Revue de presse Asie - 2 novembre 2016

Confidente sud-coréenne sous mandat d'arrêt, ASEAN au Rhakine et opposition pakistanaise

L'étau se resserre autour de Choi Soon-sil tandis que Park Geun-hye s'accroche au pouvoir. Copie d'écran du Korea Times, le 2 novembre 2016.
L'étau se resserre autour de Choi Soon-sil tandis que Park Geun-hye s'accroche au pouvoir. Copie d'écran du Korea Times, le 2 novembre 2016.

Asie du Nord-Est

The Korea Times – Tenue en « garde à vue d’urgence », Choi Soon-sil, la confidente de la présidente sud-coréenne Park Geun-hye, pourrait bien faire l’objet d’un mandat d’arrêt permettant de prolonger sa détention. C’est en tout cas la demande faite ce mercredi 2 novembre par le ministère public, informe le Korea Times. Motif : Choi aurait tiré parti de son amitié de longue date avec Park pour influencer les affaires gouvernementales et accumuler de l’argent sale. De son côté, malgré le scandale, la présidente se montre déterminée à se maintenir au pouvoir, note le quotidien dans un second article. Malgré un leadership « en état de mort », avec un taux d’approbation inférieur à 10 %, la chef de l’Etat vient d’opérer un petit remaniement gouvernemental.

En nommant Kim Byong-joon Premier ministre, ex-conseiller présidentiel auprès du libéral Roh Moo-hyun, Park fait appel à l’un de ses ennemis. Une stratégie qui doit lui permettre de se maintenir au pouvoir : car en faisant appel à une figure de l’opposition, la présidente en fait le « numéro 1 de fait » de l’administration – et devrait par conséquent calmer l’opinion publique. Seules les questions diplomatiques et de sécurité resteraient entre ses mains. Reste à savoir si cette décision sera approuvée par l’Assemblée nationale, puis si Park laissera effectivement la plupart des affaires de l’Etat entre les mains de son Premier ministre. Parallèlement à cette nomination surprise, le Korea Times note que les ministres des Finances et de la Sécurité ont également été remplacés.

South China Morning Post – Quatrième session, quatrième suspension. Chaque semaine, le South China Morning Post anime un live sur la situation au Conseil législatif hongkongais (Legco), paralysé depuis que deux localistes du parti Youngspiration – Sixtus Baggio Leung Chung-hang et Yau Wai-ching – ont vu leur serment annulé car ayant refusé de prêter allégeance à la Pékin.

Sous le coup d’un contrôle judiciaire, les deux députés sont interdits d’entrer au Legco tant que le Tribunal de Première Instance n’aura pas rendu son jugement. Ce qui n’est pas tout à fait à leur goût. Ce mercredi 2 novembre, tous deux ont pénétré « de force » au Parlement et tenté de prêter serment sous les hués des députés pro-Pékin. Bilan : quatre gardes du corps blessés dont trois transférés à l’hôpital et intervention des forces de police à la demande du Président du Legco, Andrew Leung. Des « scènes d’émeute », commente le Straits Times. De son côté, la localiste Lau Siu-lai a pu être formellement intronisée avant que la session ne soit suspendue. Son premier serment avait été invalidé car « prononcé trop lentement », rappelle le South China Morning Post.

Channel News Asia – Pyongyang persiste et signe. A peine deux semaines après sa dernière tentative de tir de missile le 20 octobre, qui s’est soldée par un échec, la Corée du Nord serait sur le point d’effectuer un nouveau lancement, ont annoncé deux officiels américains sous condition d’anonymat. L’opération pourrait être réalisée sous trois jours – à l’approche des élections américianes du 8 novembre, prédit Channel News Asia. D’après Pyongyang en effet, le changement d’administration à Washington représenterait une occasion de choix pour effectuer des démonstrations de puissance, estime le think tank américain CSIS.

