Politique
L'Asie du Nord-Est dans la presse

Vote de destitution en Corée du Sud : les smartphones des députés pris d’assaut

Copie écran Hankyoreh
Même les révolutions passent par les smartphones en Corée du Sud. Demain vendredi 9 décembre à, les députés doivent voter pour ou contre la destitution de la présidente Park Geun-hye à l’assemblée nationale. Excédés de voir la chef de l’Etat s’accrocher au pouvoir malgré le scandale qui secoue la présidence, les Sud-coréens ont décidé de faire pression directement sur les parlementaires en les bombardant d’appels et de messages.
« Tous à Yoido ! » Un air de révolution flotte sur Séoul depuis près de deux mois maintenant. Huit Sud-Coréens sur dix exigent le départ de la présidente Park Geun-hye, dont le nom est associé au plus important scandale politico-financier de ces dernières années. Et ce cri de ralliement – « tous à Yoido ! » – sonne un peu comme la prise de la Bastille chez les français ; Yoido étant l’île sur le fleuve Han au centre de Séoul, qui accueille, outre le district financier, le siège du parlement coréen. Un appel à se rassembler autour de l’assemblée nationale a été lancé pour ce soir jeudi 8 décembre. Le parcours prendra la forme d’un vaste ruban citoyen. Les organisateurs rappellent ainsi aux parlementaires que plus de deux millions de personnes ont manifesté dans les grandes villes du pays le week-end dernier.
Pas question de laisser passer cette occasion de destituer la chef de l’Etat. Les plus militants ont demandé à pouvoir accéder au parlement pendant le vote ; d’autres souhaitent que la procédure d’impeachment soit filmée et retransmise en direct sur des écrans géants à l’extérieur. Pour la sérénité des débats, les représentants des partis politiques ont refusé de laisser le public accéder à l’hémicycle. Les manifestants sont en revanche autorisés à se rassembler à une distance de 100 mètres de l’entrée de l’institution, rapporte le Korea Times. Selon un sondage publié ce jeudi dans le Korea Herald, 78,2 % des personnes interrogées se disent d’accord avec la procédure d’impeachment. Reste maintenant à savoir ce que les députés vont décider. « Le train de la destitution est en marche, rien ne peut plus l’arrêter », assure un responsable du Parti du Peuple, l’une des trois grandes formations de l’opposition.
Copie écran The Korea Herald
Sur le papier pourtant, rien n’est encore gagné. C’est la deuxième fois depuis la procédure lancée contre Roh Moo-hyun en 2004, que l’Assemblée doit voter une telle motion de censure contre un chef de l’Etat. Le chiffre à retenir, c’est 28. La destitution ne peut être validée qu’à la majorité des deux tiers, il faut donc que 28 députés du Saenuri, le parti de la présidente Park Geun-hye se rangent du côté de l’opposition. Les manifestations de masse de ces dernières semaines ont convaincu une partie d’entre eux de l’impopularité de la chef de l’Etat, et donc de la nécessité de son départ. Pour l’instant, seuls 23 députés conservateurs auraient fait savoir de manière claire qu’ils voteraient l’impeachment. De leur côté, les parlementaires des trois grands partis de l’opposition menacent de démissionner si la destitution n’est pas votée.
En attendant, les citoyens inquiets ont décidé d’interpeller directement les parlementaires. Le 30 novembre dernier, Pyo Chang-won, député du parti démocratique a publié sur les réseaux sociaux les numéros de portables de ses confères. Depuis, les smartphones n’arrêtent pas de sonner, raconte le Kukmin Ilbo. Les députés de la majorité sont littéralement harcelés. Le président de l’Assemblée nationale, Lee Jong-hyun, raconte que lorsqu’il efface un message, des dizaines d’autres pleuvent en rafale et qu’il ne peut plus utiliser son smartphone à des fins professionnelles. Le jour comme la nuit, c’est une tornade d’appels, de textos et de relances sur l’application Kakaotalk. Certains députés conservateurs parlent de « terrorisme ». « Pressions citoyennes » rétorquent les partisans d’un changement à la tête du pouvoir en Corée du Sud.
Par Stéphane Lagarde

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Japon : Kyushu Electric va réactiver le réacteur de Sendai après l’approbation du gouvernement local, rapporte le Mainichi Shimbun.

Chine : les réserves de change continuent de s’amenuiser malgré le contrôle du gouvernement, ce qui pourrait limiter le flux d’investissements chinois à l’étranger, le South China Morning Post.

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