Economie
L'Asie du Sud-Est dans la presse

Déçu par l'élection de Trump, le Vietnam s'éloigne du Partenariat transpacifique

Le Premier ministre vietnamien Nguyen Xuan Phuc lors du 8ème Sommet Cambodge-Laos-Myanmar-Vietnam (CLMV-8) à Hanoï, le 26 octobre 2016.
Le Premier ministre vietnamien Nguyen Xuan Phuc lors du 8ème Sommet Cambodge-Laos-Myanmar-Vietnam (CLMV-8) à Hanoï, le 26 octobre 2016. (Crédits : AFP PHOTO / POOL / LUONG THAI LINH)
C’était l’une des figures de proue du TPP – le traité de libre-échange transpacifique – et voici qu’il s’en désengage. Le Vietnam vient d’annoncer qu’il ne soumettrait pas le texte à son Assemblée nationale pour ratification. En cause : l’élection de Donald Trump à la tête des Etats-Unis et les incertitudes que font peser ses velléités protectionnistes.
Tout était prêt, rappelle Tuoi Tre News. Mais voilà que le Premier ministre vietnamien, Nguyen Xuan Phuc, est venu couper court aux certitudes ce jeudi 17 novembre : « Les Etats-Unis ont annoncé qu’ils suspendaient la soumission du TPP au Congrès. Les conditions suffisantes ne sont donc pas réunies pour que le Vietnam soumette sa propre demande de ratification. »
Pour le quotidien, cela ne fait pas de doute : l’élection de Donald Trump a porté un coup au rapprochement entre Washington et Hanoï. Le TPP représente en effet l’une des principales incarnations du « pivot vers l’Asie » initié par Barack Obama depuis 2011. Le refus vietnamien de le soumettre à ratification n’est pas étranger à l’assurance d’une majorité républicaine au Congrès et aux propos du président-élu, qui a qualifié cet accord de « désastre ».
Même si ce vaste traité de libre-échange aurait représenté une « aubaine » pour l’économie vietnamienne, Nguyen Xuan Phuc s’est voulu rassurant : « Nous avons déjà signé 12 accords de libre-échange : rejoindre le TPP aurait été bon pour nous, mais nous continuerons l’intégration économique inhérente aux programmes que nous avons rejoints sans l’aide du TPP. » Le chef du gouvernement a par ailleurs déclaré que les relations avec Washington resteraient « fortes », mais qu’Hanoï ne dérogerait pas à sa politique étrangère « de longue date » : « considérer tous les pays comme des alliés ».
Tous les Etats asiatiques n’ont pas réagi de la même façon à propos du TPP, suite à l’élection de Donald Trump (lire notre chronique économique). Alors que la Malaisie s’est exprimée en faveur d’un « pacte commercial multilatéral mené par la Chine », le Japon s’en tient à convaincre la nouvelle administration américaine de ratifier l’accord. Nul doute que le retrait vietnamien ne fera pas les affaires de Tokyo.
Car bien que la ratification américaine soit nécessaire pour que l’accord entre en vigueur, le TPP pourrait exister sans les Etats-Unis – et pourquoi pas sous une autre forme, propose le Mainichi. Mais ce point de vue est – encore une fois – défendu par le Japon, qui souhaite tenir Pékin et son projet de Regional Comprehensive Economic Partnership (RCEP) à l’écart. En réalité, la « cohésion » que souhaite entretenir Tokyo entre les Etats parties au TPP semble plutôt en train de s’effriter au profit de la Chine.
Par Alexandre Gandil

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