Singapour autorise les paris en ligne, les responsables religieux s’inquiètent
L’attitude paradoxale du gouvernement
Singapour reste un des pays les plus joueurs au monde, en deuxième position derrière l’Australie, avec des citoyens perdant en moyenne 1 189 dollars de Singapour (788 dollars américains) par personne chaque année. Depuis le 25 octobre dernier pour Singapore Pools et depuis le 15 novembre pour Singapore Turf Club, il suffit d’avoir au moins 21 ans et de s’inscrire personnellement auprès d’un des bureaux de ces deux opérateurs nationaux pour pouvoir jouer en ligne à la loterie ou parier sur des compétitions sportives telles que la Formule 1, le football ou les courses de chevaux… Le ministre du Développement social et de la Famille, Tan Chuan-Jin, a déclaré que l’objectif était de fournir un « espace plus sûr » aux joueurs en ligne, afin d’éviter de passer par des sites de jeux illégaux, souvent liés à des activités criminelles.
Des institutions religieuses vigilantes
L’archevêque de Singapour insiste surtout sur le fait qu’il faut rester vigilant et il invite le gouvernement à évaluer les conséquences de cette décision : « Reconnaissant que les enjeux sont élevés, l’Eglise catholique en appelle aux autorités pour surveiller de près l’efficacité de ce changement, tout en prenant toutes les mesures nécessaires pour aider ceux qui pourraient être victimes des jeux d’argent en ligne. En outre, nous avons demandé une consultation plus régulière et des mises à jour sur les conséquences de cette loi (…). En tant qu’Eglise, il nous incombe non seulement de nous opposer à tout mouvement qui menace de détruire le bien-être de nos familles, mais surtout de travailler avec les responsables pour trouver des solutions durables aux problèmes auxquels notre société est confrontée. »
Les partis d’opposition se sont exprimés contre cette nouvelle législation, et une pétition sur le Net demandant l’arrêt de la légalisation des paris en ligne a rassemblé plus de 10 000 signatures en moins de quinze jours. Certains critiques soupçonnent les autorités d’avoir mis en place cette légalisation dans une tentative d’augmenter les revenus du gouvernement, puisque Singapore Pools et Singapore Turf Club sont la propriété du gouvernement de Singapour. D’autres se sont amusés à rapprocher de façon ironique cet « encouragement » aux jeux d’argent en ligne avec la récente décision du Comité international olympique de changer l’abréviation pour Singapour lors des manifestations sportives, en utilisant SGP au lieu de SIN. Le Comité national olympique de Singapour ne voyait en effet pas d’un bon œil la connotation négative du mot « sin » qui en anglais veut dire « péché ». Etre associé à l’idée d’immoralité n’est vraisemblablement pas le message que les autorités singapouriennes souhaitent faire passer pour attirer toujours plus de visiteurs dans la cité-Etat…
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