Politique
L'Asie du Sud-Est dans la presse

Philippines : Duterte avoue avoir tué lui-même des narcotrafiquants

President Rodrigo Duterte. INQUIRER FILE PHOTO
Spécialiste des déclarations brutales, Rodrigo Duterte a-t-il prononcé le mot de trop ? Le président philippin a reconnu avoir tué lui-même des trafiquants de drogue présumés lorsqu’il était maire de Davao. Un aveu loin d’être anodin puisqu’il pourrait mener à sa destitution.
« A Davao, je le faisais moi-même ! Je patrouillais sur une grosse moto à la recherche d’altercations. Je voulais vraiment tuer des gens, montrer aux policiers que si je pouvais le faire, alors pourquoi pas eux ? » C’est ainsi que le président philippin Rodrigo Duterte a expliqué avec emphase sa contribution très particulière à la lutte anti-drogue devant un parterre d’hommes d’affaires au Palais présidentiel ce lundi 12 décembre, comme le relate le South China Morning Post. Duterte se serait donc transformé occasionnellement en véritable « vigilantes » armé prêt à tuer pour motiver les forces de l’ordre de la ville de Davao dont il a été le maire pendant 20 ans. Cet étrange remake tropical de Batman, qui semble inspirer le président philippin, pourrait prêter à sourire s’il n’était pas accompagné de milliers de morts depuis le lancement d’une campagne ultra-violente contre les narcotrafiquants locaux en juin dernier.

Comme le note le quotidien Inquirer, les opérations anti-drogue ont fait près de 6000 victimes parmi les trafiquants et consommateurs présumés depuis l’investiture de Duterte le 30 juin dernier. Des victimes abattues par la police mais aussi par des tueurs professionnels non identifiés agissant de manière totalement illégale. Suite à ses déclarations, le président pourrait bien se voir destituer s’il était prouvé qu’il a réellement commis des meurtres de sang froid en dehors de la légitime défense et il devrait alors répondre de ses actes devant la justice.

Une situation qui n’inquiète en rien Rodrigo Duterte, ce dernier ajoutant dans son discours de lundi dernier : « Vous voulez me destituer : c’est bien ! Vous voulez m’assassiner : c’est encore mieux ! J’ai cette migraine tous les jours. J’ai des problèmes à la colonne vertébrale. » Une citation reprise par le South China Morning Post.
Celui qui n’a pas hésité à se comparer à Hitler, appelant à « l’extermination de millions de drogués et trafiquants », ne compte d’ailleurs pas s’accrocher à son poste. Hier mardi 13 décembre, Duterte a en effet déclaré devant la communauté philippine à Phnom Penh, capitale du Cambodge, qu’il n’avait « pas besoin de la présidence », même si il ne regrettait rien, rapporte The Inquirer.

Entre ses migraines à répétition, ses problèmes de santé, la charge de travail que représente son poste et son salaire, selon lui insuffisant pour faire vivre sa famille, le président de 71 ans, semblerait même attendre avec impatience de quitter son poste. Mais il reconnaît trouver une véritable « consolation » à « avoir fait le job correctement » chaque jour. Une sorte de rédemption quasi-christique qui rappelle encore une fois les meilleurs films de super-héros hollywoodiens, mais qui suggère aussi que Rodrigo Duterte n’acceptera pas de partir si facilement, se sentant investi d’une mission à mener à bien pour son pays.

Dans tous les cas, ce ne sont pas les critiques de plus en plus fortes de la communauté internationale sur sa lutte anti-drogue qui risquent d’amener Duterte à tirer le rideau sur sa saga présidentielle, qui démarre dans une violence extrême et bien réelle dans la vie quotidienne de la population.

Par Nicolas Sridi

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