Société
L'Asie du Sud-Est dans la presse

Philippines : le dictateur Marcos enterré en héros dans la surprise et le secret

La dépouille de l'ancien dictateur Marcos a été enterrée ce matin dans le "cimetière des héros" à Manille, placé pour l'occasion sous haute protection militaire.
La dépouille de l'ancien dictateur Marcos a été enterrée ce matin dans le "cimetière des héros" à Manille, placé pour l'occasion sous haute protection militaire. Copie d'écran du "Philippine Star", le 18 novembre 2016.
L’histoire semble parfois bégayer aux Philippines. Ainsi, aujourd’hui c’est l’ancien dictateur Marcos (1917-1989) qui est sous le feu des projecteurs. En cause, le retour de sa dépouille et son « enterrement » officiel aux Philippines – il est décédé en exil à Hawaii – ce vendredi 18 novembre à midi dans le « cimetière des Héros » Libingan ng mga Bayani à Manille nous rapporte le Philippine Star.
Le secret avait pourtant été gardé jusqu’à ce matin poursuit le quotidien philippin dans un second article, avant que la rumeur ne se propage comme une trainée de poudre sur les réseaux sociaux. En conséquence, l’armée et la police ont déployé une force impressionnante (quelque 2 000 militaires et assimilés) pour garder l’entrée du cimetière.

C’est une victoire politique pour le nouveau président Rodrigo Duterte qui avait fait du retour de la dépouille de l’ancien dictateur et de son enterrement dans un cimetière militaire philippin l’une de ses promesses de campagne. Pour ce dernier – actuellement en déplacement officiel au Pérou pour le sommet de l’APEC – l’opposition à Marcos « se résume à un combat entre deux familles : les Marcos et les Aquino » [du nom de l’ancienne présidente et successeur de Marcos Cory Aquino et de son fils Benigno Aquino III, prédécesseur de Duterte, NDLR].

Pour autant rappelle le quotidien philippin, le gouvernement de Manille est bien en train d’instruire les milliers de plaintes des « victimes supposées » de violation des droits de l’homme sous l’administration Marcos. Et ces dernières, si elles sont reconnues éligibles, pourraient être indemnisées en se servant des « richesses mal acquises » de la famille Marcos récemment transmises aux Philippines par une banque suisse.

Bien que le gouvernement n’ait pas souhaité communiquer sur le rapatriement de la dépouille de l’ancien président (1965-1986), Rodrigo Duterte espère néanmoins dans une déclaration transmise aux principaux journaux du pays depuis Lima que « les victimes de la loi martiale pourront « pardonner et libérer » leurs persécuteurs ». Or, cette déclaration n’est pas du tout du goût de l’ONG Amnesty International qui dénonce une « trahison de la confiance du peuple » dans un communiqué et demande que « justice soit rendue à toutes les victimes ».

Par Antoine Richard

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