Corée du Sud : démissionnera-t-elle ? La stratégie de Park Geun-hye
Quid de la perspective de démissionner en avril ? C’est une solution qui arrangerait bien le Saenuri, avide de garder la face en évitant ce vote humiliant pour le premier impeachment de la Corée démocratique. Cela permettrait alors d’organiser sereinement des élections anticipées au mois de juin. La présidente « acceptera » un appel éventuel de la majorité à quitter ainsi le pouvoir, rapporte Chung Jin-suk. Ce serait même sa solution « préférée », ajoute Lee Jung-hyun. Vraiment ? Park n’ignore pas que cette possibilité est désormais trop risquée politiquement. Le Saenuri voulait en faire sa position officielle, mais il a dû l’abandonner après le dernier rassemblement massif de millions de Sud-Coréens dans les rues du pays, ce samedi 3 décembre. Les manifestants veulent soit la démission immédiate de Park, soit la destitution votée par l’Assemblée nationale, rappelle le Korea Times. Et certainement pas une démission différée par le Saenuri, qu’ils accusent de vouloir aider Park à gagner du temps.
Du côté de la présidence, l’entretien d’aujourd’hui a encore montré qu’elle refusait de se retirer sans tarder. Mais que veut donc la chef de l’Etat ? La destitution a de fortes chances d’être votée ce vendredi à l’Assemblée dans la mesure où un groupe de 40 députés « frondeurs » du Saenuri ont déclaré qu’ils s’ajouteraient au 172 parlementaires de l’opposition. Soit largement assez pour que la motion passe – il faut en effet les deux tiers de l’hémicycle qui compte 300 sièges. Or de nombreux observateurs sont persuadés que la présidente ne se laissera pas faire. « Elle se battra très dur pour faire casser la [motion de destitution] à la Cour Constitutionnelle, confie au Straits Times Rhee Jong-hoon, un commentateur politique au cabinet de conseil iGM. Et si la motion est cassée ? Elle restera au pouvoir jusqu’à la fin de son mandat [fin février 2018, NDLR]. Rien n’a plus d’importance une fois que la Cour Constitutionnel a retoqué le vote de destitution. » La Cour peut prendre jusqu’à 6 mois pour rendre son verdict. Il n’a fallu que 63 jours à l’ancien président Roh Moo-hyun pour faire casser une motion de destitution contre lui en 2004, rappelle l’agence Yonhap. Le même objectif pour Park Geun-hye ?
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