidien du Peuple, au China Daily en passant par le Global Times ne s’empressent de dénoncer la « vision déformée » du 45ème président américain concernant le programme nucléaire nord-coréen et de louer le « rôle clé » joué par la Chine dans la pacification de la péninsule coréenne. Ou selon les dires du porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang, lors d’une conférence de presse ce mardi 3 janvier en réaction aux tweets de Donald Trump : « Les efforts de la Chine [pour maintenir la stabilité dans la péninsule coréenne, NDLR] sont largement reconnus et nous espérons que chaque partie en présence évitera remarques ou autres actions pouvant aggraver la situation. »
Un avis que partage le professeur Zhang Jingquan, spécialiste des questions nord-asiatiques à l’Université de Jilin. Le « rôle de la Chine est irremplaçable », confie-t-il au China Daily, pour stabiliser la situation dans la péninsule comme le montre l’absence de conflits sérieux ces dernières années. Et donc, à ce titre, « Trump ne doit pas passer outre la Chine ». D’autant que selon l’un de ces confrères, Shi Yinhong, directeur du Centre d’études américaines de l’Université du Peuple à Pékin (Renmin University), « il est très peu probable que le président américain puisse avoir des discussions directes avec Kim Jung-un une fois sa prise de fonction effective le 20 janvier ». Ses promesses de campagne [en juin 2016, le candidat Trump avait indiqué qu’il pourrait manger un hamburger avec le dictateur nord-coréen et tenter de le convaincre d’abandonner les armes nucléaires, NDLR] n’étant donc « qu’un spectacle politique irresponsable ».
Et le très nationaliste Global Times de conclure comme un avertissement : « Trump ne devrait pas essayer de jouer au patron avec la Chine – comme il l’a fait avec le Japon et la Corée du Sud. Georges W. Bush est intervenu dans les affaires du Proche-Orient et nous avons tous vu les échecs de sa politique étrangère. Si Trump le veut vraiment, il peut tenter sa chance en Asie, autre point chaud. »
Par Antoine Richard

Les autres faits du jour en Asie du Nord-Est

Japon : la croissance devrait être au rendez-vous en 2017 pour l’économie japonaise, rapporte le Japan Times.

Corée du Sud : Ban Ki-moon de retour à Séoul le 12 janvier, indique Yonhap.

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