Politique
L'Asie du Sud-Est dans la presse

Indonésie : quand la police annonce le renversement de Jokowi

Tito Karnavian, chef de la police indonésienne, craint qu'un complot ne puisse mener au renversement de Jokowi après l'interdiction de deux manifestations contre Ahok, le gouverneur de Jakarta (Crédit : Antara/M.Agung Rajasa). Copie d'écran du Jakarta Post, le 24 novembre 2016.
Tito Karnavian, chef de la police indonésienne, craint qu'un complot ne puisse mener au renversement de Jokowi après l'interdiction de deux manifestations contre Ahok, le gouverneur de Jakarta (Crédit : Antara/M.Agung Rajasa). Copie d'écran du Jakarta Post, le 24 novembre 2016.
La police indonésienne sème le trouble : les manifestants des rassemblements initialement prévus les 25 novembre et 2 décembre prochains, annulés par les forces de l’ordre, prévoiraient-ils de renverser le président Jokowi ? La question fait débat parmi les parlementaires, tandis que le principal intéressé appelle au calme.
Sème-t-il la confusion ou permet-il d’anticiper de possibles débordements ? Depuis que le chef de la police indonésienne, le général Tito Karnavian, a déclaré que les participants des manifestations annulées contre Ahok, le gouverneur de Jakarta accusé de blasphème à l’encontre du Coran, pourraient nourrir le projet de renverser Jokowi, les parlementaires de l’archipel sont en émoi, rapporte le Jakarta Post. « Même s’il s’avérait qu’un complot visait à destituer le président, la police doit travailler à le déjouer sans le révéler au public », commente ainsi le député Didik Mukrianto (Parti Démocratique).
S’agirait-il d’une vengeance suite à l’interdiction des rassemblements ? La police avait commencé par annoncer un encadrement strict de la plus importante des manifestations – celle du 2 décembre – avant de l’annuler purement et simplement. Un autre article du quotidien indonésien avait ainsi rapporté la volonté de Tito d’empêcher les manifestants de bloquer deux des principales artères de la capitale. Le Mouvement national pour la Sauvegarde des Edits du Conseil des Oulémas (GNPF-MUI), initiateur rassemblement « pacifique », souhaitait obtenir l’arrestation d’Ahok. Mais la police étant déjà sur le dossier et faisant « le nécessaire » pour que le gouverneur de Jakarta « subisse un procès », pas besoin de « bouleverser les activités quotidiennes des habitants et de causer des embouteillages », avait déclaré Tito.
Le discours du chef de la police est d’ailleurs appuyé par celui du ministre des Affaires religieuses, Lukman Hakim Saefuddin. D’après lui, l’enquête en cours sur le gouverneur de Jakarta prouve que « la justice existe et fait son travail », ce qui ne nécessite pas d’organiser de nouvelles manifestations, rapporte le Jakarta Post dans un dernier article. Il a déclaré craindre des échauffourées, malgré la liberté constitutionnelle de manifester. Ce jeudi 24 novembre, des hélicoptères ont même lâché des prospectus au-dessus de la capitale, afin de prévenir tout « débordement violent » en cas de nouveaux rassemblements, note Channel News Asia.
De son côté, Jokowi garde son calme face aux soupçons de complots pouvant conduire à sa destitution, note le Straits Times. Devant des banquiers rassemblés lors d’un dîner à Jakarta, le président a déclaré que la situation était tout à fait « normale » en raison de la période électorale, favorable au « buzz politique ». Conclusion : « Keep calm and carry on » – dans le texte.
Par Alexandre Gandil

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