Le Xinjiang de Ma Kang
Ma Kang observe ainsi comment l’histoire et les traditions s’effacent dans la poussière des bulldozers ; et comment la modernisation affecte les différentes minorités – notamment celles de la province du Xinjiang, territoire lointain situé dans les extrémités occidentales du pays.
Le territoire a été rattaché à la Chine sous la dynastie Qing entre le XVIIIème et le XIXème siècle et la multitude de peuples qui y vivent : Ouighours, Kazakhs, Tadjiks, Ouzbeks, Tatars etc… sont culturellement plus proches de la Perse ou de l’Asie Centrale que de la Chine des Han. Une grande opacité règne aujourd’hui concernant la réalité de l’autonomie dont les ouighours, musulmans et turcophones, sont censés bénéficier dans cette province « autogérée » mais il est aisé d’imaginer que l’uniformisation que pratique la Chine communiste aussi bien en matière d’urbanisme que de culture sur l’intégralité du pays ne laisse guère de place aux revendications identitaires.
« La vague de sécularisation impulsée par l’idéologie communiste pendant la révolution culturelle suivie des campagnes de réformes et de destruction massive des vieux quartiers depuis la fin des années 80 ont effacé des pans entiers de la vie des gens », commente Ma Kang.
Pris dans un étau depuis les attentats du 11 septembre 2001, où la Chine s’est engagée dans une politique anti-terroriste visant les populations du Xinjiang, les ouighours sont en effet victimes d’une discrimination réelle, condamnés à être les marginaux du « Chinese Dream » (le « rêve chinois »).
« Uncertain Times » est donc à la fois un documentaire sur le Xinjiang et un questionnement personnel pour Ma Kang, sa manière à lui de répondre aux questions liées à l’identité.
En tant que Hui et musulman, Ma Kang a bénéficié d’un double statut dans son travail documentaire ; à la fois « insider » et « outsider » de par son appartenance, il a pu évoluer librement au sein des différentes communautés et capturer des moments authentiques de la vie des gens.
Aujourd’hui, nous montrons pour les lecteurs d’Asialyst une sélection issue de ses nombreux portraits, de paysages, et de scènes de vie quotidienne, qui illustrent à la fois le « clash » de la modernisation avec les traditions locales, mais aussi la permanence de ces cultures méconnues.
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