Politique
L'Asie du Sud-Est dans la presse

Birmanie : les travailleurs interdits d'aller en Malaisie en plein brouille sur les Rohingya

Le Premier ministre malaisien Najib Razak lors d'un meeting de solidarité avec les Rohingya à Kuala Lumpur le 4 décembre 2016 (Photo : AFP). Copie d'écran du Myanmar Times, le 7 décembre 2016.
Le Premier ministre malaisien Najib Razak lors d'un meeting de solidarité avec les Rohingya à Kuala Lumpur le 4 décembre 2016 (Photo : AFP). Copie d'écran du Myanmar Times, le 7 décembre 2016.
« Génocide », « nettoyage ethnique », les mots forts employés par le pouvoir en Malaisie au sujet des Rohingyas ont provoqué la colère de Rangoun. Permière mesure de rétorsion, le gouvernement birman a décidé d’interdire aux ouvriers migrants birmans d’aller, comme chaque jour, travailler en Malaisie. Malgré les appels au calme de l’ONU, la situation ne s’améliore cependant pas dans l’Etat Rakhine pour la minorité musulmane.
« Le monde ne peut pas rester les bras croisé en regardant le génocide en cours ! » C’est l’appel lancé par le Premier ministre malais Najib Razak lors d’un rassemblement ce dimanche 4 décembre à Kuala Lumpur en réaction aux violences en cours en Birmanie contre la minorité musulmane Rohingya. Comme le souligne le site Channel New Asia, les autorités birmanes ont réagit très fortement à l’emploi du mot « génocide » en fermant ce mercredi 7 décembre les frontières du pays aux milliers de travailleurs migrants qui chaque jour se rendent en Malaisie.

Pour le Myanmar Times, cette fermeture des frontières aux travailleurs migrants impactera négativement l’économie en Malaisie qui a besoin de cette main-d’œuvre birmane bon marché pour soutenir l’activité de ses industries. Selon le quotidien birman, la prise de position radicale de Najib Razak, ses appels à une réaction plus forte de l’Indonésie sur la question Rohingya ou encore l’utilisation du terme « nettoyage ethnique » dans les communiqués du ministère malaisien des Affaires étrangères visent surtout à faire oublier le scandale de corruption dans lequel se débat actuellement le Premier Ministre.

De son coté, le chef de la Commission consultative sur l’Etat Rakhine, Kofi Annan, estime que la situation actuelle peut encore être « contenue » si un réel effort est entrepris pour apaiser les tensions communautaires. L’ancien secrétaire général de l’ONU rappelle que l’usage du terme « génocide » ne peut être fait « à la légère » et doit « se fonder sur des aspects légaux précis », rapporte toujours le Myanmar Times. L’ONU, précise cependant Kofi Anna, est « très inquiète » au sujet des accusations de violations des droits de l’homme qui ne cessent d’être rapportées par les réfugiés Rohingyas qui fuient les zones de combats. Annan espére que « la presse puisse faire rapidement son travail » dans l’Etat Rakhine actuellement toujours fermé aux médias.

En parallèle de la crise politique et humanitaire, l’actuel conflit au nord de la Birmanie entraîne l’arrêt des échanges commerciaux à la frontière avec le Bangladesh et des conséquences économiques importantes localement. Mais pour le ministre birman du Commerce U Thant Myint, interrogé par le Myanmar Times, cela n’aura que peu d’incidence sur les volumes d’échanges globaux du pays. Reste que les nombreux conflits internes en Birmanie et l’instabilité commerciale qui les accompagnent ont bien des effets négatifs sur l’économie, en particulier à la frontière avec la Chine dans l’Etat Shan, à Muse où passent chaque jour des millions de dollars en biens échangés. Et pour ne rien arranger, la démonétisation des petites coupures de roupie indienne gèle les transactions à la frontière indo-birmane jusqu’à l’année prochaine et la réimpression de nouveaux billets par New Delhi.

Stoïque, le ministre du Commerce en conclut qu’il est important pour le pays de développer les échanges sur des marchés non frontaliers. Il n’empêche, les multiples tensions secouant la Birmanie sont un véritable fardeau pour le développement économique du pays, développement qui est plus que jamais nécessaire pour apaiser justement les conflits en cours…

Par Nicolas Sridi

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