Asie du Sud-Est

The Straits Times – Près d’un mois après les premiers affrontements du 9 octobre, l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN) s’empare de la question des droits de l’homme dans l’Etat Rakhine. Depuis que des postes de police frontaliers avec le Bangladesh ont été attaqués par des hommes armés, le territoire est coupé du reste du pays et les forces gouvernementales sont suspectées d’avoir commis des abus (exécutions sommaires, viols, incendies volontaires) notamment à l’égard des Rohingyas, musulmans apatrides concentrés dans cet Etat. La situation est préoccupante : d’après l’ONU, entre 10 000 et 15 000 personnes auraient été déplacées.

Face au déni des autorités de Naypyidaw, le groupement des parlementaires de l’ASEAN pour les droits de l’homme (APHR) a donc appelé le gouvernement birman à conduire une « enquête complète et impartiale sur les rapports d’abus par les forces de sécurité » à l’encontre des civils, ainsi qu’à rouvrir le territoire aux travailleurs humanitaires et aux journalistes. Signe de bonne volonté des autorités birmanes, plusieurs diplomates internationaux se rendent dans le nord de l’Etat Rakhine ce mercredi 2 novembre, verrouillé par l’armée depuis le début des affrontements.

The Malay Mail Online – Une rhétorique proprement chinoise. Dans son éditorial publié dans le quotidien d’Etat China Daily, le Premier ministre malaisien Najib Razak, en visite en Chine pour « renforcer les relations commerciales et la coopération » entre les deux pays (voir notre revue de presse du 31 octobre), n’a pas lésiné sur les éléments de langage rappelant les discours de Pékin en matière de politique internationale. « La Malaisie et la Chine sont unies dans leur soutien à la défense de la souveraineté de l’Etat-nation et dans la conviction que l’histoire individuelle, les valeurs et les systèmes de gouvernance de chaque pays doivent être respectés », écrit-il ainsi avant d’employer un ton plus ferme : « Nous pensons qu’il incombe aux grands pays de traiter les petits pays avec justesse. Et cela inclut les anciennes puissances coloniales. Ils n’ont pas à donner de leçon aux pays qu’ils ont exploité autrefois sur la façon dont leurs affaires intérieures doivent être conduites aujourd’hui. » Des propos qui semblent bien entériner un rapprochement sino-malaisien d’importance, ancré dans le « siècle asiatique » tel que Najib Razak le qualifie dans son papier. Les deux Etats viennent de signer 14 accords d’un montant total de 31 milliards d’euros – le montant le plus important jamais signé par le Premier ministre malaisien lors de ses déplacements à l’étranger, rappelle le Malay Mail Online.
Jakarta Globe – L’Australie va-t-elle mettre un pied en mer de Chine du Sud ? Peut-être, si l’on en croit les déclarations de sa ministre des Affaires étrangères Julie Bishop. Elle a annoncé hier mardi 1er novembre que Canberra étudiait attentivement la proposition indonesienne de conduire des patrouilles conjointes dans cette région en proie aux conflits de souveraineté. Il faut dire que l’Australie s’est toujours prononcée en faveur de la liberté de circulation des navires, que remettent en cause les travaux d’aménagement opérés par Pékin dans les îles de mer de Chine méridionale, rappelle le Jakarta Globe. Il ne s’agirait néanmoins pas d’une première puisque l’Indonésie et l’Australie ont déjà organisé des patrouilles conjointes dans la mer du Timor.

Asie du Sud

Dawn – C’est un retournement de situation qui a du mal à passer. Après plusieurs semaines de tensions autour de l’organisation du très attendu « blocus » d’Islamabad ce mercredi 2 novembre par le parti d’opposition au gouvernement pakistanais, le PTI (Pakistan Tehreek-i-Insaf), voilà que son leader Imran Khan renonce à cette opération – pour laquelle il s’était pourtant battu becs et ongles. A la place, il appelle ses militants à célébrer Thanksgiving dans la capitale. Comment expliquer ce brusque renversement ?

