Politique
L'Asie du Nord-Est dans la presse

La Chine rend leur drone aux Américains

Ce navire océanographique américain devait récupérer le fameux drone en mer de Chine du Sud. C'était sans compter sur la marine chinoise, qui s'en est emparé par crainte de "menace sur la sécurité" dans la zone. Copie d'écran du Straits Times, le 20 décembre 2016.
Ce navire océanographique américain devait récupérer le fameux drone en mer de Chine du Sud. C'était sans compter sur la marine chinoise, qui s'en est emparé par crainte de "menace sur la sécurité" dans la zone. Copie d'écran du Straits Times, le 20 décembre 2016.
Il sera resté cinq jours entre les mains chinoises. Ce mardi 20 décembre, à midi heure locale, Pékin a rendu à Washington son drone sous-marin capturé en mer de Chine méridionale, au large des Philippines. L’information, dévoilée par Fox News, a été confirmée par le ministère chinois de la Défense.
« Après consultations amicales entre parties chinoise et américaine, les démarches pour rendre le drone sous-marin des Etats-Unis ont été accomplies sans heurt dans les eaux pertinentes, en mer de Chine du Sud, à midi le 20 décembre. » Cette déclaration du ministère chinois de la Défense laisserait presque croire à de simples formalités. Quelques jours après avoir saisi un drone sous-marin dont elles craignaient qu’il « représente un risque pour la sécurité de la navigation et du personnel des navires » en mer de Chine du Sud, d’après le Global Times, les autorités de Pékin auraient naturellement rendu l’appareil à ses propriétaires américains – après l’avoir « examiné de façon responsable et professionnelle ».
Mais la pilule passe mal du côté des États-Unis. Le Pentagone explique en effet que le drone utilisé emploie des technologies non classées secrètes, mais disponibles sur le marché, visant à récolter des données océanographiques, rapporte le Straits Times. D’ailleurs, l’USNS Bowditch, un navire océanographique, était sur le point de le récupérer à 50 miles marins au large des Philippines, au moment où la flotte chinoise s’en est emparé, ajoute le South China Morning Post.
Le département américain de la Défense s’est ainsi fendu d’un communiqué rappelant Pékin à l’ordre : « L’incident est contraire au droit international et aux standards de professionnalisme en matière de conduite entre navires en mer, écrit son porte-parole. Les États-Unis ont traité les faits avec les Chinois via les canaux diplomatiques et militaires appropriés, et ont demandé aux autorités chinoises de se plier à leurs obligations en vertu du droit international, ainsi que de s’abstenir de poursuivre leurs efforts afin d’entraver les activités légales américaines. »
Les experts chinois, eux, ne partagent pas cet avis. A l’instar de Wang Yiwei, rattaché à la Renmin University de Pékin : « Je pense que l’armée chinoise a traité le problème de façon appropriée. Elle a montré de la retenue tout en envoyant le signal d’un renforcement de ses capacités. » Et d’ajouter : « Il est très intéressant de souligner que la localisation de l’incident suggère un test de la part des États-Unis, qui veulent prendre la température dans la région, et particulièrement auprès des Philippines. »
La mer de Chine du Sud serait-elle alors la plateforme d’un dialogue de sourds ? Oui, estime le professeur Tom Plate dans le South China Morning Post, et l’affaire du drone agit comme un énième révélateur – à moins que Washington et Pékin ne fassent des efforts. Pour le premier, il s’agit de comprendre le « géant chinois » dans ses propres termes, et de cesser de croire que la VIIe flotte peut quadriller la mer de Chine du Sud comme la IVe flotte la mer des Caraïbes. Pour le second, il faudra s’habituer à un nouveau président américain, Donald Trump, et à son « manque de finesse » de « Dealer in Chief ».
Par Alexandre Gandil

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