"En Corée du Sud, le 'Choi gate' fait ressurgir un passé douloureux"
La présidente Park Geun-hye peut-elle rester en poste jusqu’à la fin de son mandat ?
Contexte
Choi Soon-sil nie les faits qui lui sont reprochés, et cela ne risque pas d’améliorer l’image de son « amie » la présidente sud-coréenne Park Geun-hye. La « super confidente » est en effet soupçonnée d’avoir profité de ses liens avec la Chef de l’Etat pour extorquer de l’argent aux Chaebols, les grands conglomérats en Corée du Sud. Le parquet central à Séoul craint que cette dernière ne détruise les preuves, la voilà donc en garde à vue pour 48h. Une manière aussi de calmer l’opinion. Dans un pays confucianiste ou d’ordinaire la coutume veut que l’on courbe l’échine dans la tempête, la colère fait la Une des journaux. « Choi revient, Park dégage » disaient les banderoles des manifestants ce week-end ! La rage est à la mesure du scandale. Furieux, malheureux, honteux pour l’image de son pays, un homme a grimpé son tractopelle sur les marches conduisant au bureau du procureur à Séoul. La photo a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux, elle résume le désarroi de l’opinion. L’opposition évoque un « déni de démocratie », mais l’hallali sonne aussi du côté des conservateurs. Certaines voix au sein même du Saenuri, le parti de la présidente, n’hésitent plus à évoquer un retrait de la Chef de l’Etat.
Le divorce entre l’opinion publique et Park Geun-hye remonte au naufrage du Sewol, un ferry qui a emporté les vies de 300 lycéens dans les eaux froides de la mer de Jindo au printemps 2014. Avec le « Choi gate » et cette histoire de père gourou tirant les ficelles de la présidente depuis sa tendre jeunesse, la côte de Park Geun-hye s’est effondrée en-dessous du seuil des 10 %. Une telle impopularité ne s’était encore jamais vue en Corée ! Ce nouveau scandale d’Etat vient s’ajouter aux « crises systémiques » que traverse le pays estime pour sa part John Delury sur son compte Twitter. Ce professeur à l’université de Yonsei à Séoul pense sûrement lui aussi au Sewol, aux smartphones Samsung qui explosent, à l’impasse des relations entre les deux Corées… Un avis que partage Juliette Morillot, qui vient de publier un livre pour comprendre la Corée du Nord aux éditions Tallandier, mais qui connaît aussi très bien le sud de la péninsule coréenne. « La Corée du Sud, ses grattes ciel, ses montagnes et ses chamanes » comme elle l’écrivait dans un ouvrage paru en 1998 chez Autrement.

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