Officiellement, Imran Khan estime que le blocus n’est plus nécessaire puisque la Cour suprême pakistanaise a annoncé la création d’une commission judiciaire chargée d’examiner les accusations faites à l’encontre du Premier ministre Nawaz Sharif dans le cadre des Panama Papers. L’un des principaux objectifs du blocus, donc. Mais le quotidien Dawn croit savoir que la pression des autorités aura en fait eu raison du leader du PTI. Islamabad avait interdit les rassemblements hors des lieux prévus à cet effet, ce qui a dissuadé bon nombre d’activistes – et n’aurait donc pas permis au blocus d’avoir l’effet escompté.

Ce repli d’Imran Khan, alors que des centaines de militants du PTI ont été arrêtés ces derniers jours, est vécu comme une « reddition » par ses soutiens, rapporte Dawn dans un second article. Les leaders des autres partis d’opposition, notamment, n’ont pas manqué de critiquer sa décision unilatérale. Le chef de l’opposition à l’Assemblée nationale a même qualifié Imran Khan de « plus grand soutien à Nawaz Sharif ». Islamabad aura donc finalement remporté la manche.

Indian Express – Comment 8 islamistes ont-ils pu s’évader de la prison la mieux sécurisée du Madhya Pradesh ? C’est l’une des questions posées par la cavale conclue par la mort de 8 prisonniers militants du SIMI (le Mouvement des étudiants islamiques d’Inde). Bhupendra Singh, le ministre indien de l’Intérieur, a fait une déclaration cinglante au quotidien Indian Express : « Il s’agit d’une grave erreur de sécurité et cela s’apparente à de la sédition. Ils bénéficiaient d’un traitement VIP dans leurs cellules et de plus d’avantages que les autres détenus, peut-être parce qu’ils recevaient beaucoup d’argent en liquide. Tout cela n’aurait pas été possible sans que quelqu’un ne les subventionne de l’extérieur. » Autre élément qui aurait favorisé l’évasion : les caméras de surveillance auraient été neutralisées. Le ministre des Prisons, Kusum Mehdele, pour se défendre n’a pas exclu un coup monté à l’intérieur du pénitencier. La commission des droits de l’homme de l’Etat du Madhya Pradesh a ouvert une enquête sur les conditions de l’évasion, rapporte Firstpost.

Cependant, la gestion policière de la cavale qui s’en est suivie est aussi pointée du doigt. Les 8 évadés étaient-ils armés au moment où les agents de la police de Bhopal les ont interceptés puis tués au village d’Eintkhedi ? Non, selon des témoins villageois interrogés par The Hindu. Ram Kumar Soni, gardien de sécurité sur un site de construction, affirme ainsi que les évadés n’ont fait que jeter des pierres sur les policiers mais qu’il n’a pas vu ni entendu des coups de feu de leur part. Le ministre-en-chef du Madhya Pradesh a demandé l’ouverture d’une enquête des services de renseignement fédéraux, la National Intelligence Agency, sur la fin de la cavale. Ce que le ministre de l’Intérieur lui a refusé.

Times of India – Les 27 écoles incendiées depuis l’éclatement des tensions au Cachemire indien auront eu raison du réseau scolaire le long de la Ligne de Contrôle. Ce mercredi 2 novembre, les autorités des districts de Jammu et de Samba ont annoncé la fermeture respective de 174 et 45 écoles, « jusqu’à nouvel ordre ». Le Times of India rappelle que les cours de certaines d’entre elles avaient été transformées en camp d’accueil pour les déplacés internes ayant fui leur village sous les tirs pakistanais, de plus en plus nourris. Les écoles de la vallée du Cachemire, quant à elle, sont fermées depuis plus de 100 jours. De son côté, la BBC note que le gouvernement indien est incapable de savoir qui se cache véritablement derrière ces incendies criminels.
Par Alexandre Gandil et Joris Zylberman, avec Anda Djoehana Wiradikarta à Paris

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