Politique

Corée du Sud : la destitution de Park Geun-hye votée le 9 décembre

Copie Ecran The Straits Times Manifestants brandissant un mannequin à l’effigie de la présidente Park Geun-hye lors d’un rassemblement demandant sa démission le 30 novembre dernier à Séoul.
Les partis d’opposition en Corée du Sud présenteront le 9 décembre prochain une motion pour tenter de destituer la présidente Park Geun-hye, soupçonnée d’être impliquée dans un vaste scandale de trafic d’influence et de corruption. Si la motion était adoptée, ce serait la première fois qu’un Chef de l’Etat démocratiquement élu n’irait pas jusqu’au bout de son mandat.
J–7. Le compte à rebours est désormais enclenché et dans une semaine nous saurons si les parlementaires sud-coréens entendent oui ou non mettre un terme à la présidence Park Geun-hye, souligne le Straits Times. Cette décision fait suite aux révélations autour d’une mystérieuse confidente de l’ombre soupçonnée d’avoir manipulé la Chef de l’Etat à des fins d’enrichissement personnel. Depuis que l’affaire a éclaté fin octobre, des manifestations monstres sont organisées chaque week-end dans les grandes villes du pays. Le scandale dépasse les traditionnels clivages politiques et touche à de nombreux secteurs de la société.

Selon le Hankyoreh, cette motion du 9 décembre est donc la « dernière chance » pour l’actuelle Assemblée nationale de voter la destitution de Park. Ce qui est loin d’être gagné. Le journal progressiste a sorti la calculette. Les trois partis d’oppositions comptent 165 sièges sur 300 députés, ils ont donc impérativement besoin de leurs collègues du Saenuri, le parti de la présidente, pour mettre en place la procédure d’impeachment, sachant que la destitution doit être votée à la majorité des deux tiers. Jusqu’à présent, poursuit le Hankyoreh, « les désirs de l’opinion ont été ignorés par leur représentants ». Une motion de mise en accusation de la présidente aurait pu en effet être présentée à la session ordinaire du 1er décembre. Cela n’a pas été le cas et cette omission a rendu impossible un vote par l’Assemblée le 2 décembre.

Larmes de crocodiles et manœuvres politiques

Ce vote du 9 décembre est crucial, face à une chef de l’Etat qui tente, selon l’opposition, de gagner du temps. Park Geun-hye s’est rendue jeudi sur l’un des marchés de Daegu, l’un des fiefs des conservateurs au centre du pays. Le marché traditionnel de Seomun, dont la création remonte à la dynastie Choson, a été victime d’un incendie ce mercredi 30 novembre. Et cette visite ne fait pas la joie de tous les commerçants, rapporte le Korea Times qui qualifie les larmes de la présidente de « larmes de crocodile ». La Chef de l’Etat est passée en coup de vent sur la zone incendiée, le secrétaire de la présidence aurait même fourni un agenda erroné aux journalistes de manière a éloigner les caméras. « Si ce n’est pour réconforter les victimes, alors qu’est-elle venue faire ici ? » s’interroge ainsi un vendeur de vêtements dont la boutique a été avalée par les flammes.

Pour de nombreux commentateurs, il s’agit donc d’une « opération de com ». La présidente joue sa survie et entend « prolonger son mandat », note le Hankyoreh. Mardi dernier, Park Geun-hye a affirmé remettre au parlement le soin de décider si elle devait rester en place ou démissionner. Une partie de la majorité conservatrice souhaitant que la présidente quitte ses fonctions fin avril, avant l’organisation d’élections anticipées en juin. En attendant, le scandale continue de paralyser le gouvernement, note le Korea Herald. Les décisions et les réformes importantes pour le pays exigent que le destin de la dirigeante au parfum de scandale s’éclaircisse.

Les autres faits du jour en Asie du Nord est

Corée du Sud : Séoul s’inquiète de la mise en place d’une enquête en Chine visant le groupe Lotte, suite à l’installation du système anti-missile américain THAAD en Corée du Sud, rapporte l’agence Yonhap.

Chine : Les Sino-Américains aux Etats-Unis mécontents de la non interdiction d’un morceau de rap encourageant à s’en prendre à la communauté chinoise, rapporte le Quotidien du Peuple.

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A propos de l'auteur
Stéphane Lagarde est l'envoyé spécial permanent de Radio France Internationale à Pékin. Co-fondateur d'Asialyst, ancien correspondant en Corée du Sud, il est tombé dans la potion nord-est asiatique il y a une vingtaine d’années.